Kinshasa, 12 avril 2025 (ACP).- Plus de 25 pays africains ont été déclarés en détresse financière due à la dette lors du 11ème Forum régional africain sur le développement durable, tenu du 9 au 11 avril 2025 à Kampala, en Ouganda, selon un communiqué consulté samedi par l’ACP.
«Plus de 25 pays africains sont en détresse financière ou à haut risque de l’être. Au total, cela représente plus de la moitié du continent confronté à une crise de la dette redoutable», a déclaré Jason Braganza, directeur exécutif du Forum et réseau africain sur la dette et le développement (AFRODAD) cité dans le communiqué.
«Nous constatons actuellement (…) que les gouvernements africains n’ont pas de plateformes où ils peuvent se rassembler collectivement pour négocier et élaborer des stratégies sur la façon dont ils peuvent restructurer ou renégocier avec leurs créanciers», a-t-on lu dans le communiqué de l’AFRODAD.
Selon ce document, le directeur exécutif d’AFRODAD a également appelé à une réflexion sur les moyens de stimuler les investissements locaux sur le continent, dans le but de générer des richesses profitant directement aux populations africaines.
«Nous devons réfléchir de manière critique à l’impact de la crise de la dette sur le continent (…), à la création d’une structure d’incitation adéquate pour que les entreprises et industries locales émergent et stimulent la croissance, le développement, la création d’emplois et la richesse pour nous en tant que continent et en tant que peuple», a renchérit M. Braganza, selon ce communiqué.
Il a rappelé les conséquences auxquelles sont confrontés de nombreux pays africains qui refusent ou hésitent à envisager une restructuration de leur dette, par crainte de perdre l’accès aux marchés de capitaux privés internationaux. Jason Braganza a également souligné la nécessité de mettre fin au détournement des investissements publics en Afrique, a rapporté la source.
S’agissant du détournement des investissements publics, Jason Braganza a indiqué qu’il s’agit d’un défi mis en lumière lors des discussions de Kampala. Ce fléau a suscité de nombreuses voix appelant à y mettre un terme, en repensant la gestion des affaires publiques en Afrique.
«Il est important de noter l’aspect majeur qui est également ressorti des discussions de cette semaine et le détournement des ressources des investissements publics, de secteurs critiques comme la santé, l’éducation, l’agriculture, l’eau et l’assainissement qui constituent le socle de nombreuses de nos économies à travers le continent», a poursuivi le directeur exécutif d’ AFRODAD.
A en croire la source, «Le montant d’argent perdu à cause des flux financiers illicites est estimé entre 80 et 90 milliards de dollars américains par an. Cela se produit à la fois par des moyens illicites et illégaux dans la manière de faire des affaires sur le continent».
Un appel pour finaliser la Zone de libre-échange continentale africaine
M. Braganza a, par ailleurs, lancé un appel pour le parachèvement de la mise en place de la Zone de libre -échange continentale africaine (ZLE-CAF) dans le but de booster le commerce transfrontalier, a rapporté le communiqué.
«La Zone de libre-échange continentale africaine, à laquelle tous les États membres de l’Union africaine ont adhéré et qui est mise en œuvre progressivement dans différents États membres pour faciliter le commerce à travers le continent, agit comme un catalyseur de développement et d’augmentation du commerce et du mouvement de biens et de services à travers le continent», a précisé la source.
Selon les prévisions, a-t-on relevé, la ZLECAF devrait stimuler le commerce intra-africain de 52,3 % en 2025, augmenter les revenus de l’Afrique jusqu’à 450 milliards de dollars d’ici 2035 et sortir 30 millions d’Africains de l’extrême pauvreté. Mais le ratio moyen de la dette au PIB en Afrique avoisine 72 %, soit 11 % de plus que le seuil de soutenabilité de 60 %.
Le niveau d’endettement augmentant, le coût de l’emprunt menace maintenant d’autres postes budgétaires de dépenses, comme les services de santé, d’éducation et de protection, a-t-on conclu. ACP/UKB