Kinshasa, 04 avril 2021 (ACP).- Au moins deux personnes très proches de la famille royale en Jordanie ont été arrêtées samedi pour des raisons de sécurité, notamment le prince Hamza, demi-frère du roi et ancien prince héritier, assigné à résidence et réfute toute tentative de coup d’État, rapportent les médias internationaux reçus dimanche à Kinshasa.
Les sources indiquent que des vidéos sur les réseaux sociaux ont montré un déploiement massif de la police près des palais royaux, dans le quartier de Dabouq à Amman, ajoutant que selon l’agence de presse officielle Petra, les autorités ont arrêté un ancien conseiller du roi, Bassem Awadallah, et d’autres personnes pour «des raisons de sécurité.
Le quotidien américain Washington Post a indiqué de son côté que le prince Hamza avait été «placé sous restrictions» dans son palais d’Amman après «la découverte de ce que des responsables du palais ont décrit comme un complot complexe et de grande envergure», visant à renverser le roi Abdallah II. Ce complot présumé «comprenait au moins un autre membre de la famille royale ainsi que des chefs tribaux et des membres de la direction de la sécurité du pays», a-t-il ajouté, citant un haut responsable des services de renseignements du Moyen-Orient.
Mais dans un communiqué, le président des chefs d’état-major, le général Youssef Huneiti, a démenti que le prince Hamza fasse partie de ces personnes arrêtées. «Ce qui a été publié à propos de l’arrestation du prince Hamza n’est pas vrai», a-t-il dit, ajoutant que, cependant, il avait été «appelé à arrêter des activités qui pourraient être utilisées pour porter atteinte à la stabilité et la sécurité du royaume».
Dans la soirée, l’ex-prince héritier a envoyé une vidéo à la BBC dans laquelle il se déclare « assigné à résidence». Il affirme que le chef d’état-major de l’armée s’est rendu à son domicile et lui a signifié qu’il n’était «pas autorisé à sortir». Il a assuré qu’il n’avait pris part à aucune conspiration et qu’il n’était «pas responsable de la dégradation de la gouvernance, de la corruption et de l’incompétence» des autorités de son pays.
Lorsqu’Abdallah est devenu roi en février 1999 après la mort de son père Hussein, il avait nommé Hamza prince héritier conformément au souhait de leur père. Mais en 2004, il l’a dépouillé du titre et l’a donné à son fils aîné Hussein. Hamza est le fils aîné de Hussein et de son épouse américaine, la reine Noor, née Lisa Halaby.
«Personne n’est au-dessus de la loi. La sécurité et la stabilité de la Jordanie passent avant tout», a dit le général Huneiti, précisant qu’une enquête était en cours. «Toutes les mesures qui ont été prises l’ont été dans le cadre de la loi et après une enquête approfondie», a-t-il ajouté.
Quant à Bassem Awadallah, ancien ministre des Finances et du Plan, il était très proche du roi jordanien mais aussi une figure controversée en Jordanie. Il a été chef de la Cour royale de 2007 à 2008, avec notamment Cherif Hassan ben Zaid. Il a finalement démissionné de son poste de chef de la Cour royale après avoir été vivement critiqué pour son ingérence présumée dans des questions politiques et économiques controversées. Il avait été accusé par certains députés et autres politiciens ainsi que par des journalistes de s’ingérer dans les plans de privatisation du pays.
Deux alliés de la Jordanie ont rapidement apporté leur soutien au roi Abdallah II. Le premier soutien est américain. «Nous suivons de près les informations et sommes en contact avec les responsables jordaniens. Le roi Abdallah est un partenaire clé des États-Unis, et il a tout notre soutien», a déclaré le porte-parole du département d’État américain, Ned Price.
Le deuxième vient de Riyad. Le palais royal saoudien a fait part dans un tweet de «son appui total au royaume hachémite de Jordanie (…) et aux décisions et mesures prises par le roi Abdallah II et le prince héritier Hussein pour sauvegarder la sécurité et la stabilité» dans le pays.
La nouvelle des arrestations a lieu quelques jours avant la célébration du centenaire du royaume. Le 11 avril 1921, le roi Abdallah, dirigeant du nouvel État de Transjordanie, avait formé son premier gouvernement, après la création de l’émirat en mars 1921, aux côtés de la Palestine pendant le mandat britannique.
