Kinshasa,05 septembre 2023(ACP)-. Le mouvement Front national pour la défense de la constitution (FNDC) a dénoncé mardi l’immobilisme de la junte qui fait craindre un glissement de calendrier électoral, en Guinée.
« Les élections devraient avoir lieu en 2024 et la présidentielle en octobre 2024. Mais aujourd’hui, ils ont dit qu’ils vont faire le recensement général à caractère d’état-civil et que c’est, à l’issue de ce recensement, qu’un fichier électoral va être tiré. Alors que, rien n’a commencé par rapport à cette opération», a rapporté un communiqué du FNDC.
« Nous n’avons pas de Constitution, il n’y a aucune visibilité par rapport à l’écriture de cette Constitution. On n’a pas de fichier électoral, ce qui laisse croire qu’on va directement vers un glissement de calendrier et ce qui est inacceptable pour nous », a poursuivi le document.
Même crainte du côté de la Commission communication de l’Alliance nationale pour la démocratie et l’alternance (Anad) de Souleymane Souza Konate, qui a interpellé au passage l’organisation sous-régionale dont son pays est membre : « C’est dire à la Cédéao de ne pas abandonner la Guinée, parce que si on n’arrive pas à respecter les mécanismes, les lois de la Cédéao, si on laisse une minorité de gangsters s’en prendre illégalement au pouvoir, nous allons connaître la déstabilisation et personne ne le souhaite. ».
« C’est pourquoi nous demandons à la Cédéao de ne pas abandonner la Guinée car elle représente la communauté internationale au regard du principe de subsidiarité que caractérisent les relations internationales. Mais, malheureusement, nous constatons qu’elle n’est pas en train de faire suffisamment pour contraindre les militaires à respecter les engagements qui ont été tenus le 3 décembre dernier», a-t-il insisté.
En Guinée, cela fait deux ans qu’a eu lieu le coup d’État contre Alpha Condé. Un processus de transition politique doit y aboutir à la restitution du pouvoir aux civils fin 2024. Mais une partie de l’opposition estime « qu’on va directement vers un glissement de calendrier ». Ce que démentent les autorités au pouvoir.
En octobre 2022, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), l’organe qui a pris le pouvoir, a accepté de le rendre aux civils fin 2024, après un accord conclu avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
« Nous ne sommes pas en retard, ça c’est clair »
Le ministre des Postes, des télécommunications et de l’économie numérique, porte-parole du gouvernement de transition, Ousmane Gaoual Diallo a assuré que les préparatifs pour l’organisation d’élections sont en cours.
« Vous savez, les étapes, ce n’est pas les unes après les autres, il y a plusieurs activités qui se font parallèlement, affirme-t-il. En même temps que nous travaillons sur le fichier électoral, le cadre juridique connaît un mouvement important parce que l’avant-projet de la Constitution est élaboré. Il y a une commission de suivi qui permet de faire le point aussi bien pour la Guinée que pour la communauté internationale ».
Ousmane Gaoual Diallo défend en effet la transparence du processus de transition politique en Guinée : « Les ambassadeurs du G7 et de l’Union européenne sont autour de la table en tant qu’observateurs. La Cédéao et l’Union africaine, jusqu’à présent, les cris d’alarme ne viennent pas de ces structures qui sont autour de la table du comité de suivi et qui observent».
« Nous ne sommes pas en retard. Ça c’est clair : on l’a dit, répété. Maintenant, je ne sais pas quel type de garanties ces partis politiques veulent avoir. Ceux qui ont des remarques à faire ou des observations sur tel ou tel point peuvent le faire. Nous recevons régulièrement des critiques. Mais de là à s’asseoir dans une radio et tenir des propos sur le fait que rien ne se passe, que tout est négatif, cela ne peut tenir que de la mauvaise foi», a-t-il conclu.
Les Forces Vives recensent deux morts dans le nord de Conakry
Des jeunes sont sortis manifester à plusieurs endroits de la voie rapide qui traverse le nord de Conakry, à Wanindara et à Sonfonia notamment, où des habitants ont signalé la mort de deux adolescents.
Les Forces Vives (FVG) ont confirmé ces deux décès, ajoutant qu’une dizaine de personnes avaient été blessées par balle. « Les forces de défense et de sécurité, munies d’armes létales, ont pris d’assaut les quartiers », situés le long de la route Le Prince, affirment les FVG. Pas de bilan officiel du côté des autorités pour l’instant.
Au sud de la capitale, au rond-point Tannerie, d’où devait s’élancer la manifestation officielle des Forces Vives, il n’y avait aucun militant à l’horizon ce mardi matin, seulement des pickups de policiers et de gendarmes. Sur l’Axe, des journalistes ont noté la présence de militaires au sein du dispositif de maintien de l’ordre.
La Guinée est dirigée par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) après que des militaires conduits par le colonel Mamadi Doumbouya aient renversé le président Alpha Condé le 5 septembre 2021, dans l’un des putschs qui se sont succédé en Afrique de l’Ouest depuis 2020. ACP/Kayu