Kinshasa, 29 juin 2023 (ACP).- L’économie de la République démocratique du Congo a fait preuve de résilience, malgré le conflit dans l’Est et l’effet persistant des chocs passés, a-t-on lu, dans la conclusion de la quatrième revue du Conseil d’administration du Fonds monétaire international tenue mercredi à Washington.
« L’économie de la République démocratique du Congo a fait preuve de résilience, malgré l’escalade du conflit dans l’est et l’effet persistant des chocs passés. La croissance est estimée à 8,9 % en 2022, avec une inflation plus élevée que prévu car les dépenses publiques rapides ont accéléré la dépréciation du taux de change. Le conflit dans l’est a pesé sur les finances publiques ; des recettes inférieures aux prévisions en 2023 et des dépenses exceptionnelles plus élevées limitent les autres dépenses prioritaires », a indiqué le directeur général adjoint et président du Conseil d’administration du Fonds monétaire international intérim Kenji Okamura.
Malgré ces vents contraires, les résultats obtenus dans le cadre de la facilité élargie de crédit (FEC) restent globalement satisfaisants, a-t-il ajouté, tout en précisant que les perspectives de croissance restent favorables, tandis que les risques, liés au conflit dans l’Est du pays, aux élections de fin 2023 et aux chocs négatifs sur les termes de l’échange, sont orientés à la baisse.
Kenji Okamura a fait savoir que le déficit budgétaire devrait diminuer en 2023 et aidera la politique monétaire à freiner l’inflation. La baisse des recettes et l’augmentation des dépenses exceptionnelles justifient un contrôle des dépenses et une redéfinition des priorités, tout en poursuivant les efforts de mobilisation des recettes. L’amélioration de l’efficacité des dépenses, des contrôles plus stricts sur les dépenses dans le cadre des procédures d’urgence et une meilleure gestion de la trésorerie permettront d’améliorer l’exécution du budget et de dégager une marge de manœuvre pour les dépenses sociales et de développement indispensables.
Selon lui, «des progrès dans les réformes structurelles budgétaires, notamment celles liées à la fonction publique, à la subvention des carburants, la chaîne des dépenses et au fonctionnement du Trésor, la gestion des investissements publics et la crédibilité du budget, sont nécessaires pour améliorer l’efficacité des dépenses et la gouvernance », a précisé le document.
Le FMI recommande le resserrement de la politique monétaire
Kenji Okamura a, par ailleurs, recommandé le resserrement de la politique monétaire, le renforcement du cadre de la politique monétaire et l’amélioration de l’indépendance et les sauvegardes de la banque centrale en vue de la stabilité des prix.
Il a également recommandé l’accumulation des réserves pour contribuer à la résistance aux chocs extérieurs. Et enfin, la promulgation des règlements relatifs à la nouvelle loi bancaire pour renforcer la surveillance et la résilience financières.
Il a, en outre, proposé les réformes visant à renforcer l’État de droit et le système judiciaire à lutter contre la corruption, et à améliorer la transparence dans le secteur minier et les finances publiques. Ceux-ci, a-t-il précisé sont essentielles pour améliorer le climat des affaires, favoriser l’investissement privé et la diversification économique.
Il est également essentiel d’agir pour sortir de la liste grise du GAFI et de mettre en œuvre le nouveau cadre de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. La mise en œuvre de l’ambitieux programme climatique du pays serait également importante compte tenu de la vulnérabilité du pays au changement climatique.
Un décaissement immédiat de 203,3 millions de dollars autorisé
Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a autorisé un décaissement immédiat de 203,3 millions USD lors de la conclusion de la quatrième revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) en faveur de la République démocratique du Congo (RDC) approuvé le 15 juillet 2021. « L’achèvement de la quatrième revue a permis un décaissement immédiat équivalent à 152,3 millions de DTS (environ 203,3 millions de dollars) pour soutenir les besoins de la balance des paiements, ce qui porte le total des décaissements à ce jour à 761,5 millions de DTS (environ 1. 017 millions de dollars américains », a précisé le communiqué.
La croissance du PIB réel est estimée à 8,9 % en 2022, soutenue par une production minière plus élevée que prévu, qui a également entraîné une augmentation significative des recettes. L’inflation a atteint 13 % à la fin de 2022, alimentée par les pressions sur les dépenses et la dépréciation du taux de change connexe, et ce malgré une baisse des prix à l’importation.
Le déficit de la balance des transactions courantes s’est creusé pour atteindre 5,3 % du PIB, la croissance plus forte des exportations n’ayant que partiellement compensé l’augmentation des importations et la détérioration du compte des services.
À la fin de 2022, les réserves internationales brutes ont atteint 4,5 milliards de dollars (environ deux mois d’importations). Le déficit budgétaire intérieur à la fin de 2022 est estimé à 1,2 % du PIB, conformément aux engagements du programme, bien que la taille et la composition des dépenses soient différentes, principalement en raison de l’augmentation des dépenses exceptionnelles liées à la sécurité compte tenu de la marge de manœuvre budgétaire créée par l’augmentation des recettes.
L’exécution budgétaire jusqu’en mai 2023 a révélé que les dépenses exceptionnelles demeurent élevées et que les autres dépenses sont sous-exécutées, dans un contexte de baisse des recettes.
Les progrès réalisés dans le cadre du programme demeurent satisfaisants. Tous les critères de réalisation à fin décembre ont été respectés. Tous les objectifs indicatifs à fin 2022 ont été atteints, à l’exception de deux d’entre eux relatifs au plancher des dépenses sociales et au plafond des garanties de la banque centrale pour les prêts de l’administration centrale, en raison de lacunes dans le suivi et bien qu’aucune nouvelle garantie n’ait été octroyée. ACP/ODM