La Jordanie tente de tranquilliser Israël, qui suit de très près ce qui se passe de l’autre côté de sa frontière orientale, indique notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Des messages en provenance d’Amman sont parvenus la nuit dernière. Le royaume hachémite, selon des sources diplomatiques en Israël, proclame que la situation est sous contrôle et qu’il n’y a pas danger pour la stabilité du régime.
Les médias, ici en tout cas, diffusent en boucle le clip vidéo du prince Hamza qu’il a réussi à faire parvenir à la BBC. Inquiétude donc ce matin en Israël. Il faut rappeler que la frontière entre Israël et la Jordanie est probablement la plus calme des frontières israéliennes avec les pays voisins.
Pour certains, la nouvelle tension qui s’est instaurée n’est pas sans rappeler les événements du fameux septembre noir en 1971. Le conflit entre l’armée jordanienne et l’OLP qui a fait des milliers de victime et aussi la fuite de combattants palestiniens de l’autre côté de la frontière
Situation confuse en Jordanie après plusieurs arrestations
Par ailleurs, les mêmes médias internationaux, ont annoncé dimanche qu’une situation confuse se passe en Jordanie, où le 4 avril au matin que le prince Hamza, ancien prince héritier et demi-frère du roi Abdallah II, a été assigné à résidence. Accusé d’activités visant la sécurité du Royaume, ce qu’il réfute dans une vidéo transmise à une chaîne anglaise, montrant le prince héritier niant avoir pris part à un complot et accuse les autorités de son pays, «de corruption et d’incompétence». Des autorités qui font état d’autres arrestations pour «raison de sécurité».
Au lendemain d’une vague d’arrestation, notamment parmi les proches de la famille royale et en l’absence d’explications officielles, ce que les autorités se sont engagées à faire le dimanche 4 avril, de nombreuses questions restent sans réponse. Est-ce que le prince Hamza, ancien prince hériter dont le titre a été retiré par son demi-frère le roi Abdallah II, faisait partie d’un complot, cherchait-il à renverser son demi-frère ?
L’intéressé s’en défend. Mais, selon le chef d’état-major jordanien, le prince Hamza avait été «appelé à arrêter les activités qui pourraient être utilisées pour porter atteinte à la stabilité et la sécurité du royaume». Un chef d’état-major qui a par ailleurs tenu à démentir l’arrestation du prince Hamza.
Mais, selon la vidéo adressée hier soir par l’avocat du prince à la chaine BBC, citée par les sources, ce dernier serait bien assigné à résidence, dans son palais d’Amman : «J’ai reçu ce matin la visite du chef de l’état-major général des forces armées jordaniennes, durant laquelle il m’a informé que je n’étais plus autorisé à sortir, ni à communiquer ou rencontrer des gens. Il m’a dit que cet avertissement venait de lui, du chef de la police et du chef des services de renseignements. Je n’ai plus le droit de sortir de chez moi, je peux uniquement voir ma famille, mais je n’ai plus le droit de tweeter ni communiquer avec l’extérieur», y déclare ainsi le prince Hamza.
«Depuis, continue l’ancien prince héritier, un certain nombre de gens que je connais, des amis, ont été arrêtés. Ma sécurité n’est plus assurée et les lignes internet ont été coupées. C’est mon dernier moyen de communication. Comme je l’ai dit au chef de l’état-major lors de sa visite, ce n’est pas moi qui suis responsable de l’effondrement de la gouvernance, de la corruption et de l’incompétence qui sont omniprésentes dans les structures dirigeantes de ce pays ces 15 à 20 dernières années. On est arrivé au point que plus personne n’est autorisé à parler ou à exprimer une opinion sur quelque sujet que ce soit, sans être intimidé, arrêté, harcelé ou menacé.»
Samedi, les autorités auraient donc également procédé à des arrestations parmi les proches de la famille régnante, dont un ancien conseiller du roi selon l’agence de presse officielle Petra. Pour le Washington Post, il s’agissait bien d’un complot visant à renverser le roi. Mais pour l’instant et en l’absence de preuves, il est impossible de confirmer, ni d’infirmer cette information. ACP/CL/May