Entrée de l’armée rwandaise en RDC : les garants de l’Accord d’Addis-Abeba interpellés

Kinshasa, 1er février 2025 (ACP).- La Coordination du Mécanisme national de suivi, a, dans un communiqué,  appelé  les garants de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba à prendre des sanctions contre les responsables de l’armée rwandaise et du M23 pour des crimes de guerre et contre l’humanité  commises sur le sol congolais du 26 au 29 janvier 2025 à Goma. 

« Le Mécanisme National de Suivi de l’Accord-cadre de la RDC (MNS) considère qu’il est plus que temps, après les attaques à l’arme lourde et l’entrée en RDC au grand jour, par milliers, des militaires des unités spéciales rwandaises, pour ouvrir la voie à leurs proxys et collabos du M23, de poursuivre et de sanctionner les responsables bien connus, dans la hiérarchie politique et militaire du Rwanda et du M23, pour les crimes de guerre , les crimes contre l’Humanité et même des actes constituant des atteintes à la Convention des Nations Unies sur la prévention et la répression du crime de Génocide », note le communiqué  du Mécanisme national de suivi, signé  le premier  février par son Coordonnateur, le professeur Ntumba Luaba Lumu, et parvenu le même jour à l’ ACP.

Le professeur Ntumba Luaba Lumu interpelle  notamment :  M. Huang Xia, envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la région des Grands Lacs, S.E.M. Sghair Mbarek, Haut représentant du président de la Commission de l’Union africaine (UA) pour la région des Grands Lacs et chef du Bureau de Liaison au Burundi, l’ambassadeur João Samuel Caholo, Secrétaire exécutif de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), M. Elias Mpedi Magosi, Secrétaire exécutif de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et Mme Bintou Keita, Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC et Cheffe de la Monusco.

Des crimes graves commis  à  Goma du 26 29 janvier 2025

Dans ce communiqué, le Coordinateur du Mécanisme national de suivi énumère les crimes commis par les militaires rwandais et les responsables  du M23 à Goma du 26 au 29 janvier 2026.

« Au nombre des crimes commis dans la ville de Goma figurent le carnage et massacre inqualifiables du 26 au 29 janvier 2025, la poursuite d’assassinats ciblés, les coupures d’eau et d’électricité, avec des conséquences sanitaires incommensurables, le bombardement des hôpitaux et des camps des déplacés, et les exécutions sommaires. Il y a eu des bombardements indiscriminés sur Goma à partir de Gisenyi, avec de très nombreuses victimes au sein de la population civile, hommes, femmes et nombreux enfants, ainsi que des viols à volonté », indique  le professeur Ntumba Luaba Lumu dans ce communiqué. 

Le Coordinateur évoque également dans ce communiqué,  les nombres de morts et des blessés. 

« Les victimes se comptent par milliers, dont au moins 700 morts , plus de 2.000 blessés et plusieurs milliers des déplacés internes, d’après les premières estimations ».

Le professeur  précise  dans ce communiqué que ces crimes  graves, massifs et odieux, ont été commis  sous les yeux  des soldats de la MONUSCO  et de SAMI DRC

« Messieurs les Garants,

 des crimes graves, massifs et odieux ont été commis sous vos yeux, même les soldats de la paix de la MONUSCO et de SAMI DRC n’ont pas été épargnés. Il convient de ne pas mettre sur le même pied le bourreau (Rwanda) et la Victime (RDC), l’agresseur et l’agressé ». 

Pour Ntumba Luaba Lumu, le Rwanda  continue  de violer  ouvertement et sans scrupule les principes fondamentaux  de la Charte des Nations-Unies. 

« Comme vient de le stigmatiser le Président de la RDC, S.E. Félix Tshisekedi Tshilombo, dans son adresse sur la dégradation de la situation sécuritaire à l’Est de la RDC : ‘‘le Rwanda continue de violer ouvertement et sans scrupule les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies ainsi que les accords régionaux’’. Pire, ces agissements se déroulent dans une impunité totale… ».

« Sans foi ni loi, avec une arrogance inouïe, le Rwanda a violé   tous les textes fondamentaux dont vous êtes les garants et les gardiens, de façon répétitive, dans une sorte de permissivité implicite de la part de la communauté internationale », note le Coordonnateur Ntumba Luaba Lumu.

 Et d’ajouter : « outre la Charte des Nations unies et d’autres instruments de l’Union africaine (UA), il viole également, de manière flagrante, le Pacte de Nairobi sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs et ses protocoles. Le Rwanda a ignoré et piétiné tous les engagements des États de la Région au titre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, notamment le respect de l’intégrité territoriale et la non-ingérence dans les affaires internes des pays voisins ». 

Passer des condamnations  sans conséquences  à des véritables sanctions 

Pour Ntumba Luaba Lumu, le moment  est venu de passer des condamnations formelles  et des dénonciations  sans conséquence  à  des véritables  sanctions  à  l’endroit  du Rwanda 

« Le moment est venu de passer des condamnations formelles et des dénonciations sans conséquence à de véritables sanctions à l’endroit du Rwanda et de sa hiérarchie politico-militaire ».

FDLR, un problème rwando-rwandais pour  une solution  rwando-rwandaise

Dans ce communiqué, le professeur Ntumba Luaba Lumu appelle  à  des négociations  entre le gouvernement rwandais et les FDLR. 

« Le cas FDLR étant un problème rwando-rwandais, après trois décennies, doit pouvoir également trouver une issue politique par le dialogue entre le Gouvernement de Kigali et le groupe armé précité. Il ne sera pas résolu uniquement par des moyens militaires. C’est devenu une rengaine interminable, une ritournelle sans fin et à tous usages, une excuse permanente à tous les actes de barbarie et de pillage des ressources, sans aucune identification de leur nombre et leur localisation. Il est étonnant qu’aucun sommet extraordinaire de la CIRGL ne soit convoqué à ce jour, alors que sept (7) sommets ont été tenus en 2012, dont un sommet commun SADC-CIRGL, pour gérer la situation conflictuelle et des occupations territoriales, y compris de Goma, par les mêmes auteurs », souligne le commuiqué.

Appel au retrait  des troupes rwandaises du territoire congolais et à la tenue urgente d’une réunion des garants de l’Accord-cadre 

Le professeur Ntumba Luaba  Lumu s’interroge  sur le report  sans cesse du 12ème  Sommet  du Mécanisme Régional de Suivi  de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et appelle au retrait des troupes rwandaises du territoire congolais 

« On peut aussi s’interroger sur le report sans cesse du 12ème Sommet du Mécanisme Régional de Suivi de l’Accord cadre d’Addis-Abeba. Le Président Kaguta Museveni de l’Ouganda l’ayant repoussé tout au long de l’an 2024 pour finalement proposer en décembre sa tenue au mois de mars 2025, sans aucune raison avancée. Le Mécanisme National de Suivi sollicite l’engagement des garants à obtenir la cessation des hostilités, le retrait complet et inconditionnel de toutes les troupes rwandaises du territoire congolais et la neutralisation du M23, la rencontre en urgence des garants de l’Accord-cadre, la convocation des réunions urgentes des institutions que vous représentez au niveau de l’Accord-Cadre ainsi que  la tenue urgente de la deuxième réunion quadripartite (EAC, CEEAC, CIRGL, SADC) sous l’égide de l’UA, la première ayant été tenue le 27 juin 2023 à Luanda, en Angola ».

ACP/C.L.

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