Kinshasa, 20 juin 2024 (ACP). La mise en œuvre de la parité hommes-femmes dans la magistrature congolaise a été évaluée mercredi, lors d’un atelier organisé dans la commune de Gombe, Nord de Kinshasa, en République démocratique du Congo dans le cadre du projet de promotion de l’Etat des droits (PROLA) et du deuxième programme d’appui à la réforme de la Justice (PARJ2). « La parité consacrée par la constitution de la RDC est en train d’être mise en œuvre avec un rythme accéléré. Lors du dernier recrutement des magistrats en 2023, il y a eu 814 femmes sur les 2500 magistrats nommés.
Aujourd’hui il y a 1400 femmes magistrates sur les 5000 que compte l’appareil judiciaire congolais Nous venons de 17% et aujourd’hui nous avons plus de 25% des femmes dans la magistrature. Le conseil supérieur de la magistrature est satisfait de ce bilan. Il a fait sa part », a déclaré Télepsphore Nduba, secrétaire permanent au conseil supérieur de la magistrature. Et d’ajouter: « Il y a une femme à la Cour constitutionnelle, les femmes sont nombreuses au parquet général près la Cour de cassation, au conseil d’Etat il y a plusieurs femmes magistrates, à la cour de cassation il y a 7 femmes. Le premier président du conseil d’Etat c’est une femme.
Plusieurs femmes chefs d’office des parquets généraux. Presque tous les tribunaux de paix sont dirigés par les femmes ». Malgré toutes ces avancées, a poursuivi M. Nduba, il y a encore plusieurs difficultés qui empêchent la femme magistrate à consolider sa position ainsi gagnée. «Presque toutes les femmes de la magistrature veulent toutes être affectées à Kinshasa, à Lubumbashi ou à Kolwezi. Ce qui complique la tâche au conseil supérieur de la magistrature qui souhaite que les femmes magistrates soient disposées à servir la RDC partout », a-t-il recommandé. Prenant la parole à son tour, Fanny Mukendi, experte en genre et inclusion sociale a brossé un tableau dans lequel elle a détaillé le constat établi après un audit réalisé sur la mise en œuvre de la parité hommes-femmes dans l’appareil judiciaire congolais.
«Les statistiques d’il y a plus ou moins deux ans indiquent que les femmes représentent 51% de la population congolaise. Ce qui est de loin inférieur aux 25,1% pour la parité hommes-femmes dans la magistrature. Les hommes qui sont plus nombreux occupent plus de leadership », a-t-elle déclaré. Elle a salué les avancées enregistrées au cours de dix (10) dernières années. « Il y a une évolution par rapport aux statistiques que le conseil supérieur de la magistrature nous a présentées », a-t-elle affirmé, avant d’ajouter que l’idéal veut que la parité hommes-femmes atteigne les 50% dans l’appareil judiciaire de la République démocratique du Congo. Cette experte en genre a, par ailleurs, fait observer qu’en dehors des femmes, il y a également les groupes marginalisés qui ne sont pas pris en compte dans la participation à la magistrature. « La participation des groupes marginalisés dans l’appareil judiciaire est très faible. Les albinos et les personnes avec handicap ne sont pas pris en compte», a-t-elle indiqué. En avril 2013, lors d’une assemblée générale tenue à Kinshasa, une résolution fixant le quota de la parité hommes-femmes dans la magistrature à 30% avait été adoptée. Dix ans après l’adoption de ladite résolution, les projets « PROLA et PARJ2 » ont tenu à en faire une évaluation.ACP/