Kinshasa, 06 septembre 2023 (ACP).- Un appel pour l’application de la loi portant protection et réparation des victimes des violences sexuelles et des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité a été lancé lors d’une séance organisée mercredi par une ONG des droits humains à Kinshasa, en République démocratique du Congo. « Nous appelons le gouvernement à rendre effective les mesures d’application de la loi-cadre N°22/065 portant sur la protection et la réparation des victimes des violences sexuelles et ceux des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité », a indiqué la directrice exécutive de l’ONG « Vision des femmes pour le développement endogène (VIFEDE) », Henriette Ea Akyombo, lors d’une séance de ‘’Knowledge management’’.
Elle a fait savoir que sa structure a initié une série de sensibilisation depuis le 02 août dernier à Kinshasa et à l’Est du pays, afin d’informer la population sur cette loi promulguée en leur faveur.
« Dans notre projet d’intervention rapide, nous voulons booster la mise en application de cette loi-cadre. Nous voulons voir le nombre des victimes ayant bénéficié des réparations et protection. Les mesures sont là, mais leur application pose problème », a-t-elle ajouté.
Créée depuis 2022 à Uvira dans le Sud-Kivu, cette structure travaille sur la sensibilisation et la défense des droits de la femme, notamment dans sa partie Est où elle est victime de manière récurrente de plusieurs cas avérés des viols, d’esclavagisme sexuel et de tous autres sévices corporels.
La sensibilisation de la population, l’une des difficultés rencontrées
Pour sa part, le coordonnateur de l’ONG Coopérative des vendeuses et de l’entrepreneuriat féminin (COFEV), Patrice Tandem a souligné que la sensibilisation de la population dans le cadre de la loi N°22/065 portant sur la protection et la réparation des victimes des violences sexuelles est l’une des difficultés majeures à résoudre par le gouvernement congolais.
« Le 02 août, nous étions déjà à 8 mois de la promulgation de la loi cadre, mais beaucoup des gens sur le terrain ne sont pas informés de l’existence de celle-ci. Beaucoup ne sont pas sensibilisés, ce qui veut dire qu’il y a un vrai problème de sensibilisation. Au niveau du gouvernement, on doit faire l’effort de telle en sorte que cette loi-cadre soit mise en œuvre pour avoir des bons résultats d’ici le 02 août 2024 », a-t-il dit.
Relevant le problème de perception existant entre les Congolais de l’Est et ceux de l’Ouest, M. Tandem a déclaré : « À l’Ouest, nous avons fait beaucoup de sensibilisation à Kinshasa. Nous avons compris qu’il y a aussi un problème d’engagement citoyen qui doit être réparé. On sent comme si ici, on ne s’occupe pas de ce qui se passe à l’Est ».
De son côté, Rose Tandema, membre de l’ONG COVED et participante à cette séance, a évoqué un suivi pour l’application de cette loi par les autorités du pays. « Les victimes qui sont dans le silence doivent également dénoncer afin de s’identifier et obtenir la protection et la réparation du crime », a-t-elle dit.
M. Aimé Mpaka, participant à cette séance, a appelé les victimes des violences à se présenter auprès des ONG des droits humains, dans le but de bénéficier des soins médicaux et d’une prise en charge, avant de les inviter à ne pas se réserver.
Promulguée le 26 décembre 2022, ladite loi fixe les principes fondamentaux relatifs à la protection et à la réparation des victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des victimes de crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité. Elle fixe les modalités de protection et de réparation au profit de ces victimes. ACP/