Kinshasa, 12 juin 2024 (ACP).- Le continent africain demeure la région la plus faible de l’économie mondiale, en termes d’intégration, de valeur ajoutée et de développement économique, malgré la richesse de son sous-sol et le potentiel de son marché, avec un taux d’industrialisation inférieur à 2%, à-t-on lu dans un document.
« Avec un taux d’industrialisation inférieur à 2% et des échanges commerciaux inter africains inférieurs à 15%, le continent africain demeure la région la plus faible de l’économie mondiale, en termes d’intégration, de valeur ajoutée et de développement économique, malgré la richesse de son sous-sol et le potentiel de son marché fort de plus de 1,4 million de consommateurs », ont relevé les participants aux assises de la 7ème session Fita 2024 qui se tiennent à Jaziri, en Tunisie.
Le constat a été établi à l’occasion d’un panel de discussion sur le thème : « Géopolitique économique : quelle stratégie et quelle gouvernance pour réussir la bataille de l’industrialisation du continent ? », animé par Aram Belhaj, enseignant chercheur et expert consultant, lors de ces assises internationales portant sur le financement de l’investissement et du commerce en Afrique (Fita 2024) prévues du 11 au 12 juin à Tunis.
« Le constat est clair : le continent n’est pas en train de s’industrialiser, au contraire, il est en train de se désindustrialiser », a-t-il déclaré.
«Si on observe la part des manufactures par rapport au PIB dans le continent, on s’aperçoit que cette part est en train de dégringoler et donc, véritablement, il y a une désindustrialisation au continent », a ajouté M.Beram.
Par rapport à d’autres régions du monde, comme les Caraïbes et l’Asie du Sud-est, l’Afrique accuse un retard, comme l’a confirmé Moussa Ismaila Touré, directeur exécutif de sa propre boîte, Moussa consulting present à cette conférence.
«Le niveau d’industrialisation est très faible, par rapport à d’autres régions et par rapport aux besoins, car nous continuons d’importer la majorité de ce que nous consommons », a-t-il détaillé, tirant la conclusion que cela ne constitue pas « un modèle viable ».
Cela étant, le panel sur la géopolitique économique a permis de relever que le continent africain n’avance pas au même rythme. Une concentration industrielle est ainsi observée au niveau de 4 pays, l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Maroc et le Nigeria qui représentent les deux tiers de l’industrie du continent.
Aussi, est-il vrai que plusieurs pays ont commencé à transformer leurs économies d’une activité basée uniquement sur l’exploitation des matières premières, vers l’exportation de produits finis ou semi-finis. Le secteur du bois au Gabon a été cité en exemple par le directeur de cabinet du ministre tunisien de l’Industrie, Arnaud Mouckaga Onanga.
«Depuis 2010, le bois n’est plus exporté à l’état brut, mais transformé », ce qui a permis de réaliser des performances inattendues, plus de 6.000 emplois directs créés et des revenus de plus de 1 milliard de dollars américains », s’est-il félicité.
Le bois n’étant pas un secteur exclusif au Gabon et n’étant pas l’unique potentiel du continent, le débat a permis d’évoquer d’autres secteurs comme l’énergie solaire pour la production de l’électricité propre, une meilleure exploitation des terres arables pour développer l’agro- industrie, le cobalt et le lithium pour produire des batteries électriques, pour ne citer que ces exemples-là comme vecteurs du développement industriel du continent.
C’est dire ainsi, qu’en Afrique, il existe un potentiel important de développement industriel, il suffit juste d’établir les synergies qu’il faut et de mettre en place la gouvernance adéquate, a-t-on noté.
L’élaboration des stratégies appropriées de développement recommandée
Pour mener à bien la transformation économique en Afrique et sortir du sous-développement et de la pauvreté, les participants ont notamment préconisé l’élaboration des stratégies appropriées de développement ; la bonne gouvernance, la création de chaînes de valeur, la mise en place d’instruments financiers appropriés et le développement des partenariats publics-privés.
« Il y a deux aspects qui sont très-très importants, en fait, qui permettent l’industrialisation du continent et qui permettent de gagner la bataille de cette industrialisation », a dit Aram Belhaj dans une déclaration, tout en insistant sur les obligations dictées par le contexte où il y a beaucoup de transformations, que ce soit politique ou géostratégique ou économique.
Il s’agit de mettre en place des stratégies multidimensionnelles dans le sens où il faut s’occuper en fait de l’infrastructure, du capital humain, de la problématique du financement, du partenariat public privé et de plusieurs aspects. Il y a également la question de la gouvernance. Pour lui, réussir l’industrialisation du continent c’est réussir la gouvernance. « Qui dit gouvernance, dit en fait, le leadership, il faut vraiment un vrai leadership », a-t-il martelé. Acp /KHM