1er août, une journée dédiée aux parents vivants et aux morts

Kinshasa, 1er août 2022 (ACP).- La journée de lundi a été consacrée  à Kinshasa à des séances de recueillement et d’entretien des tombes dans différents cimetières de la capitale par des membres de famille, amis et connaissances, à l’occasion de la fête nationale du 1er  août dédiée aux parents vivants et décédés.

De longues files d’attentes on été observées à l’entrée de ces cimetières où des milliers de personnes ont effectué le déplacement pour d’une part saluer la mémoire des êtres chers disparus et d’autre part  faire découvrir leurs tombes à ceux des proches qui ne les connaissaient pas, avec un engouement particulier observé à Kinkole.

On a également noté l’apparition des marchés ponctuels avec la présence remarquable des vendeurs ambulants occasionnels proposant des gerbes de fleurs, de la chaux, des boissons diverses dont la boisson traditionnelle « Masanga mbila », des bidons d’eau et du matériel d’entretien en location pour le nettoyage des tombes notamment des balais, des coupes-coupes, des râteaux ainsi que des seaux d’eaux.

Au cimetière de la Gombe, les Kinois ayant enterré leurs membres de famille ont déploré la vétusté des lieux. Ils ont émis le vœux de voir ce champ de repos réaménagé et transformé en un site touristique du fait non seulement  de son emplacement géographique, en plein centre ville, mais aussi à cause de la présence  sur le site  des tombes de nombreuses personnalités politiques, militaires et artistiques ayant marqué l’histoire du pays.

A Kintambo, par contre, le constat était désolant. En effet, la majorité des tombes se trouvent dans un état de délabrement très avancé. On trouve également des constructions anarchiques tout autour de ce site, ainsi que de nouvelles tombes alors que cet endroit a été désaffecté par l’autorité urbaine.

Même constat amer au cimetière de « Siforco », situé dans le milieu urbano-rural de la commune de Masina, où plusieurs familles constitués des jeunes et des vieux se sont rendues pour accomplir ce devoir de mémoire malgré la présence très remarquée des agents de l’ordre exigeant en premier lieu une carte d’identité pour y accéder.

Hormis quelques séances de prière spontanées, on y a également observé des rituels exécutés par certaines familles sur fond d’instruments musicaux et de pas de danse accompagnés de chants dans divers dialectes.

Un regard particulier sur le respect des morts

Selon le député et chef coutumier Roger Kabeya Tshimbudu Nkulu, ces  différents lieux de repos se caractérisent aujourd’hui par une forte promiscuité et un désordre qui terni l’image des cimetières en RDC.

Il a regretté le fait que les cimetières s’apparentent aujourd’hui à des décharges publiques. « Le respect dû au corps humain ne doit pas s’arrêter avec la mort, les restes des personnes décédées doivent être conservés avec dignité et décence », a-t-il précisé.

 À cet effet, il a lancé un appel aux autorités publiques en vue de prêter main forte  aux gestionnaires de ces lieux notamment avec l’organisation régulière des travaux de désherbage afin de les rendre propres et fréquentables. « Cette journée est une occasion pour réfléchir et prendre des résolutions sur le respect des morts. Pourquoi enterrer les gens en déterrant d’autres ? C’est vraiment horrible », a-t-il conclu.

Le statisticien du cimetière « Tuna Nzoto de Kinkole », M. Daniel Mavinga a appelé la population à un entretien régulier des tombes de leurs proches parents décédés.

Il a indiqué qu’attendre la journée du premier août favorise leur détérioration. «  J’invite les proches des défunts à le faire régulièrement pour éviter que ces derniers deviennent sales ou disparaissent », a-t-il encore dit.

Par ailleurs, il s’est dit satisfait de l’ambiance qui règne et a exhorté tous ceux qui ont perdu des êtres chers à constamment venir se recueillir sur leurs tombes et d’en prendre soin par la même occasion.

Pour une meilleure gestion des cimetières

Certains visiteurs rencontrés sur place ont plaidé pour une meilleure gestion de ces lieux de sépulture dont la majorité font l’objet de spoliation et sont envahis par des constructions anarchiques.

Les uns et les autres souhaitent la prise des mesures draconiennes pour sécuriser ces endroits souvent ciblés par des inciviques qui s’adonnent à des pratiques obscènes dont La profanation des tombes, l’enterrement superposé des corps ainsi que leurs délocalisation.

Face à cette situation, quelques membres des familles ont eu de la peine pour retrouver les tombes des proches disparus, et proposent un réaménagement de ces lieux.

Pour Mme Colette Mbuyamba, accompagnée des membres de sa famille, la déception a été grande car ils n’ont pas retrouvé la tombe de leur père, prétextant qu’on aurait enterré quelqu’un d’autre au même endroit, car la  croix a été remplacée.

M. Roger Lusala Mambweni venu se recueillir sur la tombe d’un parent au cimetière de Kintambo a affirmé que les vols perpétrés en ce lieu sont l’œuvre des jeunes désœuvrés du quartier « Camp Luka ».

Devenue une tradition, l’historique de cette double fête remonte il y a presque quarante ans lorsque, pour des raisons idéologiques liées à sa vision politique du recours à l’authenticité, le président Mobutu avait décidé de remplacer la fête chrétienne de l’assomption par la fête des parents.

C’est l’unique journée où les proches parents peuvent dignement entretenir les sépultures et s’occuper de leurs derniers lieux de repos. La matinée de cette journée méconnue du grand public,  est consacrée à rendre hommage et à  souvenir des parents et compatriotes disparus, alors que l’après-midi est dédiée aux parents, rappelle-t-on. ACP/

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