Kinshasa, 20 juin 2024 (ACP).- Le développement économique de la République démocratique du Congo (RDC) a été au centre d’une conférence-débat jeudi à l’Université de Kinshasa (Unikin), animée par le président de l’Assemblée nationale.
« La République démocratique du Congo est dotée d’un immense potentiel économique, peine à se hisser au rang des nations prospères, malgré ses richesses naturelles abondantes, le pays continue de lutter contre la pauvreté, les inégalités et le sous-développement d’où cette conférence pour réfléchir autour du développement économique de notre pays », a déclaré Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale de la RDC.
« Ces échanges visent à analyser les obstacles au développement économique du Congo et à proposer des solutions concrètes pour un meilleur avenir, afin de nous permettre de nous lancer dans une nouvelle révolution scientifique », a-t-il ajouté, dans son speech sur le thème du débat « Problématique du développement économique de la RDC : terre d’espoir », organisé par la faculté des Sciences économiques de l’Unikin. L’homme d’Etat et nouveau professeur a évoqué les différents atouts susceptibles de hisser la RDC dans le rang de grandes nations dans le monde, notamment les ressources naturelles, minières, fluviales, végétales, forestières ainsi que ses terres arables.
Pour Vital Kamerhe, la RDC a connu des trajectoires économiques contrastées depuis son accession à l’indépendance.
« Si le pays a connu des périodes de croissance, celles-ci n’ont pas été durables ni inclusives », a-t-il déploré.
« Le modèle économique actuel fortement dépendant de l’exportation des matières premières, a montré ses limites. Il est donc urgent de repenser les stratégies de développement pour bâtir un avenir prospère et durable pour tous les Congolais », a soutenu Vital Kamerhe, évoquant de différents modèles de développement économique qu’a la RDC au cours de son histoire, avec des résultats mitigés, à savoir l’Etat indépendant du Congo (1885-1908), l’économie post-coloniale (1908-1960), le mobutisme (1963-1997) et la transition et la libéralisation (1997-2010).
Nécessité d’un modèle de développement durable et inclusif
Vital Kamerhe a préconisé un modèle de développement durable et inclusif pour la RDC dont la transition nécessitera des efforts concertés de la part du gouvernement, du secteur privé et de la communauté internationale.
Les éléments clés de ce modèle, selon M. Kamerhe, sont entre autres la diversification de l’économie en promouvant le développement d’autres secteurs porteurs tels que l’agriculture, l’agroalimentaire, les industries légères et le tourisme, la transformation des ressources naturelles en soutenant la transformation locale des minerais pour créer de la valeur ajoutée et des emplois. Le Pr Vital Kamerhe a aussi suggéré la création de l’Union sacrée des intelligences congolaises dans le cadre du modèle de développement durable et inclusif congolais.
Celle-ci, a-t-il soutenu, consistera à mobiliser les intelligences, en vue de trouver des solutions aux problèmes du pays.
Il est également question d’investir selon l’intervenant, dans le capital humain, afin d’accroître l’accès à l’éducation, à la santé et à la formation professionnelle pour qualifier la main d’œuvre et répondre aux besoins du marché du travail et améliorer la santé de la population.
L’inclusion sociale a été aussi suggérée pour mettre en place des politiques inclusives qui réduiraient les inégalités et garantiraient une répartition plus équitable des bénéfices du développement.
Au cours de cette conférence, des membres du gouvernement et des professeurs sont intervenus dans quatre panels, à savoir analyse des modèles de développement historique de la RDC, la place de la rhétorique politique et perspectives du modèle économique congolais, les stratégies pour une diversification économique inclusive, la mobilisation des ressources et partenariats pour le développement.
L’université appelée à se connecter de la cité
Lors de l’entretien avec le comité de gestion de l’Unikin
Auparavant, le professeur Vital Kamerhe a eu un entretien avec le comité de gestion de l’Université de Kinshasa (Unikin), au cours duquel il a appelé les universités congolaises à se connecter de la cité pour pouvoir réfléchir sur des solutions à proposer aux problèmes réels de la société.
« Les scientifiques doivent réfléchir sur le modèle propre du développement durable congolais. La grande richesse c’est le savoir. L’université ne peut être déconnectée de la cité. Nous devons faire confiance à nous-mêmes pour résoudre nos problèmes », a dit le président de l’Assemblée nationale.
Le but de la rencontre avec le corps académique et comité de gestion de l’Unikin est, selon lui, de réfléchir entre scientifiques, autour des problèmes qui freinent le développement de la RDC.
« Je suis retourné dans le monde universitaire et nous allons partager nos modestes connaissances avec les étudiants (…) Nous devons réfléchir pour avoir notre modèle de développement comme ailleurs », a souligné Vital Kamerhe.
Le professeur Jean-Marie Kayembe, recteur de l’Unikin a salué le passage de son collègue Vital Kamerhe, l’invitant à débuter les enseignements dès la semaine prochaine à la faculté des Sciences économiques et de gestion. Jean-Marie Kayembe a présenté à son hôte la carte postale de l’Unikin disposant d’un plan stratégique de sa transformation.
Il a, en outre, plaidé pour l’implication de cet établissement dans la recherche des solutions aux différents défis du pays, notamment la sécurité dans l’Est, la sécurité alimentaire et la lutte antiérosive.
Le recteur a fait savoir que l’Université de Kinshasa est prête à mettre à profit ses 480 hectares de terre agricole à N’djili Brasserie à Kinshasa, afin de contribuer à l’autosuffisance alimentaire dans le pays. « Nous voulons une université entreprenante, innovante et productrice des richesses », a-t-il dit à son hôte.
ACP/