Guerre au Soudan: «Certains prétendus alliés des parties facilitent le massacre» (cheffe des affaires politiques de l’ONU)

Kinshasa, 18 novembre 2024 (ACP).– La cheffe des affaires politiques de l’ONU Rosemary DiCarlo a affirmé lundi que certains prétendus alliés des parties facilitent le massacre au Soudan, a appris l’ACP de cette organisation, citée par les medias internationaux.
«Certains prétendus alliés des parties facilitent le massacre au Soudan. C’est inadmissible, c’est illégal et cela doit cesser», a déclaré Rosemary DiCarlo, cheffe des affaires politiques de l’ONU.
Le Conseil de sécurité a de nouveau examiné la situation au Soudan, déchiré depuis 19 mois par les hostilités opposant l’armée gouvernementale et les Forces d’appui rapide (RSF). 
Elle a aussi condamné tout autant les attaques des RSF contre les civils que les bombardements aériens aveugles des Forces armées soudanaises dans des zones peuplées ou les exactions commises contre les populations par des forces affiliées à l’armée gouvernementale, dénonçant  le « soutien extérieur considérable dont bénéficient les deux parties, en particulier.
Des cessez-le-feu locaux pour relancer le processus politique
Face à ces négociations au point mort, la France a préconisé la négociation de cessez-le-feu locaux dans les zones les plus affectées par la guerre, estimant que cette mesure est le préalable au lancement d’un processus politique inclusif associant les belligérants, mais aussi l’ensemble de la société civile soudanaise, y compris les femmes et la jeunesse.  Un appel relayé par plusieurs autres membres du Conseil.
Ainsi l’Algérie, qui s’exprimait au nom des A3+ (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone), a-t-elle a estimé nécessaire un cessez-le-feu durable pour jeter les bases d’un processus politique de sortie de crise.  Les A3+ soutiennent à ce titre toute proposition de pourparlers sur le modèle de ceux tenus à Genève en juillet, estimant qu’un tel cadre permettrait de restaurer la confiance entre les parties. 
Le Royaume-Uni a lui aussi souligné l’importance d’un cessez-le-feu négocié au niveau local par les parties belligérantes, tandis que la Chine a cité cette mesure en première place de sa liste de priorités.
Évoquant la difficulté à lancer des négociations entre les deux parties belligérantes, Mme DiCarlo a déploré qu’elles semblent toutes deux convaincues de pouvoir l’emporter sur le champ de bataille, intensifiant de fait leurs opérations militaires.
La France, notamment, s’est faite l’écho des mêmes préoccupations.  Estimant qu’aucune victoire militaire n’est possible dans ce conflit, contrairement aux espoirs des belligérants, elle les a rappelés « à la raison ».
Pour Mme DiCarlo, le cessez-le-feu est nécessaire pour donner un répit aux civils, favoriser le dialogue et jeter les bases d’un accord plus large.  À ce titre, elle a rappelé que l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Soudan envisage notamment une autre série de pourparlers entre les parties, axés sur la protection des civils.
Déploiement controversé de Casques bleus
Face à l’horreur de la crise, une représentante de la société civile soudanaise, Mme Niemat Ahmadi, de l’organisation « Groupe d’action des femmes du Darfour », a préconisé le déploiement de forces de l’ONU au Darfour et dans tout le Soudan.  Elle a souhaité qu’elles soient dotées d’un mandat solide de protection des civils et concentrent leurs actions dans les zones peuplées.
La proposition a été reçue avec réserve par le Royaume-Uni, qui estime que cette option devait rester à l’étude, mais n’être considérée que comme un levier parmi d’autres.  À ce titre, il a rappelé que, dans son rapport, le Secrétaire général juge que les conditions ne sont pas réunies pour le déploiement d’une force de l’ONU pour protéger les civils au Soudan.
Permettre l’acheminement de l’aide humanitaire
Rappelant que le conflit a touché plus de 11 millions de personnes depuis avril 2023, M. Rajasingham a exhorté la communauté internationale à prendre vraiment au sérieux la crise au Soudan, et le Conseil à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire. 
«Les organisations ne parviennent toujours pas à atteindre la majorité des personnes dans le besoin dans les zones de conflit », a-t-il déploré, précisant que certaines parties du pays sont complètement isolées.  À ce titre, il a salué l’ouverture du point de passage d’Adré depuis le Tchad en août, estimant que cette mesure a permis de sauver de la mort les populations des zones desservies.
Pour sa part, le Soudan a assuré faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a toutefois tenu à expliquer les difficultés rencontrées par son pays à certains points de passage, plus particulièrement celui d’Adré, évoquant le passage de 180 camions d’aide sous la protection des RSF, lesquels contenaient notamment des armes.  Dans ce cadre, le représentant a rappelé aux organisations humanitaires l’importance de respecter les itinéraires prévus et la dénomination de leurs véhicules.
Des ingérences étrangères dénoncées
La Fédération de Russie a ainsi lancé un appel contre toute ingérence étrangère dans les processus politiques de règlement du conflit.  Préconisant de soutenir les institutions étatiques du pays, la représentante a considéré qu’elles constituent le socle sur lequel il sera possible de construire un dialogue interethnique, lorsque tous les groupes politiques, ethnoconfessionnels et les dirigeants régionaux seront en mesure de déterminer l’orientation générale du développement du pays.  À ce titre, la Russie considère le Conseil suprême soudanais comme la plus haute autorité légitime du pays, et souligne l’importance que les participants au dialogue bénéficient du soutien des Soudanais eux-mêmes, et non de « mécènes » extérieurs.  Réitérant son soutien aux efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Soudan, la représentante russe a toutefois considéré inappropriées des négociations impliquant des tiers qui ignorent la participation du gouvernement actuel.
Mme DiCarlo avait dénoncé la fourniture d’armes aux différentes parties.  Les membres du Conseil ont quant à eux surtout parlé d’ingérence politique.
La Secrétaire générale adjointe a émis l’espoir que le Groupe consultatif pour le Soudan, qui se réunira avant la fin de l’année, renforce la coordination entre organisations et États Membres.  Enfin, préconisant la concrétisation des recommandations du rapport du Secrétaire général à ce sujet, elle s’est félicitée des efforts visant à promouvoir une nouvelle résolution. ACP/C.L.

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