L’armée camerounaise confirme la mort en détention d’un journaliste accusé de « terrorisme »

Kinshasa, 08 juin 2020 (ACP).- L’armée camerounaise a confirmé
vendredi la mort en détention du journaliste Samuel Wazizi réfutant des actes de tortures et l’accusant d’avoir œuvré comme “logisticien de divers groupes terroristes” dans l’ouest anglophone, déchiré par un conflit séparatiste, ont indiqué dimanche des médias étrangers.

Alors que des syndicats camerounais de journalistes avaient affirmé depuis mardi que M. Wazizi était mort après avoir été victime de torture,
l’armée répond dans un communiqué qu’il est “décédé des suites d’une sepsis (septicémie) sévère” le 17 août 2019 à l’hôpital militaire de Yaoundé, moins de deux semaines après son arrestation.   

Face aux critiques qui se multiplient, le président Paul Biya “a dit qu’il allait diriger une enquête”, a affirmé l’ambassadeur de France au Cameroun, Paul Guilhou, à la télévision nationale CRTV, après une rencontre vendredi avec le président. Ni l’ambassadeur ni la présidence n’ont donné de détails sur cette enquête.

L’armée affirme dans son communiqué que la famille du journaliste avait été prévenue de son décès et ne s’est pas manifestée pour récupérer le corps. “Nous sommes en contact étroit avec sa famille qui dit ne pas avoir été contactée: nous le représentions déjà au moment de son décès, nous
étions les personnes à prévenir
”, a déclaré Me Edward Ewule, avocat de
M. Wazizi.

Me Ewule affirme avoir appris la confirmation du décès de son client, alors âgé de 35 ans, à la lecture du communiqué de l’armée à la radio nationale. “Je suis dévasté, je suis le dernier civil à l’avoir vu en vie il y a dix mois”, ajoute-t-il.

Selon l’armée, M. Wazizi “se disait animateur dans une chaîne de télévision locale”, Chillen Media Television, mais “était en réalité un logisticien de divers groupes terroristes” séparatistes anglophones. Un tissu de mensonge et une ultime provocation, tranche Denis Nkwebo, président du Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) dans un
tweet. Depuis près de trois ans, les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun sont ébranlées par de violents affrontements entre l’armée et des groupes séparatistes. nLes combats, mais aussi les exactions et meurtres commis contre des civils par les deux camps, ont fait plus de 3.000 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile. 

 Cette crise, ainsi que les attaques du groupe jihadiste Boko Haram dans l’Extrême-Nord, ont écorné l’image d’un Cameroun, pays dirigé depuis 37 ans par le président Paul Biya, longtemps perçu comme un havre de stabilité en Afrique centrale.

Jeudi, l’ONU et l’ONG Human Rights Watch ont dénoncé une intensification des violences contre les travailleurs humanitaires qui opèrent dans ces deux régions, et accusent notamment les groupes armés
de multiplier les enlèvements contre les humanitaires. Les forces camerounaises sont également accusées d’y entraver l’acheminement de l’aide. ACP/Kayu

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