Développement agricole durable en RDC : un pari de Kinshasa (Par Joseph Kimba)

Kinshasa, 24 septembre 2024 (ACP).- La RDC exprime toute sa ferme volonté de développer l’agriculture qui, selon des experts, est l’un des leviers les plus puissants sur lesquels le gouvernement congolais devrait agir pour mettre fin à la pauvreté et à l’insuffisance alimentaire, renforcer le partage de la prospérité et promouvoir des exportations, afin que d’ici 2030 notre pays puisse avoir une balance des paiements excédentaire à travers le monde où ses 62 filières prioritaires peuvent rivaliser avec celles d’autres nations dans le commerce mondial.

Des signes avant-coureurs dans ce sens sont encourageants tels que, par exemple, la tenue à Lubumbashi du 21 au 23 août dernier d’un salon de l’agriculture, le code agricole en préparation au niveau du gouvernement, l’appel du ministre congolais du Commerce extérieur Julien Paluku aux hommes d’affaires katangais d’investir dans l’agriculture ou encore la présentation des potentialités agricoles du Congo-Kinshasa aux investisseurs chinois lors du récent forum de coopération Afrique – Chine à Beijing (Pékin).

L’engagement de la RDC qui espère ainsi ouvrir des marchés à travers le monde, constitue un véritable pari de parvenir sans trébucher au développement durable de l’agriculture congolaise. En effet, pour atteindre cet objectif, le gouvernement de la République est appelé à encourager l’adoption d’une démarche intégrée qui tienne compte des impératifs écologiques, sociaux et économiques lors de l’élaboration des projets de développement.

Dans certains secteurs, par exemple, le fait de combiner plusieurs cultures bien identifiées comme filières pour améliorer la fertilité des sols et la productivité agricole, donne naissance à de nouvelles sources de bois de feu pour les villageois congolais et réduit les effets de l’érosion. Ces derniers sont majoritaires qui vivent en milieux ruraux dans le pays et tirent la plupart de leurs moyens de substance de l’agriculture. Cependant, au cours de ces dernières décennies de l’indépendance, la pauvreté s’est aggravée et a gagné du terrain dans les zones rurales congolaises.

De surcroît, la course à l’industrialisation constatée en RDC depuis 1960, surtout dans le secteur minier, s’est soldée par l’absence des investissements dans l’agriculture. A cela s’ajoutent les problèmes causés par les troubles politiques à répétition, accentués par les déplacements massifs des populations, la faible productivité agricole, le manque d’infrastructures viables, le manque d’accès aux services sociaux tels que les services de l’eau et de la santé, ainsi que le système de transport intérieur médiocre qui entrave la mise en place d’un système national efficace d’évacuation des produits vivriers vers les centres urbains de consommation. Et pourtant, l’agriculture en RDC est une des principales activités économiques. Elle présente un important potentiel de développement.

Elle occupe 70 % de la population congolaise active et bénéficie de près de 80 millions d’hectares arables, de 4 millions de terres irrigables dont 1 % seulement cultivé. Les terres consacrées aux cultures annuelles ou pérennes ne représentent que 3,5 % de la superficie totale du pays, laquelle s’élève à 2.350.000 km2.

L’agriculture congolaise, rappelle-t-on, comprend celle dite de subsistance qui emploie la grande majorité de la main d’œuvre et concerne environ quatre millions de familles réparties en des parcelles d’une superficie moyenne d’au moins 1,6 hectare, généralement un peu plus grande dans les zones de savane que dans la forêt tropicale.

L’agriculture de subsistance produit toute une gamme très variée, notamment le manioc, le maïs, le riz, le sorgho, les tubercules, des bananes plantains, des bananes douces, des arachides, du haricot, d’orange, des pommes de terre, d’ananas, des oléagineux etc… Quant à l’agriculture de rente ou commerciale, celle-ci a connu des perturbations découlant des troubles civils survenus dans le pays entre 1960 et 1967, et sa production a dû chuter à la suite des mesures de zaïrianisation et de radicalisation sous le régime de la deuxième République.

Elle produit du café, du cacao, du caoutchouc, du thé, l’huile de palme. La forêt couvre plus ou moins 1.280.043 km du territoire national. Toutefois, la pratique de l’agriculture itinérante sur brûlis, très fréquents ou agriculture traditionnelle, ferait perdre chaque année au pays environ 500.000 ha de forêt. La RDC possède également un potentiel de production halieutique, surtout en eau douce avec le très vaste bassin hydrographique du fleuve Congo et les nombreux lacs et marrais.

L’élevage se maintient tant bien que mal et comprend un cheptel non négligeable des bovins, des ovins, des caprins, des porcins et de la volaille. La réussie du pari pris par le gouvernement assurerait sans aucun doute, un développement durable de l’agriculture congolaise.

ACP/

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