VBG : le changement des stéréotypes sexistes, l’un des moyens de lutte en RDC (acteurs sociaux)

Kinshasa, 12 juillet 2024 (ACP).- Le changement des stéréotypes sexistes, dangereux ou figés, a été présenté comme l’un des moyens efficaces pour lutter contre les violences basées sur le genre (VBG) en République démocratique du Congo, dans un échange vendredi avec des acteurs sociaux.  

« La lutte contre les violences sexistes figure dans les priorités nationales et internationales depuis des décennies et, pourtant, une femme sur trois signale avoir été victime de violences dans sa vie. L’un des moyens de lutter contre les VBG et toutes formes de violences est de changer ou de se débarrasser des stéréotypes sexistes, dangereux ou figés en RDC », a déclaré Carlin Vese Pinzi, sociologue congolais.

« Nous pouvons empêcher les violences sexistes et défendre les droits de tout un chacun si nous agissons de concert pour déconstruire ces normes sociales nuisibles et les faire évoluer. Pour se faire, nous devons multiplier les points d’entrée. Par exemple, il est indispensable que les adolescents bénéficient d’une éducation sexuelle complète qui enseigne le respect, l’autonomie personnelle et le consentement», a-t-il souligné.

Cet expert en genre, masculinité et féminité positives a fait savoir qu’un autre moyen de lutter contre la violence est de promouvoir une masculinité positive en permettant à la majorité silencieuse des hommes, qui s’opposent aux pratiques et aux comportements préjudiciables, de s’exprimer.

« Quand un plus grand nombre d’hommes osent s’exprimer en matière d’égalité des genres ou de lutte contre les pratiques préjudiciables, cela contribue finalement à persuader d’autres hommes au sein de la communauté d’abandonner les points de vue rétrogrades et traditionaliste », a-t-il indiqué. avant de poursuivre : « un homme seul ne peut résister à l’opposition sociale. Mais lorsqu’un groupe d’hommes déclare « Nous pensons autrement » ou « Nous agirons de manière différente »… vous instaurez progressivement une nouvelle norme sociale »

S/t Faire des hommes les agents du changement, de la paix et de l’égalité 

Selon M. Vese, c’est possible de faire des hommes les agents du changement, de la paix et de l’égalité des genres grâce au changement transformationnel. Pour que les hommes participent à ce processus, il faut s’opposer à l’idée que les hommes sont foncièrement violents. 

« Lorsque nous nous interrogeons sur ce que signifie être un homme, un être humain, notamment dans les situations de conflit, nous constatons que la violence n’est pas innée chez l’homme mais qu’elle est acquise » a-t-il ajouté.  

« Il est important de devenir un être humain dans toute son acception, car les valeurs des hommes ne consistent pas seulement à faire vivre leur famille ou à faire étalage de leur force, mais aussi à prodiguer des soins, à assumer ses responsabilités parentales et à s’exprimer dans toutes les facettes de la vie d’un être humain. Ce qui permettra d’éliminer l’excuse avancée par certains hommes de protéger les femmes et, ainsi de favoriser l’indépendance des femmes», a dit M. Vese qui est également président du Réseau des hommes engagés pour l’égalité du genre en RDC (Rheeg-RDC).

S/t La lutte pour l’émancipation des femmes, un combat pour l’humanité 

Par ailleurs, Mme Vanessa Tika de l’ONG « si jeunesse savait » a soutenu que la lutte pour l’émancipation des femmes doit mettre fin à la discrimination et à la violence car elle est avant tout un combat pour l’humanité.

« La violence permanente à l’encontre des femmes et des filles, même au prétexte bienveillant de les protéger, continue de nous affecter tous. Plutôt que de livrer une bataille extérieure, où l’on considère que si les femmes gagnent les hommes perdent, les hommes doivent évoluer intérieurement et changer de comportement », a-t-elle ajouté.

«Il nous revient de résoudre le conflit en interne, de manière à ce que lorsqu’une femme est au même niveau que nous, cela ne signifie pas qu’elle s’en tire mieux ou que nous devons nous sentir diminués en tant qu’homme. Nous sommes des humains et nous devons comprendre cela », a martelé, pour sa part le président du Rheeg-RDC. 

S/t La masculinité positive, espoir pour mettre fin à toutes les normes sexospecifiques culturelles dégradantes

M. Vese a fait savoir que la masculinité positive est un espoir pour mettre fin à toutes les normes sexospecifiques culturelles dégradantes, dévalorisantes, discriminatoires et inégalitaires. Ces normes sexospecifiques constituent la source de toutes les violences.

De son côté, Mme Vanessa Tika de l’ONG « si jeunesse savait » a déclaré : « les hommes et les garçons doivent s’impliquer dans la lutte pour l’élimination de la violence à l’égard des enfants, filles et des femmes. Pour vraiment mettre fin à la violence et à la discrimination à l’égard des femmes, des filles et des enfants, les hommes et les garçons doivent être considérés comme bien plus qu’une part du problème. Ils doivent, au contraire, faire partie intégrante de la solution ».

«Nous savons que les hommes et les garçons jouissent de nombreux privilèges et de beaucoup d’influence. Nous devons les associer à la lutte contre la violence faites aux femmes car nous avons donc besoin d’eux pour promouvoir et développer l’égalité des genres, instaurer des relations saines et redéfinir l’image de l’homme», a-t-elle soutenu. ACP/

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