Kinshasa, 1er mai 2024 (ACP).- Une sensibilisation aux parents et aux éducateurs à la lutte contre les effets néfastes de la violence dans l’éducation des enfants en République démocratique du Congo a été initiée, mardi à Kinshasa, dans un communiqué du Réseau des hommes engagés dans l’égalité du Genre dans le cadre de la journée de la non-violence éducative.
« La Journée de la non-violence éducative est l’occasion de sensibiliser les individus, voire même la population toute entière aux effets néfastes de la violence dans l’éducation des enfants en RDC. Elle encourage également le dialogue et l’échange d’expériences car, dit-on : il faut tout un village pour éduquer un enfant», a-t-on lu dans le communiqué.

Selon la source, la non-violence éducative c’est une éducation de manière bienveillante, sans violence. Tous les enfants ont le droit d’être protégés des violences qu’elles soient physiques, psychologiques, sexuelles ou dues à la négligence. On peut éduquer les enfants sans violence.
La non-violence éducative, a-t-elle souligné, commence par l’absence de jugement. Elle comprend des châtiments corporels et des violences verbales, notamment les insultes, les humiliations, les menaces et les cris constants. Des dégradations peuvent aller de l’humiliation publique à des gestes ou des paroles dégradantes.
On compte également des négligences affectives ou émotionnelles parmi des violences infligées à l’enfant. Cité par le communiqué, Carlin Vese Pinzi, président national du Réseau des hommes engagés pour l’égalité du genre en RDC (Rheeg-RDC) a déclaré : « Ignorer les besoins émotionnels d’un enfant ou lui refuser l’affection peut également être considéré comme une forme de violence éducative. Pour cela, nous souhaitons tous que nos enfants soient heureux et attentifs aux autres. Nous devons communiquer avec nos enfants avec bienveillance ».
Nécessite d’encourager les parents à adopter des approches éducatives basées sur le respect
Par ailleurs, M. Vese a fait savoir qu’il est nécessaire d’encourager les parents, les éducateurs et les adultes en général à adopter des approches éducatives basées sur le respect mutuel, la communication positive et la résolution pacifique des conflits.
Le Rheeg, a-t-il dit, a proposé la parentalité positive à la lumière de la masculinité et féminité positives comme un nouveau paradigme aux parents pour réussir la réalisation de la non-violence éducative. Cette notion de parentalité positive est apparue à la fin des années 90.
Selon M. Vese, la parentalité positive est une stratégie visant à développer un style d’éducation et des comportements qui répondent aux besoins de l’enfant, notamment en conflit avec la loi, en termes d’affection, de sécurité, d’appartenance et d’attaches sûres.
L’absence de tous éléments met les enfants en situation difficile et cause l’absence du bien-être. « Ce style d’éducation est fondé sur la communication, la bienveillance et le bien-être de l’enfant. Ici les parents vont être amenés à faire preuve de chaleur, de tolérance, de sensibilité, de réceptivité et de soutien envers leur enfant avant, pendant et après sa détention », a-t-il martelé.
La parentalité positive, une vocation des règles et limites pour le développement d’un enfant

Le communiqué a présenté la parentalité positive comme une vocation de fixer les règles et limites dont tout enfant a besoin pour se développer et s’épanouir pleinement. C’est pourquoi le choix ou la proposition du Rheeg-RDC de promouvoir cette approche « parentalité positive ».
« Le bonheur c’est de pouvoir dire que nous avons décidé d’être des parents positifs parce que c’est bon pour la santé (moins de cris et de bagarre) mais surtout parce qu’absolument tous les membres de la famille, sans exception, en reçoivent les effets bénéfiques », a expliqué la source. Et de souligner : « Nous pensons que la paix, la compréhension et la discipline positive dans la cellule familiale se retrouvent ensuite au niveau du voisinage, de la ville jusqu’à l’échelle d’un pays, voire du monde. Plusieurs études ont démontré comment un pays entier peut être impacté par l’éducation positive des enfants mais aussi des parents ». La parentalité positive vise à équiper les parents d’outils (ressources) au service d’un état d’esprit afin de favoriser l’épanouissement des enfants et le bien-être des parents.
Elle contribue à construire des familles, des structures, des entreprises, des écoles, des communautés plus solides ainsi que des relations où les hommes/garçons et les femmes/filles peuvent mieux apprendre les uns des autres (se soutenir, se reconnaitre, du vivre-ensemble positif) pour le bien-être des enfants et de tout le monde, a conclu le communiqué.
Appel au respect de la dignité et de droits des enfants

Par ailleurs, Dieu-merci Kitambo, coordonnateur national de l’ONG « lutte contre le trafic humain » a appelé tous les responsables de l’éducation à respecter la dignité et les droits des enfants.
« Cette journée nous pousse à conscientiser les parents ainsi que les écoles à promouvoir une éducation qui respecte la dignité et les droits de l’enfant, tout en lui dotant des connaissances susceptibles à comprendre et à respecter les autres », a-t-il déclaré.
Et d’ajouter : « il est important d’éduquer les enfants à être des personnes capables de résoudre des conflits de manière pacifique ». Selon M. Kitambo, la non-violence éducative ne signifie pas l’absence de discipline ou de correction, mais plutôt une approche qui met l’accent sur l’éducation plutôt que sur la répression.
Les enfants doivent être enseignés à s’exprimer librement de manière appropriée et à comprendre les conséquences de leurs actions. La non-violence éducative, a-t-elle souligné, est également importante pour lutter contre la violence à l’école car les enfants qui apprennent à résoudre les conflits de manière pacifique, ne peuvent pas subir la violence ou comprendre le langage de la violence.
De plus, une éducation non violente peut aider à réduire la violence dans les communautés et contribuer à la création d’une société plus pacifique. Me Cyrille Binsumu, défenseure des droits des enfants a, pour sa part, indiqué que : « les parents sont censés privilégier l’intérêt principal de l’enfant et renforcer également les dialogues constructifs avec les enfants dans leurs foyers, parce que grâce au dialogue, les parents peuvent découvrir leurs enfants et cela leur permettra de bien les éduquer ».
Il a conseillé aux parents de prendre le temps d’écouter leurs enfants ainsi que de les faire participer dans toutes les décisions prises dans la maison, avant de leur demander d’éviter à imposer aux enfants leurs décisions. Et aux éducateurs à adopter des méthodes d’éducation non-violente. « J’exhorte les éducateurs, les parents et les politiques à adopter et promouvoir des méthodes d’éducation non-violente pour le bien-être de nos enfants pour un Congo meilleur ».
A l’initiative de Catherine Dumonteil-Kreme, la Journée de la non-violence éducative est célébrée depuis 20 ans pour rappeler l’importance de l’éducation dans la promotion de la paix, de la justice et de la solidarité. Elle vise à sensibiliser à l’importance de l’éducation non violente. L’objectif est de promouvoir une éducation qui favorise le développement émotionnel et intellectuel des enfants sans recourir à la violence physique ou verbale. ACP/