Kinshasa, 16 avr. 2025 (ACP).- Des jeunes filles congolaises ont été exhortées à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), par une victime d’un viol, à braver les obstacles pour réaliser leurs rêves, selon un communiqué du fonds des Nations-Unies pour l’enfance (UNFPA), consulté mercredi par l’ACP.
« Après le viol dont j’ai été victime, j’ai donné naissance à mon enfant à seulement 15 ans, alors que je n’étais qu’une enfant moi-même. J’ai refusé de laisser ces épreuves briser mes rêves d’avenir. Après mon accouchement, je suis retournée à l’école, déterminée à poursuivre ma scolarité malgré tout ce que j’avais traversé. C’est pourquoi j’exhorte les filles à braver les obstacles pour réaliser leurs rêves », a-t-on lu.
Mlle Mira Ngoma, une personne vivant avec handicap (PVH) auditif, victime d’un viol cité par la source, a évoqué les circonstances de son agression sexuelle qui a eu lieu dans la ville de Matadi.
« Ils m’ont tendu un piège, puis m’ont entraînée de force vers une zone isolée où ils m’ont violée. Ils ont profité de mon handicap pour assouvir leur violence, allant jusqu’à faire de moi une mère contre ma volonté », a-t-elle dit.
Selon la source, la victime vit actuellement avec ses parents dans une autre ville, le temps de terminer ses études à l’école « Espérance », un établissement spécialisé dans l’accueil des personnes ayant une déficience auditive et ou des troubles de la parole.
Par ailleurs, elle a noté que cette année, son école bénéficie d’un programme d’éducation sexuelle, mis en place par le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST) pour lutter contre les violences faites PVH.
« On nous enseigne des compétences essentielles, comme la santé sexuelle et reproductive, l’hygiène personnelle ou encore la prévention des violences basées sur le genre. Si j’avais eu accès à ces informations il y a quelques années, j’aurais su que je devais me rendre immédiatement à l’hôpital après avoir été violée », a-t-elle souligné.
Militer pour sensibiliser
Selon l’abbé Jean-Jacques Diafuka, directeur de l’école « Espérance », la situation des violences envers les PVH est profondément préoccupante. En République démocratique du Congo (RDC), a-t-il dit, les conflits armés accentuent les VBG et les personnes en situation d’handicap sont particulièrement vulnérables dans ce contexte, la marginalisation sociale, l’accès limité à l’information et aux services de santé, à la justice, ainsi que la dépendance accrue envers d’autres personnes, font progresser leur exposition à la violence et réduisent leur capacité à se défendre ou à signaler les abus.
Cependant, grâce à cette initiative soutenue par l’UNFPA, des victimes des VBG apprennent à signaler les agresseurs et savent désormais comment la police gère les dossiers de violence, a fait savoir M. Diafuka.
Il sied de rappeler qu’une ligne téléphonique d’assistance gratuite, gérée par le ministère du Genre, a été inaugurée en janvier 2021 afin de mettre en relation les appelantes avec des conseillères qualifiées.
Dès août 2023, ce service avait déjà permis à plus de 1 400 personnes de bénéficier d’un accompagnement adapté.
Par ailleurs, le personnel enseignant de l’école « Espérance » a pris part à une formation nationale de neuf mois sur l’éducation sexuelle complète, financée par la Norvège avec le soutien de l’UNFPA. Lors de la phase pilote, menée entre septembre et octobre 2023, 30 enseignantes issues des provinces de Kinshasa et du Kongo-Central ont suivi cette formation. ACP/UKB