Droits de douane: Trump double la mise sur l’acier et l’aluminium à 50%

Kinshasa, 04 juin 2025 (ACP).- Le président américain Donald Trump a doublé mercredi la mise sur les importations d’acier et d’aluminium en portant les droits de douane sectoriels à 50 %, alors que les négociations avec plusieurs partenaires commerciaux des États-Unis doivent se tenir à Paris, ont rapporté les medias internationaux.

«Les nouveaux droits de douane américains imposés sur la plupart des importations d’acier et d’aluminium sont entrés en vigueur mercredi. Nous doublons la mise sur les importations des deux matières premières  à 50 %», a déclaré Donald Trump.

« Cette hausse se justifie par la volonté de m’assurer que les importations ne mettront pas en péril la sécurité nationale de mon pays», a-t-il ajouté.  

Selon le texte du décret signé par Donald Trump, les droits de douane imposés jusqu’ici ont apporté un soutien essentiel aux prix sur le marché américain et ils n’ont pas permis à ces industries de développer et de maintenir un taux d’utilisation des capacités de production qui soit suffisant pour leur pérennité et au regard des besoins de la défense nationale.

Notons que la tension s’accentue sur les sidérurgistes du monde entier. Les taxes à l’importation sur l’acier et l’aluminium étaient déjà montées à 25% en mars, elles grimpent à 50% comme il l’avait annoncé vendredi. Les industriels européens espèrent encore un nouveau revirement du président américain.

L’acier et l’aluminium ont été le premier secteur concerné par les droits de douane voulus par Donald Trump, avec l’entrée en vigueur d’une surtaxe de 25% le 12 mars, dans la volonté affichée d’inciter aux investissements dans le pays.

Ces droits de douane sectoriels, appliqués également à l’automobile avant de s’étendre prochainement aux produits pharmaceutiques et aux semi-conducteurs, sont les seuls à ne pas avoir été bloqués par une récente décision de justice, qui a visé les droits de douane appliqués sans distinction.

Selon les mêmes sources, il y a eu des discussions crispées, alors que Donald Trump a menacé l’UE de 50 % de surtaxe, accusant le bloc de ne pas négocier de bonne foi. Et qui interviennent dans un contexte de fortes tensions, alors que la fin de la pause de 90 jours, annoncée dans la foulée des droits de douane dits « réciproques« , est prévue pour le 9 juillet.

La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a confirmé mardi que « l’USTR a envoyé (une) lettre à tous nos partenaires commerciaux pour leur rappeler amicalement que la date limite approche ».

Mais l’Europe s’est d’ores et déjà dite prête à répliquer en cas de hausse des droits de douane la ciblant spécifiquement.

«Nous devons parvenir à des solutions négociées »

La ministre allemande de l’Economie, Katherina Reiche, a affirmé que toutes les parties doivent parvenir à des solutions négociées et ce, le plus rapidement possible, car le temps presse.

« Nous devons parvenir à des solutions négociées et ce, le plus rapidement possible, car le temps presse », a affirmé Katherina Reiche, ministre allemande de l’économie,  en marge de cette conférence.

«Il faut garder son sang-froid et démontrer toujours que la mise en place de ces droits de douane n’est dans l’intérêt de personne, à commencer par l’économie américaine », a dit Laurent Saint-Martin, ministre français délégué au Commerce extérieur.

Par ailleurs, l’institution prévoit désormais un fort ralentissement de la croissance américaine cette année en raison des assauts douaniers de Trump, attendue à 1,6 % contre 2,4 % avant l’arrivée du milliardaire à la Maison Blanche.

Cette incertitude pourrait continuer à peser sur l’économie mondiale, alors que le président américain a accusé la semaine dernière Pékin de ne pas respecter les termes de l’accord de désescalade signé mi-mai à Genève (Suisse) et menaçant de relancer la guerre commerciale.

En cause, selon Washington, l’approbation au ralenti des exportations de métaux rares vers les États-Unis.

Echange entre Donald Trump et Xi Jinping

La Maison Blanche a assuré mardi que Donald Trump espérait échanger avec son homologue chinois Xi Jinping, « probablement cette semaine ».

Avant le passage de la surtaxe à 50 %, le Canada, premier fournisseur des États-Unis en acier et aluminium, avait estimé que ces droits de douane étaient « illégaux et injustifiés ».

Le ministre mexicain de l’Économie, Marcelo Ebrard, a pour sa part indiqué que son pays demanderait vendredi à en être exempté, dénonçant des mesures « absurdes ». Le Mexique envoie 80 % de ses exportations aux États-Unis.

Les partenaires commerciaux des États-Unis tirent les leçons

Les partenaires commerciaux des États-Unis ont tiré les leçons du chaos des derniers mois : ils ont compris que les taxes punitives annoncées le poing sur la table par le président américain pouvaient parfois être suspendues quelques heures à peine après être entrées en vigueur, quand les dates butoirs n’étaient pas repoussées à la dernière seconde.

Tout le monde a en tête que fin mai Donald Trump avait menacé d’imposer des droits de douane supplémentaires de 20% sur toutes les importations européennes avant de repousser l’échéance au 9 juillet après un échange téléphonique avec Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.

C’est ce qui explique la prudence des acteurs du secteur qui ont indiqué ne pas vouloir s’exprimer au micro tant que rien n’était encore officiellement acté. D’autant que des discussions sont prévues à Paris entre Maros Sefcovic, le commissaire européen au Commerce et Jamieson Greer, le représentant américain. Pour la sidérurgie européenne qui a perdu 18 000 emplois en 2024 et qui souffre déjà de la concurrence chinoise dans un contexte de ralentissement général de la demande, ce pourrait être une question de survie.

Un mur tarifaire abattu entre le Canada et les États-Unis

Pour l’industrie métallurgique canadienne, c’est tout un choc à encaisser. Le pays est le premier fournisseur d’acier et d’aluminium des États-Unis. Le cabinet du Premier ministre Mark Carney a notamment décrit les tarifs comme étant illégaux et injustifiés. Avec des droits de douane qui explosent à 50%, un mur tarifaire s’est abattu à minuit entre le Canada et les États-Unis et l’industrie le prend de plein fouet.

« L’élément important là-dedans, c’est combien de temps ça va durer. Parce qu’il y a des entreprises qui vont serrer la ceinture », a expliqué Nicolas Lapierre, du syndicat des Métallos. Un coup dur pour tout un secteur qui a généré l’an dernier plus de 25 milliards de dollars grâce à ses exportations d’acier et d’aluminium, dont l’écrasante majorité part vers les États-Unis.

« C’est sûr qu’il va falloir trouver une piste d’atterrissage pour tout le monde. Parce qu’il n’y a pas d’entreprises qui ont des marges bénéficiaires de 25% à 50% de profit. Ça n’existe pas. On est très impactés », a poursuivi Nicolas Lapierre.

Ottawa s’engage à soutenir l’industrie canadienne en favorisant l’utilisation d’acier et d’aluminium locaux dans ses grands projets. Mais l’industrie réclame plus, elle veut le retour immédiat des contre-tarifs canadiens qui ont été suspendus le mois dernier.

ACP/UKB

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