Kinshasa, 24 juillet 2023 (ACP).- Le phénomène d’utilisation ‘’enfants de rue’’ comme appâts dans la mendicité, a été déploré lundi par les ONGs locales à Kinshasa, en République démocratique du Congo, dans une enquête réalisée par l’ACP.
« Nous déplorons avec force ce phénomène ‘’enfant travailleur de rue et toute forme d’activités les privant de leurs droits. Tout enfant doit jouir, étudier et grandir dans un contexte harmonieux d’amour et de sérénité », a déclaré la présidente de l’association action sociale pour le développement et la promotion de l’éducation (ASDEPE), Valentine Talamaku.
Et d’ajouter : « Tout parent ou éducateur est appelé à protéger les enfants et à veiller sur l’application de leurs droits, car l’extrême de la pauvreté et de chômage de parents sont des facteurs qui exposent plus les enfants aux travaux forcés en particulier dans le pays en voie de développement».
Elle a, à cette même occasion lancé un vibrant appel aux autorités et acteurs économiques à créer un travail décent avec un salaire équitable qui permettra aux familles de subvenir aux besoins de ces derniers sans qu’ils soient obligés où condamnés à travailler dans la rue.
« La mendicité, le travail des enfants et la déscolarisation sont un des premiers arguments avancés par les enfants pour vous convaincre de leur donner de l’argent qui servira à payer leur frais de scolarité. La réalité est selon moi tout autre. Je crois que donner de l’argent à des enfants les éloigne au contraire des bancs de l’école. Même dans les pays où l’école est gratuite et accessible pour tous, nous pouvons voir des enfants mendiés. Pourquoi ? Parce que l’appât du gain (parfois disproportionné par rapport à ce que pourrait gagner un adulte en travaillant) est plus tentant à la fois pour l’enfant mais aussi pour sa famille », a indiqué le secrétaire exécutif du Réseau des organisations de droits humains d’éducation civique d’inspiration chrétienne (RODHECIC), Paul Kabeya.
« Dans ce cadre, nous lançons un alerte à toutes les associations qui militent sur le droit et l’éducation des enfants à mener des campagnes de sensibilisation afin d’éliminer ce phénomène et l’exploitation des enfants par des adultes », a souligné M. Kabeya.
Pour l’éradication du phénomène enfants travailleurs
Une vue des enfants en pleine activité commerciale
« Le phénomène enfants travailleurs a de l’ampleur au sein de notre société, ce qui fait que nous remarquons la présence des petits enfants de moins de cinq ans en train de faire des petits commerces (vendre des bonbons, papiers mouchoirs, etc..) dans presque tous les grands artères de la ville de Kinshasa. La cause est aussi liée à la situation économique du pays », a indiqué le père Narcisse Ladiabata Ibwer, Président de la Commission de la Formation Permanente des Laïcs (F.P.L)
Selon lui pour mettre fin à ce fléau, les services compétents vont pouvoir maximiser des stratégies dans le but de restaurer la dignité de ces enfants et d’amener leurs parents à les orienter vers les secteurs d’éducation et de formation, conformément à leurs droits.
« Le gouvernement devrait renforcer la protection des enfants, la gratuité de l’école, les cantines scolaires et autres mesures d’accompagnement car, il n’est pas concevable de voir encore les enfants en situation de mendicité dans nos rues et aux carrefours, sous l’aiguillage souvent des adultes qui se servent d’eux comme des appâts », a expliqué le père Narcisse Ladiabata Ibwer.
Pour lui, au-delà des exigences de nos lois, c’est une question de responsabilité pour chaque parent ou tuteur, et ensuite d’intérêt supérieur pour l’enfant, lui-même.
Quel avenir y a-t-il pour des enfants éduqués déjà dès leur plus jeune âge à arpenter les rues pour mendier ?
Photo des enfants de rue de Kinshasa
« C’est le lieu même où se forme des gangs, nous sommes voués à acquérir un mauvais comportement compromettant la société, sans parler de ses méfaits», a précisé un enfant en rupture familiale, Hervé Lisala avant de rappeler à l’assistance que la place des enfants est soit à l’école, ou dans un centre de formation pour ceux qui en ont l’âge et qui sont déscolarisés
Il a invité le gouvernement à s’engager pour lutter contre ce phénomène.
Pour M. Dieudonné Ngata, un des balayeurs à la 7ieme rue Limete, le phénomène enfant travailleur n’est pas reconnu par l’État congolais.
« Ça toujours était un engagement personnel que nous avons pris et jugé bon de faire travailler les petits pour qu’ils aient de quoi mettre sous la dent en lieu et place de rester à la maison sans rien faire », a-t-il soutenu avant de demander aux autorités compétentes de leur apporter un soutien indéfectible afin réaliser leurs projets.
ACP/ODM