JIF : quid de la femme congolaise 30 ans après le programme d’action de Beijing ?(Par Tanya Yeme Muamba)

Kinshasa, 7 mars 2025 (ACP).- Le monde entier célèbre le 08 mars de chaque année, la Journée internationale des droits des femmes. Placée  sous le thème international :  » Pour toutes les femmes et filles, droits,  égalité et autonomisation, l’année 2025 sera décisive dans la quête de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes dans le monde, car elle marquera le 30e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, adoptés par 189 États lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, qui s’est tenue en 1995 à Beijing, en Chine. La Déclaration et le Programme d’action de Beijing demeurent le cadre le plus progressiste et le plus largement approuvé au niveau international en faveur des droits des femmes et des filles.

Ce 30e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing coïncide avec une crise sécuritaire croissante en République démocratique du Congo (RDC) aggravant davantage la situation de la femme congolaise, qui depuis plus de trois décennies subit des violences de tout genre, à cause de la guerre d’agression où le sexe est utilisé comme arme de guerre. L’année dernière, 612 millions de femmes et de filles ont vécu la réalité brutale des conflits armés, soit une augmentation inquiétante de 50 % en seulement une décennie. Selon le rapport des Nations unies, plus de 500 femmes congolaises ont été violées, cette année, dans cette guerre injuste, alimentée par la soif de richesses et de pouvoir. 

L’augmentation des déplacements « éloigne les femmes et les filles des filets de sécurité minimaux » que les communautés ont mis en place au fil du temps, « amplifiant davantage le risque de violence basée sur le genre », y compris la violence sexuelle et la violence conjugale. Bien que les femmes ont été les principales victimes de violences sexuelles, les hommes et les garçons sont également agressés sexuellement. 

Des viols pour détruire des familles et des communautés 

D’insupportables violences sexuelles, constituées des viols, mutilations génitales, esclavage sexuel, enlèvements, prostitution forcée, grossesses forcées, stérilisation forcée et toute autre forme de violence d’une cruauté et d’une gravité indicibles, ont été perpétrés sur des femmes âgées de cinq ans à quatre-vingts ans. Certaines ont été violées et leurs familles forcées de regarder. Le viol, utilisé comme arme de destruction massive, pour annihiler les femmes, les familles et les communautés, sont des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Encore une fois, le corps de la femme est devenu un champ de bataille pour une multiplicité de milices paramilitaires qui se livrent une guerre impitoyable sur un territoire immensément riche et dévasté : le Kivu, devenu l’épicentre de terribles conflits depuis le début des années 1990.

« La Congolaise au centre de toutes les ambitions »

Dans le contexte actuel où la RDC fait face à une guerre d’agression qui nécessite l’engagement de tous les Congolais, la Journée internationale de la femme est placée sous le thème national : « La femme congolaise au centre de toutes les ambitions ». 

L’ambition première sera d’intensifier des actions de lutte contre toutes formes de violences basées sur le genre (VBG), en soutien aux actions déjà engagées. Il est question de faire entendre la voix de la femme congolaise, qui appelle à la fin du conflit dans l’Est de la RDC et à sa protection et à celle de ses enfants. 

Les Nations Unies doivent investir leurs efforts pour briser le cycle de violence et renforcer la résilience des survivantes. Ceci impose l’augmentation des financements pour la lutte contre les VBG dans l’aide humanitaire qui ne correspondent qu’à 1% présentement dédié à ce secteur.

Pour que la femme congolaise soit au centre des ambitions, des mesures urgentes doivent être mises en place pour garantir une plus grande égalité et des opportunités pour les femmes et les hommes, les filles et les garçons. Il s’agit d’éliminer tous les obstacles qui empêchent les femmes et les filles de jouer un rôle actif dans tous les domaines de la vie. ACP/C.L.

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