Guerre au Soudan : des citoyens lancent une campagne de résistance populaire armée

Kinshasa, 28 décembre 2023 (ACP).- Des citoyens ont lancé une campagne de résistance populaire armée dans d’autres Etats du soudan, a appris  jeudi l’ACP de source officielle soudanaise.

« Effrayés par les violences contre les civils dont sont accusées les forces de soutien rapide(FSR), des citoyens ont lancé une campagne « de résistance populaire armée » dans d’autres Etats, ceux du Nil Blanc, du Nil, de Gedaref, du Nord, de Kassala et de la mer Rouge », a déclaré la source. 

« Les appels à armer la population se multiplient au Soudan avec l’avancée des paramilitaires vers le sud, faisant planer le spectre d’une guerre civile totale dans un pays déjà ravagé », a précisé la source.

Dans les zones qu’elles ont conquises, les FSR ont de leur côté exigé des habitants qu’ils fournissent des volontaires, afin de les armer pour « protéger leur territoire ». Cette course à l’armement auprès des populations fait craindre une militarisation à grande échelle.

Plus de 12.000 personnes ont déjà été tuées depuis que le conflit a éclaté mi-avril entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les FSR du général Daglo.

Et ce chiffre est, selon toute vraisemblance, largement sous-estimé tant des pans entiers du pays sont coupés du monde. Le chiffre des déplacés est également très élevé. Il concerne 7,1 millions des quelque 48 millions de Soudanais, dont 1,5 million dans les pays voisins, d’après l’ONU.

Dans la ville de Chendi (Etat du Nil), dans le Nord jusqu’ici épargné par les combats, le gouverneur Mohammed Badaoui s’est exprimé la semaine dernière, devant des milliers de personnes. « Nous allons former les jeunes au port d’armes pour qu’ils puissent défendre leurs terres, leur honneur et protéger leurs familles de la rébellion« , a-t-il dit, en référence aux FSR.

A ce jour, selon le projet de recherche Small Arms Survey (SAS), 6,6% des 48 millions de Soudanais possèdent une arme à feu.

La situation est particulièrement critique (l’ONU)

La situation est particulièrement critique au Darfour (ouest du pays). Cette région, la plus touchée par les combats avec la capitale Khartoum et le Kordofan (sud), a connu un conflit sanglant dans les années 2000 ayant fait 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés.

Dans cette vaste région, affirmait déjà l’ONU en mai, des civils armés et des combattants tribaux ou rebelles ont rejoint les affrontements entre camps rivaux.

« Il faut appeler les deux camps à mettre fin au conflit au lieu d’encourager les citoyens à rejoindre la résistance populaire ou à rejoindre les rangs de l’armée », a déclaré Sherif Mohammed Othman, un dirigeant des Forces pour la liberté et le changement (FLC).

Fin 2022, la Commission gouvernementale en charge de la collecte des armes estimait que « cinq millions d’armes étaient aux mains de citoyens, sans compter celles des groupes rebelles du Darfour, du Kordofan-Sud et du Nil Bleu« .

Un chiffre là encore largement sous-estimé, selon le responsable de la sécurité. « Même avant la guerre, les autorisations de port d’armes étaient devenues faciles à obtenir », a-t-il dit, sans compter le fait que la contrebande d’armes en provenance des pays voisins a aussi prospéré.

ACP/ KHM/CL

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