L’après-élection présidentielle américaine : une leçon des bases de la démocratie pour le continent africain (Par John Masebi)

Kinshasa, 09 novembre 2024 (ACP).- Le 5 novembre dernier, les Américains ont pris part à une élection présidentielle particulièrement disputée, conclue par la victoire de Donald Trump.

Cet événement a une résonance particulière, non seulement pour les citoyens américains, mais aussi pour le monde entier, car à l’issue de la publication des résultats, le camp démocrate, avec à sa tête la vice-présidente Kamala Harris, a reconnu sa défaite, illustrant ainsi le respect des institutions démocratiques et des processus électoraux.

Dans ce contexte, l’ancien président Barack Obama a déclaré dans un message au peuple américain, au lendemain des scrutins : « vivre dans une démocratie, c’est reconnaître que notre point de vue ne va pas toujours l’emporter, et avoir la volonté d’accepter un transfert pacifique du pouvoir ».

Ce principe simple, mais fondamental, tranche avec certaines réalités en Afrique, où, souvent, les résultats des élections sont contestés, provoquant des troubles sociaux, des violences, et une impasse. C’est le cas de la République démocratique du Congo.

La leçon des États-Unis : accepter les résultats électoraux

La démocratie américaine, malgré ses imperfections, repose sur des valeurs qui incluent le respect de l’expression du peuple à travers le vote. La déclaration d’Obama souligne que la reconnaissance des résultats électoraux est essentielle pour maintenir l’intégrité des institutions démocratiques et la cohésion sociale. Cette acceptation fait partie intégrante d’une culture politique où les intérêts personnels sont relégués au second plan devant le bien commun.

Du message d’Obama, quelques points clés peuvent être déduits, en commençant par le respect du verdict des urnes. Chaque élection doit être une occasion de célébrer la voix du peuple, même si le résultat est en désaccord avec les souhaits d’un candidat ou d’un parti.

Ensuite, il y a le transfert pacifique du pouvoir. Un aspect essentiel de la démocratie est la capacité des dirigeants à céder le pouvoir sans conflit, offrant un modèle que de nombreuses nations devraient envisager. Un troisième élément à considérer, enfin, c’est ce que les Américains appellent un système de « checks and balances ». Un des fondements de la démocratie est la séparation des pouvoirs, assurant que les institutions se tiennent mutuellement responsables les unes vis-à-vis des autres, et devant le peuple, tout en restant unies dans le respect de la loi.

Une dynamique qui doit inspirer l’Afrique

L’Afrique, malgré des avancées dans le domaine démocratique, est souvent le théâtre d’élections contestées, marquées par des soupçons de fraude et des refus d’accepter les résultats. Cette situation est particulièrement visible dans plusieurs pays où la politique est souvent empreinte de violences et de tensions résultant d’élections. L’histoire politique de certains pays du continent, dont la République démocratique du Congo, est d’ailleurs jalonnée de crises électorales. Que peuvent apprendre les Congolais du message d’Obama ?

Le message d’Obama est une incitation à la réflexion pour les Congolais. Plusieurs leçons peuvent être tirées et appliquées dans ce contexte.

Il importe notamment de renforcer l’éducation civique, de promouvoir une culture de la démocratie devant passer par la sensibilisation du peuple aux droits civiques, à la responsabilité politique ainsi qu’au respect des résultats électoraux.

Des programmes d’éducation civique dans les écoles, églises ou autres structures de la société civile, sans oublier les partis politiques, pourraient promouvoir un sens de l’engagement positif et responsable.

Par ailleurs, il est nécessaire d’encourager le sens du dialogue et du compromis : les acteurs politiques congolais doivent faire un effort pour créer des espaces de dialogue où les préoccupations de chaque partie sont écoutées et prises en considération.

Ils doivent, en outre, accepter des résultats électoraux, même dans le désaccord, et faciliter le chemin vers la réconciliation.

Il faudra enfin s’inspirer des meilleures pratiques : observer les méthodes des démocraties établies, comme celles des États-Unis, pourrait fournir des modèles à adopter pour renforcer la transparence et l’intégrité des élections.

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) est heureusement engagée dans cette direction, comme en a témoigné la visite d’une délégation congolaise à Washington pour observer l’élection présidentielle américaine.

ACP/C.L.

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