Kinshasa, 05 mars 2025 (ACP).- Un embargo contre le Rwanda, auteur de l’exploitation illégale des ressources naturelles en République démocratique du Congo, a été sollicité mercredi auprès de la communauté internationale, lors d’une rencontre à Kinshasa entre la ministre congolaise des Affaires étrangères et le corps diplomatique accrédité en RDC.
« Nous avons, à travers le rapport du groupe d’experts, au-delà de nos propres rapports, établi un lien direct entre l’exploitation de ressources naturelles en République démocratique du Congo et ensuite leur exportation au Rwanda. Raison pour laquelle, nous appelons à un embargo pour certaines ressources naturelles du Rwanda, puisque nous savons qu’elles viennent de la République démocratique du Congo et que nous sommes conscients des circonstances dans lesquelles ces ressources sont exploitées », a déclaré Thérèse Kayikwamba, ministre des Affaires étrangères.
Faisant la restitution de sa participation au Conseil de sécurité des Nations Unies, la cheffe de la diplomatie congolaise a, en outre, appelé à un réexamen du statut du Rwanda en tant que pays contributeur de troupes dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU, pour avoir envahi le territoire de la RDC.
« Pour moi, je le dis en toute transparence, en tant qu’ancienne des Nations Unies, c’est quelque chose d’extrêmement préoccupant de voir un des plus grands pays contributeurs de troupes aux missions de maintien de la paix des Nations Unies être lui-même auteur non seulement de violences directes contre les casques bleus, mais aussi de violences indirectes contre les installations des Nations Unies, contre leur capacité à exécuter leur mandat », a indiqué Mme Kayikwamba.
« Je pense qu’il y a une telle dissonance entre cette posture et les principes des Nations unies qu’elles devraient nous interpeller tous par rapport à ce statut, qui est quand même aussi un privilège de représenter et de porter sur son uniforme le drapeau des Nations unies. Je pense que cela mérite justement d’être réexaminé », a-t-elle souligné.
La ministre des Affaires étrangères a, de nouveau, insisté sur le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais, avant de plaider pour la notification obligatoire pour tout achat d’armes par le Rwanda.
« Il ne s’agit pas d’un embargo d’armes, mais il s’agit d’une meilleure traçabilité de ces armes. Donc, il s’agit aussi d’utiliser des instruments que le Conseil de sécurité a eu à utiliser par le passé dans la région des Grands Lacs pour assurer une meilleure traçabilité des armes », a-t-elle expliqué.
« Nous voulons avoir une plus grande transparence et être mieux en mesure de retracer les armes qui se retrouvent en RDC par rapport à leur achat. Et nous pensons que cette obligation de notification serait un instrument important pour assurer une plus grande transparence », a-t-elle indiqué devant le corps diplomatique accrédité en RDC.
A cet effet, elle s’est dite satisfaite du fait que certains points de ce plaidoyer ont été repris dans les décisions individuelles de certains États membres, ainsi que dans la résolution du Conseil de sécurité.
« Nous continuons à insister sur le fait que le Conseil de sécurité et la communauté internationale devraient continuer à faire usage de ces différents mécanismes et instruments pour une plus grande redevabilité, mais aussi ne pas sous-estimer le potentiel des sanctions pour éviter encore plus de violences. Donc les sanctions sont rétroactives parce qu’elles sanctionnent un comportement, mais en même temps, elles ont aussi la capacité d’être préventives et de prévenir encore plus de violations », a-t-elle martelé.
La RDC favorable à la reprise du processus de Luanda et de Nairobi
Par ailleurs, la cheffe de la diplomatie congolaise a soutenu que la RDC reste fermement engagée dans les processus de Luanda et de Nairobi pour une paix durable.
« La République démocratique du Congo reste fermement engagée dans le processus de Luanda, mais aussi le processus de Nairobi. Nous pensons qu’une reprise rapide de ces deux processus nous permettra justement d’enclencher ces différentes mesures qui avaient déjà été convenues », a indiqué la ministre des Affaires étrangères de la RDC.
Selon elle, le processus de Nairobi est interne à la RDC parce qu’il était sous la houlette de la Communauté d’Afrique de l’Est, tandis que celui de Luanda était chapeauté par l’Union africaine.
« Donc, la démarche de la RDC voulait à ce que ces deux processus qui se renforcent mutuellement, et qui ont un caractère assez complémentaire l’un envers l’autre, soient élevés au même niveau organisationnel. Et donc, nous parlons plutôt d’un alignement des deux processus afin que le processus de Nairobi soit aussi sous la houlette de l’Union africaine et plus sous la houlette de la Communauté de l’Afrique de l’Est. Comme ça, nous avons les deux (…) sous l’égide de l’UA. Donc c’est une posture que la RDC a affichée depuis quelques semaines et qui a reçu aussi l’écho favorable de plusieurs pays de la région », a dit Mme Kayikwamba.
Enfin, la ministre congolaise des Affaires étrangères a exprimé la reconnaissance de la RDC pour le soutien de quelques pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, qui ont pris le courage de prendre des actions fermes contre le Rwanda. ACP/