Les années 1970-1980 ont connu en République Démocratique du Congo, ex-Zaïre, un modèle politique qui a marqué l’histoire de l’Afrique et du monde, sans égal dans le passé et qui restera probablement inégalé dans l’avenir. Le mobutisme était le fruit du génie politique de feu le président du Zaïre, le «Citoyen» Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wazabanga.
Pour ceux qui ne l’ont pas connu ou qui l’auraient oublié, le Mobutisme résumait la pensée, les enseignements et les actions du Président-Fondateur et néanmoins Guide Eclairé. Cette démarche avait généré un code électoral d’une redoutable efficacité consistant pour les Zaïrois à n’avoir comme seul choix que le bulletin vert.
La fascination exercée par feu le Maréchal Mobutu sur ses contemporains a été telle que plusieurs de ses collègues chefs d’Etat africains n’ont pas hésité à l’imiter jusqu’à la caricature.
Eyadema du Togo, Ngarta Tombalbaye du Tchad, Omar Bongo Ondimba du Gabon, Jean Bedel Bokassa de la Centrafrique, Idi Amin Dada de l’Ouganda ou encore Jean Juvénal Habyarimana du Rwanda ont eu chacun sa toque de léopard comme symbole de leur pouvoir sans partage, à l’instar du redoutable félin des forêts zaïroise, que chacun exerçait sur ses compatriotes.
Quand bien même les successeurs vrais ou putatifs n’assument pas toujours l’héritage, force est de constater que le Mobutisme, jusque dans ses travers les plus ridicules, survit à son lointain géniteur par son terrible code électoral.
Le Rwanda de Paul Kagame en a encore fourni la preuve la semaine dernière en reproduisant le modèle qu’il avait prétendu combattre. Le « Votez vert » s’est sublimé en plébiscite confirmant jusqu’au pathétique l’option d’une société de l’unanimisme au sein de laquelle même les opposants votent avec zèle pour un pouvoir assis sur le sang de la répression. Le score de 99,15% des votes fait baver le Maréchal du lointain cimetière chrétien de Rabat.
Mieux, ou pire, les donneurs de leçons partout dans le monde se sont déculottés, et les démocrates auto-proclamés se sont tu dans toutes les langues en disant « amen » à la messe du « pape » de Kigali. Lequel s’est extasié de bonheur de ne pas entendre siffler ni le moindre sermon d’un abbé illuminé sur les montagnes ensanglantées de Cyangugu ou de Rubavu, ni une quelconque déclaration d’une « sainte et apostolique » conférence épiscopale à la ville et au monde, et moins encore au peuple de Dieu qui est au Rwanda.
Ainsi va sans doute le monde. Les principes et les scrupules qu’ils engendrent n’ont de portée que pour ceux qui y croient. Aux Congolais de ne jamais l’oublier quand ils sont tentés par les sirènes de ceux qui ne leur veulent pas que du bien.
Bienvenu-Marie Bakumanya