Les dirigeants de l’Union Africaine annoncent la création d’une agence de notation financière

Kinshasa 16 février 2025(ACP).-Les dirigeants africains ont annoncé samedi la création d’une agence de notation financière panafricaine qui va intégrer des données et des indicateurs spécifiques au continent, au cours du sommet de l’Union Africaine (UA) à Addis-Abeba ont rapporté les médias internationaux.

«Cette agence doit être crédible au niveau mondial et s’appuyer sur des données rigoureuses, crédibles et répondre à des normes d’évaluation strictes et surtout refléter correctement la réalité de l’Afrique», a déclaré William Ruto, président kenyan.

«Nous construirons des alliances fondées sur des valeurs communes de dignité, d’équité et de progrès», a-t-il ajouté.

Selon une étude citée par le président kenyan, le biais des agences de notation auraient fait perdre 75 milliards de dollars d’opportunité d’investissement à son pays. Il estime donc qu’une « agence de notation africaine, ce n’est pas seulement une alternative, mais un impératif ».

 «Si les agences occidentales sont considérées comme ayant des biais injustes conduisant à des notations faussées, les dirigeants souhaitent donc créer leur propre agence qui intègre des données et des indicateurs spécifiques au continent. Cette dernière, l’AFCRA, devrait être officiellement lancée en juin prochain », a-t-il dit.

Voir sa note fortement dégradée et être considéré comme un pays « poubelle » par l’agence Fitch a été la goutte d’eau pour le président éthiopien Tayé Atske-Sélassé.

« Malgré les progrès que nous avons réalisés, les agences de notation internationales ont souvent présenté une vision déformée et peu constructive de nos économies. Leurs évaluations se caractérisent par leur imprévisibilité et leur incohérence. Le manque d’objectivité et de notation de nos économies a, d’une part, gravement entravé notre capacité à accéder aux capitaux. Cela a d’autre part limité notre capacité à nous intégrer dans le système financier mondial », a déclaré Tayé Atske-Sélassé, président éthiopien.

C’est pour cela qu’il a accompagné les autres dirigeants africains rassemblés au sommet de l’Union africaine qui souhaitent donc créer leur propre agence qui intègre des données et des indicateurs spécifiques au continent.

Selon la même étude citée par William Ruto, la revalorisation d’un cran des notes africaines permettrait de débloquer quinze milliards de dollars d’investissement.

L’initiative de créer une agence de notation africaine vise à fournir des évaluations économiques plus justes pour les pays africains et à réduire leur dépendance aux agences de notation internationales.

Plaidant pour une refonte du système de notation actuel, le président kényan, William Ruto a dénoncé les modèles internationaux inadaptés qui pénalisent l’Afrique en augmentant ses coûts d’emprunt. Selon lui, « il est temps que l’Afrique se dote de ses propres outils pour juger sa performance économique sans biais externes ».

La nouvelle agence de notation panafricaine devrait être opérationnelle d’ici juin 2025. Elle bénéficiera du soutien des institutions financières régionales et internationales et ambitionne de devenir un levier majeur pour l’intégration économique du continent.

Cette initiative marque une avancée significative vers l’autonomie financière de l’Afrique et la consolidation de sa souveraineté économique.

Le diplomate djiboutien Mahmoud Ali Youssouf élu à la tête de la Commission

Le Djiboutien Mahmoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères depuis 2005, a été élu samedi à la tête de la Commission de l’Union africaine, succédant au Tchadien Moussa Faki Mahamat. Parmi ses dossiers prioritaires : le conflit dans l’est de la RD Congo, la guerre au Soudan ainsi que la mise en place d’une zone de libre-échange africaine.

Il va occuper la plus haute fonction de l’organisation continentale, avec le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo qui menace de déstabiliser toute la région, un Soudan en guerre et un nouveau président américain qui vient de sabrer dans l’aide internationale.

L’homme de 59 ans, au front dégarni et aux fines lunettes, faisait figure d’outsider face à l’opposant historique kényan Raila Odinga, qui avait multiplié les déplacements et s’était affiché avec les chefs d’État du continent.

Mais de nombreux observateurs des arcanes de l’organisation panafricaine ont loué les « compétences » et la campagne à bas bruit de ce diplomate de carrière, francophone, arabophone et anglophone, très proche du président de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh.

Il succède au Tchadien Moussa Faki Mahamat, arrivé au terme de ses deux mandats. Le poste de président de la Commission, qui était cette fois réservé à un représentant de l’Afrique de l’Est, est stratégique puisqu’il est le chef exécutif de l’UA.

L’élection à vote secret s’est faite à la majorité des deux tiers des États membres ayant le droit de vote.

Il entame ses fonctions au moment où le conflit dans l’est de la RD Congo, avec le groupe armé M23 qui mène une offensive avec l’armée rwandaise, menace d’engendrer un conflit régional.

Le diplomate vétéran, qui a notamment été ambassadeur en Égypte, devra également gérer la guerre qui ravage le Soudan depuis avril 2023 et entretenir des relations avec le président américain.

« La paix et la sécurité »  

Mahmoud Ali Youssouf est originaire de l’un des pays les moins peuplés du continent, avec seulement un million d’habitants.

Ce qui n’empêche pas Djibouti, petit pays de la Corne de l’Afrique, d’occuper une position stratégique face au détroit de Bab-el-Mandeb, par où transite une grande partie du commerce et des approvisionnements énergétiques mondiaux.

Pour permettre le développement économique, et notamment pour la mise en place d’une zone de libre-échange à l’échelle continentale, la nouvelle commission devra « commencer par la paix et la sécurité », anticipait-il également, citant la lutte contre les mouvements djihadistes au Sahel et dans la Corne de l’Afrique.

ACP/C.L.

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