Kinshasa, 24 octobre 2023 (ACP).- Un atelier portant sur la révisitation de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région des Grands lacs, signé le 24 février 2013 à Addis-Abeba en Ethiopie, a été ouvert mardi à Kinshasa.
« Cet atelier s’inscrit en droite ligne des directives données par le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo lui-même, mais aussi par les différents sommets, notamment la réunion quadripartite de Luanda qui avait réuni l’Union africaine, la SADC, la CEEAC, la Communauté de l’Afrique de l’Est pour souligner que l’Accord-cadre d’Addis-Abeba puisse reprendre son rôle central.
Dans le même sens, le Conseil paix et sécurité de l’Union africaine (UA) a aussi demandé la revitalisation de l’Accord-cadre. Et notre Chef de l’État dit qu’il ne s’agit pas seulement de revitaliser l’Accord-cadre, il faut aussi revisiter l’Accord-cadre », a indiqué le coordinateur du Mécanisme national de suivi (MNS), Pr Alphonse Ntumba Luaba.
« Il faut revisiter l’Accord-cadre pour le mettre à niveau, parce qu’en parlant de l’Accord-cadre, on a vu ressurgir la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda, ce qui demande un réajustement de l’Accord-cadre, et lui donner des instruments pour faire face à de telles situations », a-t-il souligné dans son mot à l’ouverture de cet atelier de deux jours, qui se tient au Collège des hautes études de stratégie et de défense (CHESD).
Pour le Pr Ntumba Luaba, il faut réévaluer l’Accord-cadre d’Addis-Abeba dontles obligations pèsent beaucoup sur la RDC qu’à d’autres signataires.
« Cet atelier va faire une réévaluation fouillée en profondeur et faire des propositions pour renforcer ou amender parce que, sans doute l’Accord-cadre paraît assez déséquilibré et les obligations pèsent beaucoup sur la RDC, et c’est à la RDC qu’on demande souvent de rendre compte et, nous voulons que la recevabilité puisse incomber à tous les États de la Région parce qu’on ne peut pas comprendre que l’Accord-cadre existant, le Rwanda soit autant récidiviste et continue toujours à appuyer les groupes armés et les armes », a indiqué le Professeur Alphonse Ntumba Luaba.
Et d’ajouter : « Nous voyons la MONUSCO et le Secrétaire général de l’ONU dire que le M23 est bien armé plus que la MONUSCO sans pousser le raisonnement plus loin puisque ces armes viennent de quelque part. Autant pouvoir citer qui a armé le M23, heureusement qu’il y a eu des progrès parce que le Rwanda est cité à l’ONU et dénoncé, mais il faut encore beaucoup plus de pressions », a-t-il ajouté.
La RDC se fera respecter
Le Coordinateur du MNS a soutenu que la RDC va se faire respecter avec la montée en puissance de son armée.
« Je crois qu’avec le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le narratif à changer. Nous n’allons pas craindre quelqu’un dans la Région, nous nous ferons craindre », a-t-il déclaré.
Pour se faire, il faut une bonne diplomatie, a soutenu Alphonse Ntumba Luaba. « Notre diplomatie a pu obtenir beaucoup de résultats, et une bonne armée pour rééquilibrer les forces dans la Région. Avec la montée en puissance des FARDC, nous allons pouvoir nous faire respecter, les pays voisins vont nous craindre parce qu’ils sauront que s’ils osent quelque chose, la riposte sera proportionnelle, même au-delà », a-t-il indiqué.
Pour l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Région des Grands Lacs, Huang Xia, « l’Accord-cadre demeure un instrument référent pour la coopération entre les Etats de la Région de Grands Lacs, les consultations ici en RDC, mais également dans les pays voisins ».
Huang Xia a préconisé l’ajustement de cet accord aux nouvelles réalités, notamment l’adhésion de la RDC à la communauté d’Afrique de l’Est, la monté de la menace terroriste et de l’impulsion de dynamique positive de bon voisinage entre la RDC et plusieurs de ses voisins.
« C’est pour cette raison que mon bureau s’est mobilisé pour soutenir l’organisation de cet atelier. Au nom du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, je voudrais vous réitérer la disponibilité continue des Nations Unies à accompagner les pays de Grands Lacs dans la quête, ainsi que l’identification des voies et moyens pour une coopération étroite et renforcée », a-t-il affirmé.
Une retraite annoncée la semaine prochaine à Durban, en Afrique du Sud
L’Envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Région des Grands Lacs, Huang Xia a annoncé la tenue, la semaine prochaine à Durban, en Afrique du Sud, d’une retraite sur la revitalisation de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
« La retraite vise à réunir des représentants de pays signataires de l’Accord-cadre cadre, des experts, des membres de la société civile et d’autres parties prenantes régionale et internationale, en vue de réfléchir aux progrès et au défis de la mise en œuvre de l’Accord-cadre, depuis sa signature en février 2013, ainsi qu’aux perspectives de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité qui frappe toujours l’Est de la RDC et le reste de la région », a fait savoir Huang Xia.
Il a rappelé que la décision de convoquer cette réunion a été prise par les Chefs d’États et de gouvernements, lors du dernier sommet du mécanisme régional de suivi, tenu du 02 au 06 mai 2023 à Bujumbura, au Burundi.
L’Accord-cadre avait pour objectif de permettre aux Etats signataires, à savoir la République démocratique du Congo (RDC), l’Afrique du Sud, l’Angola, le Burundi, la République Centrafricaine (RCA), le Congo, l’Ouganda, le Rwanda, le Soudan du Sud, la Tanzanie et la Zambie ainsi que l’ONU, l’UA, la SADC et la CIRGL d’œuvrer en vue de la résolution de la crise dans la partie Est de la RDC et dans la région des Grands-lacs.
Les conclusions et recommandations de l’atelier de Kinshasa sur la révisitation de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région des Grands lacs serviront de base à une Feuille de route devant être prise en compte à la prochaine réunion de haut niveau de mécanismes régionaux. ACP/