Kinshasa, 22 octobre 2023 (ACP).- Un appel a été lancé dimanche au gouvernement à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo pour former un très grand nombre d’ingénieurs de haut niveau pour l’industrialisation du pays, a appris l’ACP des sources universitaires.
« Les autorités politico-administratives doivent avoir à l’esprit qu’il existe un lien de proportionnalité entre le produit intérieur brut (PIB) d’un pays et le nombre d’ingénieurs par 100.000 habitants dans ce pays. C’est pourquoi il est urgent pour la République démocratique du Congo de former davantage d’ingénieurs afin de booster l’industrialisation qui est la clé pour la création des richesses et le développement de la RDC », a déclaré Jean-Marie Beya Kamba doyen de la faculté de polytechnique de l’Université de Kinshasa lors d’un entretien avec l’ACP.
Il a fait savoir que selon l’UNESCO, les ingénieurs sont les détenteurs de la technologie, par ricochet, ils sont porteurs de la croissance sociale et économique, qui sont de fruits des richesses que seules les industries peuvent créer.
Dans le même cadre le PNUD a défini le développement en termes d’indice de développement humain (IDH) caractérisé par des facteurs comme : l’accès à l’eau, à l’électricité, au logement et transport de qualité, à un système de santé de qualité ; le niveau de formation de la population de plus de 25 ans ; le niveau des revenus, etc.
Derrière chacun des éléments constitutifs de l’IDH, se trouvent des technologies dont les ingénieurs de haut niveau sont les détenteurs. « Contrairement à ce qui se passe en RDC, la chine est développée par des ingénieurs chinois, la France par les ingénieurs français, etc. Bien que cela n’exclut pas une coopération ou une collaboration dans un domaine donné », a indiqué le Doyen de la faculté Polytechnique de l’Université de Kinshasa, le Prof. Dr.Ir Jean-Marie Beya Kamba dans un entretien avec l’ACP.
Et de renchérir : « Nous avons réussi à inscrire un point au programme de ce gouvernement en 2021, dont l’action 247, recommande la création des grandes écoles polytechniques et d’ingénierie en RDC. L’objectif de ce projet est de demander à l’état de prendre des décisions volontaristes pour la formation d’un grand nombre d’ingénieurs (filles et garçons) de haut niveau afin de mettre la RDC sur la voie de son développement. Négliger ce projet équivaut à choisir de rester sous-développé ».
Création des grandes écoles polytechniques et d’ingénierie en RDC
La mise en œuvre de ce projet de création des grandes écoles polytechniques et d’ingénierie en RDC nécessitera également d’aller chercher dans tous les coins du pays, les enfants nés intelligents et ayant des aptitudes à devenir des grands ingénieurs. Ces enfants existent, il revient à l’état de les former pour l’intérêt du pays », a dit le Pr. Beya qui est aussi ingénieur.
Depuis sa création en 1956, la faculté polytechnique a formé moins de 3000 ingénieurs civils dans ses différents départements (génie mécanique, génie civil, génie électrique et informatique). Ce nombre est une goutte d’eau pour un pays continent comme la RDC.
« A ces jours, la RDC forme en moyenne 100 ingénieurs civils par an, dans les Facultés Polytechniques de l’Université de Kinshasa et de l’Université de Lubumbashi réunies. Par contre, par an, la Chine forme plus d’un million d’ingénieurs dans tous les domaines, la Russie environ 500.000, l’Ukraine environ 130.000 ingénieurs, les Etats-Unis presque 270.000 ingénieurs, la Corée du sud environ 240.000 ingénieurs, la France tout comme la grande Bretagne environ 40.000 chacune.
Un pays comme la France a plus de 200 écoles d’ingénieurs et en RDC, on en a que deux.
La balle est dans le camp des pouvoirs publics pour lancer la création de ces grandes écoles polytechniques et de financer réellement non seulement l’enseignement mais aussi et surtout la recherche car la mission de l’Université est triple : l’enseignement, la recherche, et le service à la communauté » a réaffirmé le Pr. Beya Kamba.
Chez la plupart de nos compatriotes, lorsqu’on parle d’ingénieur, on pense à un jeune bricoleur du quartier, qui dépanne les coupures du courant électrique ou qui répare un moulin de manioc, pourtant l’ingénieur est le porteur de la technologie et de l’innovation, il/elle créée des systèmes qui améliorent chaque jour la qualité de la vie des femmes et des hommes dans chaque pays.
L’ingénieur de haut niveau est à la base des immeubles, des hôpitaux, des infrastructures routières… ; il conçoit des appareils de communication, des équipements médicaux, des armes, des avions, des bateaux, des véhicules, des ordinateurs, des machines, des pompes, des centrales électriques, thermiques ou solaires, etc. a-t-il souligné.
Le développement ou le sous-développement sont des choix que chaque pays fait. Opter pour le développement nécessite des décisions politiques volontaristes, notamment celle de mettre suffisamment des moyens sur la table pour financer la création et le fonctionnement des grandes écoles polytechniques et d’ingénierie ainsi que les campagnes de recrutement des élèves brillants de la République très bons en mathématiques et en raisonnement, pour en faire des ingénieurs de haut niveau.
Dans beaucoup des projets de développement, les bailleurs des fonds ont introduit le volet formations et renforcement des capacités dans l’appui des programmes du gouvernement ; il revient donc à l’état d’orienter une bonne partie de ces fonds vers la formation de ceux et celles qui sont appelés à porter la croissance économique et sociale de la RDC, en transformant ses potentialités en richesses.
ACP/C.L.