Kinshasa, 03 août 2022 (ACP).- La population du Nord-Kivu en général exige le départ dans un délai proche de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation au Congo (MONUSCO), ont rapporté, mardi, au cours d’une conférence de presse co-animée par les ministres Partick Muyaya Katembwe (Communication et médias, ainsi que Julien Paluku Kahongya (Industrie) et Modeste Mutinga Mutuishayi (Affaires sociales), membres de la délégation gouvernementale en mission d’évaluation dans cette province après les manifestations anti MONUSCO.
Le ministre Muyaya a défini le cadre de cette rencontre qui s’inscrit dans la ligne droite de la réunion interinstitutionnelle présidée, lundi, par le Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo afin d’évaluer la situation sécuritaire et sociales au Nord-Kivu après les événements dramatiques qui ont prévalu dans cette province. A l’issue de cette réunion, a-t-il rappelé, le Président de la République a instruit le gouvernement de diligenter des réunions en vue de réévaluer le plan de retrait de la MONUSCO.
Prenant la parole, Julien Paluku, ministre de l’Industrie et en sa qualité de notable et d’ancien gouverneur du Nord-Kivu, a relaté en détail les différentes péripéties de leur séjour dans cette province : « cette mission a quitté Kinshasa le 29 juillet dernier. Elle devait évaluer les conséquences de violentes manifestations qui ont eu lieu à Goma contre la MONUSCO, a-t-il indiqué, avant de dresser le tableau du bilan des incidents et d’évoquer l’objectif de la mission.
Il y a eu un bilan de 36 morts, dont 13 à Goma, 13 à Butembo dont 4 casques bleus, 4 morts à Uvira, 3 morts à Kanyabaonga, et 3 morts à Kasindi. À cela s’ajoute près de 170 blessés dénombrés, a-t-il précisé. Après avoir rencontré toutes les couches de la population dont la société civile, les mouvements citoyens, les confessions religieuses, les femmes, les jeunes, etc., la délégation gouvernementale dépêchée à Goma qui a eu pour objectif de témoigner la solidarité de Kinshasa avec les familles éplorées, est répartie avec des propositions de celles-ci qui ont plaidé notamment pour la fin immédiate de la MONUSCO en RDC, ainsi que la réaction des membres du gouvernement à ces incidents.
De ces consultations a souligné le ministre Paluku, il s’en est dégagé quatre (4) éléments qui justifient le départ de la MONUSCO, à savoir : toutes ces manifestations arrivent dans un contexte de guerre qui ne se termine pas durant au moins trois décennies et la population considère la MONUSCO comme acteur majeur.
La population ne sait pas comprendre comment la MONUSCO pendant tout ce temps n’est pas en mesure d’aider le gouvernement à en découdre avec cette guerre. Toutes les personnes consultées ne sentent plus l’appui de la MONUSCO aux FARDC comme ce fut le cas en 2013, à cela s’ajoute la déclaration fracassante du porte-parole de la MONUSCO considérée comme un aveu d’impuissance par la population.
Enfin, pour la population, cette déclaration prouve la fin de la présence de la MONUSCO en RDC. Intervenant à son tour, Modeste Mutinga a, tout en remerciant le Chef de l’État et le Premier Ministre pour leur sagesse et perspicacité à dépêcher leur délégation, rassuré de l’assistance du gouvernement apportée aux victimes notamment les familles éplorées et les blessés des incidents.
« Il y eu une assistance pour les organisations des obsèques tant à Goma, tant à Butembo », a-t-il relevé. Il a, par ailleurs, déclaré que les efforts restent tout de même à faire afin que Kinshasa poursuive les efforts d’assistance aux populations victimes des incidents. Patrick Muyaya a, pour sa part, déploré les graves incidents de Kasindi et a affirmé que les responsables qui y étaient impliqués, ne feront plus partie de la MONUSCO. « Le mandat principal de la MONUSCO c’est la protection des civils. On ne peut pas accepter que les Casques bleus tirent à bout portant et de sang froid sur la population qu’ils sont censés protéger », a souligné le porte-parole du gouvernement. ACP