Capitaliser le cessez-le-feu de Luanda (Par Jean Kenge Mukengeshayi)

Kinshasa, 4 août 2024 (ACP).- La rencontre de Luanda en Angola la semaine dernière a provoqué une nouvelle forme de manipulation, dont le Rwanda détient le secret. Mais beaucoup de Congolais sont déjà avertis et aguerris par l’expérience de l’Est de la République démocratique du Congo. 

Les autorités rwandaises ont tenté une énième diversion en faisant semblant de désavouer leur ministre des Affaires étrangères dans l’affaire du cessez-le-feu de Luanda prévu pour entrer en vigueur le dimanche 04 août 2024.

Les Rwandais qui ont appris à bien connaître les Congolais savaient qu’en faisant semblant de désavouer leur ministre, ils semaient aussitôt la polémique et la division au sein de la classe politico-médiatique congolaise, dont certains ténors allaient aussitôt s’emparer de l’affaire pour soulever la division sur une énième naïveté supposée et semer le doute dans l’opinion.

D’une pierre deux coups, le doute ainsi provoqué dans l’opinion mettrait la RDC en porte-à-faux par rapport au médiateur angolais poussé à se méfier des engagements pris par la RDC.

Le Rwanda  coincé 

Seulement voilà : ce qu’on ne dit pas toujours, c’est que le Rwanda est bel et bien coincé. Paul Kagame empêtré dans les affaires des crimes récemment dénoncés par un consortium des journalistes, mais aussi par plusieurs pays parmi ses partenaires vrais ou supposés n’est plus qu’un noyé en sursis. Il n’a bénéficié d’une campagne électorale et d’une élection relativement calmes qu’en échange de son engagement à préparer ses clics et ses clacs et organiser sa succession.

Celui qui a récemment souhaité se reconvertir dans le journalisme ne jouait pas. Comme Mobutu Sese Seko en son temps, l’avertissement a été donné. Il n’a plus le choix.

Objectivement donc, le cessez-le-feu de Luanda participe d’une démarche globale pour un dégagement civilisé du dictateur de Kigali. 

Beaucoup de Congolais ne le savent pas et continuent à s’embourber dans des analyses biaisées et défaitistes, comme si leur gouvernement était constamment roulé dans la farine du boulanger de Kigali.

La RDC arrive…

Pourtant, Paul Kagame a d’autant plus besoin d’un cessez-le-feu que plusieurs renseignements en sa possession, mais aussi des alertes de ses soutiens ont fini par le convaincre que la RD Congo dispose désormais d’armes et d’hommes de troupes à la hauteur du défi armé posé par son pays. 

Des armes et des hommes susceptibles de lui procurer un avantage décisif sur le terrain de la confrontation. 

Paul Kagame a également appris qu’en même temps que les FARDC se réorganisent, les Wazalendo sont constamment restés sur le sentier de la guerre et que dans le Sud-Kivu, une dynamique unitaire anime désormais tous les mouvements nationalistes d’autodéfense décidés à combattre l’ennemi sans concession.

De même, appuyant les évaluations faites au niveau du Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, des analyses récentes ont indiqué, contrairement à certaines idées répandues, que ce n’est pas toujours l’Amérique, la France, le Canada ou la Belgique officiels qui soutiennent le dictateur rwandais, mais des multinationales qui continuent de le pousser jusqu’à la bêtise dans son entreprise de semeur de mort et de pillage en RD Congo. 

Une donne malheureusement en voie de se modifier radicalement. 

Les Congolais doivent par conséquent faire preuve de lucidité en évitant de se laisser entraîner dans la manipulation. 

La réorganisation en cours des Forces armées de la RDC (FARDC), l’accumulation des équipements et des ressources, l’adhésion des couches de plus en plus nombreuses de la jeunesse sont autant d’atouts sur la voie du succès. 

Ils permettent de se convaincre qu’à terme, le feu retournera d’où il était venu et consumera celui qui l’avait allumé. Nangaa a compris.

ACP/

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