Kinshasa, 26 février 2023 (ACP).- L’agression de la République démocratique du Congo par le Rwanda et la crise institutionnelle au Tchad ont été évoquées, samedi, lors de la vingt-deuxième session ordinaire de la Communauté Économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) tenue à Kinshasa.
« Notre région a été marquée sur le plan politique et sécuritaire par deux grandes crises majeures à savoir la crise institutionnelle en République du Tchad et l’agression de la République Démocratique du Congo par la République du Rwanda sous couvert du mouvement terroriste du M23 », a déclaré, dans son discours – bilan, le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi, Président sortant de cette organisation, avant de passer le témoin à Ali Bongo Ondimba du Gabon.
« Il convient de souligner à titre illustratif des actions déjà menées sur place qu’une commission d’enquête internationale a été mise en place chargée d’établir les responsabilités ( quant à la crise tchadienne). En outre la médiation s’emploie à dégager des perspectives d’une transition devant aboutir à l’organisation d’élections libres, inclusives», a-t-il ajouté.
A propos de cette situation, le président sortant de la CEEAC s’est félicité de « la mise sur pied de la commission d’enquête sur ce que l’on appelle le « Jeudi noir » au Tchad ».
Selon une source de la Présidence, la situation sécuritaire préoccupante dans l’Est de la RDC a été particulièrement au menu des discussions à huis clos des Chefs d’États membres ayant effectué le déplacement de Kinshasa, après la séance inaugurale.
Dans ce cadre, a fait savoir la même source, la Conférence a condamné, sans réserve, le groupe rebelle du M23, pour les nombreuses exactions et violations dont il se rend chaque jour coupable, avant d’exprimer sa solidarité envers les populations congolaises victimes de l’insécurité entretenue par ce groupe terroriste.
« Cette 22ème session de la Conférence des Chefs d’Etats et de gouvernement de la CEEAC a abouti par l’adoption de la déclaration portant sur la politique intégrée des mers et des eaux continentales partagées de la CEEAC ainsi que des principaux axes pour l’élaboration de la stratégie de développement de l’économie bleue durable en Afrique Centrale. Cet engagement fort de notre part appelle à davantage de coopération et d’échanges pour une mise en œuvre et une matérialisation effective de cette volonté collectivement exprimée », a poursuivi le Président congolais
Félix Tshisekedi a, à titre de bilan, dressé celui-ci en termes d’ « actions et initiatives au bénéfice du progrès régional », tout en mettant en relief les grands axes sur lesquels s’est cristallisée sa mandature avec, à la clé, « une volonté clairement affichée d’accélérer l’intégration et le développement des États membres ».
Il n’a pas manqué de relever « le caractère inédit et historique » de cette session qui a coïncidé avec la tenue de « la toute première Conférence maritime de la CEEAC, assortie de l’élaboration d’une politique maritime ainsi que des stratégies relatives au développement de l’économie bleue durable en Afrique centrale, pour la sécurisation des intérêts vitaux en mer et dans les eaux continentales partagées de la région ».
Quant au Gabonais Ali Bongo qui prend les rênes de la CEEAC, ce dernier a félicité son prédécesseur pour le travail abattu durant son mandat « en dépit d’un contexte international difficile marqué par la crise du COVID 19 et la guerre russo-ukrainienne ».
« Tout au long de mon mandat de président de la CEEAC, j’entends porter une attention toute particulière au chantier de financement de notre organisation communautaire. Après toutes ces années, le mécanisme de financement qu’est la contribution communautaire d’intégration tel qu’à nouveau inscrit dans le plan d’activités 2023 de la CEEAC tarde à mobiliser les ressources attendues. Aussi nous faudrait-il peut-être examiner les termes de sa modification ou de sa substitution par d’autres instruments plus appropriés », a-t-il indiqué.
Le président entrant de la CEEAC a promis notamment de se pencher sur le financement de cette organisation sous-régionale qui peine à s’autofinancer. « Il faut trouver des voies et moyens pour renflouer les caisses de la CEEAC », a-t-il insisté, ajoutant que, durant son mandat, il mettra également un accent sur la lutte contre le changement climatique. « Libreville accueille, début mars 2023, le « One Planet Summit » », a-t-il annoncé.
Pour sa part, le Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Afrique centrale, Abdou Abarry, en a appelé au désarmement des rebelles du M23 ainsi qu’à l’arrêt de tout soutien extérieur à ces derniers.
« Les Nations-Unies qui soutiennent les initiatives de paix de Nairobi et de Luanda, en vue de l’instauration d’une paix définitive et durable dans l’Est de la République Démocratique du Congo, demandent la fin de toute forme de violence et activités déstabilisatrices des groupes armés actifs dans la région et appellent à leur désarmement, au retrait du M23 des zones occupées et à la fin de tout soutien extérieur aux acteurs armés non étatiques y compris le M23 conformément à la résolution 2666 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies », a-t-il confié.
Parmi ses recommandations, la CEEAC a notamment exhorté les Présidents João Lourenço d’Angola et Évariste Ndayishimiye du Burundi ont été exhortés à « poursuivre leurs efforts inlassables dans le cadre des processus de paix de Luanda et de Nairobi dans lesquels ils sont fortement impliqués ».
Eu égard à la crise humanitaire préoccupante qui sévit dans la région, reflétée par le nombre exponentiel des réfugiés et des déplacés au sein de l’espace CEEAC, il a été décidé de « la mise en place d’une contribution spéciale des États membres visant l’établissement d’un fonds de solidarité au profit des victimes ».
Les Chefs d’États Évariste Ndayishimiye du Burundi ; Faustin-Archange Touadéra de la Centrafrique ; Denis Sassou Nguesso de la République du Congo ; Ali Bongo Ondimba du Gabon ; Carlos Villanova de Sao Tome et Principe ; Mahamat Idriss Déby Itno du Tchad (Conseil militaire de transition) ainsi que des l représentants des Chefs d’Etats et autres délégués, ont pris une part active à cette vingt-deuxième session ordinaire de la Conférence des Chefs d’États et de Gouvernement de la CEEAC.
Le prochain rendez- vous est fixé à Libreville, au Gabon, en juin 2023.
ACP/