Kinshasa, 22 octobre 2023 (ACP).- La société civile congolaise a été appelée à s’approprier la nouvelle loi sur les violences basées sur le genre en vue d’assurer sa vulgarisation et sensibilisation, lors d’une table-ronde organisée par une ONG internationale samedi à Kinshasa en République démocratique du Congo, a appris l’ACP de source locale.
« En tant que société civile, nous devons nous approprier de la nouvelle loi pour assurer la vulgarisation et la sensibilisation. Cette sensibilisation doit se faire auprès des acteurs judiciaires et la masse afin de permettre à la communauté de s’approprier la loi sur les VBG », a déclaré Serge Ndongo, acteur de la société civile militant pour les droits des femmes.
Il a également ajouté que la société civile s’attend notamment à la mise en application de deux ordonnances-loi contre les VBG dans le but de voir les bourreaux être arrêtés et punis.
« En ce qui concerne la gratuité des frais de procédure en matière des VBG, nous allons faire un plaidoyer pour que le Parlement prenne compte de cet aspect dans la loi budgétaire », a-t-il plaidé.
Mme Florence Biloko, membre de la synergie pour la paix dans la région des Grands Lacs, a souligné que c’est à travers la vulgarisation de cette loi que les survivantes des VBG sauront qu’elles sont désormais protégées.
« Il n’y a plus de frais de justice à payer. Les femmes peuvent désormais briser le silence parce que ces frais étaient l’une des raisons qui les empêchaient d’engager une procédure judiciaire », a-t-elle ajouté.
Des innovations et impact
Lors de son intervention sur l’analyse des innovations et l’impact de cette loi, le magistrat Charles Bepali a déclaré que les anciennes lois de la République n’avaient pas pris en compte les violences basées sur le genre. Raison pour laquelle la société civile a initié une loi dans le but de prévenir et de réprimer les actes de VBG.
« Il s’agit de l’intégration de la dimension genre dans le code pénal qui ne mettait pas un accent particulier sur les VBG », a-t-il indiqué.
S’agissant des innovations apportées, M. Bepali a énuméré les coutumes rétrogrades, l’intimidation et la stigmatisation basées sur le genre, le lévirat et le sororat forcés, les violences basées sur le genre à travers les réseaux de communication ou d’information, le voyeurisme et le chantage.
A cela s’ajoutent l’assistance judiciaire gratuite aux victimes des VBG jusqu’à l’exécution de l’instruction, l’instauration d’une enquête sociale et un accompagnement psychosocial de la victime, ainsi que les frais de procédure en matière de VBG qui sont à charge du trésor public.
A en croire le magistrat Bepali, l’impact majeur reste notamment l’accès en justice de plusieurs victimes parce que le prétexte d’obstacle financier a été élagué.
De son côté, le gestionnaire principal de l’ONG Journalistes pour les droits Humains (JDH), Prince Murhula a fait savoir que les VBG sont un problème grave dans le pays. « Les femmes et les filles sont souvent victimes des violences sexuelles, physiques et psychologiques. Nous devons travailler ensemble pour protéger les droits des femmes et des filles », a-t-il recommandé.
Organisée par l’ONG JDH, cette table ronde a été une occasion pour discuter de la mise en œuvre de cette loi et d’identifier les défis auxquels les victimes sont confrontées. Elle a été organisée à l’intention des magistrats, avocats, membres des organisations de la société civile et des professionnels des médias qui ont fait une déclaration commune dans le but de s’impliquer pour la vulgarisation de cette loi.
Notons que l’ordonnance-loi modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais et l’ordonnance-loi modifiant et complétant le décret du 6 août 1959 portant code de procédure pénale ont été au centre de l’activité. Ce sont ces deux ordonnances qui ont pris en charge la nouvelle loi sur les VBG.
ACP/