Justice militaire : huis clos décrété dans une affaire de mouvement insurrectionnel présumé en Ituri

Bunia, 19 octobre 2023 (ACP).- Le tribunal militaire de garnison, siégeant mercredi à Bunia en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, a décrété le huis clos lors du procès de l’avocat Christian Utheki, accusé d’appartenir à un mouvement insurrectionnel.

« Il y a certaines réalités liées à la sécurité, et les juridictions militaires sont chargées de les sauvegarder. C’est à ce titre là que le tribunal a jugé opportun de pouvoir ordonner le huis clos », a déclaré le président du tribunal militaire de garnison de l’Ituri, le lieutenant-colonel José Ndemba.

« Le huis clos n’exclut pas que vous puissiez poser vos questions, et le jugement qui sera rendu sera rendu à l’audience publique, de telle sorte que même ce qui a été dit à huis clos sera repris dans la décision du jugement », a-t-il ajouté à l’intention de la défense du prévenu, au cours de cette audience foraine à la prison centrale de Bunia.   

« L’aspect sécuritaire n’est pas à mettre à la portée de tout le monde. Que l’audience se tienne à huis clos ou qu’elle se tienne en public, cela n’entame en rien le droit de la défense », a-t-il dit, expliquant que cette juridiction militaire a ordonné le huis clos pour entendre un autre renseignant ainsi qu’un prévenu cité dans le présent dossier.

Au ministère public représenté par l’auditeur supérieur colonel Joseph Makelele, de renchérir en se référant à l’article 230 du code judiciaire militaire alinéa 2 :« Lorsque la publicité est préjudiciable à l’ordre public militaire ou aux bonnes mœurs la juridiction ordonne le huis clos par décision rendue en audience publique ». « Même si le huis clos est décrété lors du prononcé, le juge va exposer la motivation retenue », a-t-il expliqué.

Pour l’organe de la loi, les avocats de la défense devraient être tranquilles parce que, selon lui, « le juge décrète le huis clos par rapport à la loi, et ceux-ci auront bel et bien toute la liberté d’exposer tous les moyens comme à l’audience publique ». 

Par contre, le prévenu Me Christian Utheki s’est dit mal à l’aise de comparaître à une audience à huis clos.

« Dire qu’aujourd’hui, dans ce procès, on décrète le huis clos, certainement je ne me sentirai pas à l’aise de comparaître », a-t-il dit. Le prévenu attendait prouver en public, la non-authenticité des vidéos qu’auraient publiées des journalistes d’une radio locale l’accusant d’être le patron d’un groupe armé.

Me Christian Utheki, secrétaire général administratif de l’Université de Bunia (UNIBU), est poursuivi pour participation à un mouvement insurrectionnel, outrage à l’armée et démoralisation de l’armée.

Il est également président du G5, une structure qui regroupe les communautés qui se disent victimes de tueries des groupes armés.

Cette structure a qualifié, mardi 8 aout à Bunia, l’arrestation de son président d’arbitraire et exigé sa libération immédiate.

M. Utheki a été arrêté au début du mois d’août dernier à l’auditorat supérieur près la cour militaire de l’Ituri, à Bunia, une arrestation que le G5 a qualifiée d’arbitraire, exigeant la « libération immédiate » de son président.

Selon l’avocat général militaire, son arrestation s’est faite en exécution d’un mandat d’arrêt contre M. Utheki dans les enquêtes de participation à un mouvement insurrectionnel. ACP/MIR Nestor

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