Kinshasa, 03 juin 2024 (ACP).- Les Congolais de Kinshasa et des provinces de la République démocratique du Congo ont exigé lundi l’entrer en fonction immédiate du gouvernement de la Première ministre Judith Suminwa soumis à d’interminables et lassantes tractations de la classe politique insouciante du drame provoqué par l’agression rwandaise.
«Il y a la guerre dans l’est ! Comment est-ce que des responsables politiques retardent puis bloquent l’entrée en fonction du gouvernement ? Ont-ils réellement le souci du peuple ou de leurs ventres ? S’est interrogé Germaine Ngilima, enseignante d’une école de Mbandaka dans la province de l’Equateur (nord-ouest).
Conducteur de moto à Kinshasa, Reddy Muhuba a accusé les députés nationaux de retarder l’entrée en fonction du gouvernement Suminwa.
« Les députés qui ont l’intention d’amener les troubles, qu’ils arrêtent avec leur connerie. Nous n’en avons pas besoin. Qu’ils arrêtent de nous distraire. Nous avons fait presque 6 mois depuis que le président assure son deuxième mandat jusqu’au milieu de l’année que le gouvernement a été mis en place et difficilement. Nous n’avons pas besoin de ce qu’ils veulent faire au Congo. Le Gouvernement tarde trop à entrer en fonction « . a-t-il dit.
Une tenancière d’un restaurant de fortune dans la capitale de la RDC s’en est pris aussi aux élus nationaux. « S’ils veulent partir qu’ils partent. Est-ce que c’est seulement leurs familles qui ont le droit d’être heureuses ? Nos enfants n’ont-ils pas étudié pour bien vivre ? Il faut que Fatshi dise un mot comme père de la nation. C’est ce qui reste chez Fatshi. Qu’on ne joue pas avec lui, il est après tout président de la République » s’est-elle emporté.
Menaçant à l’endroit des membres de l’Assemblée nationale, Prospère Muanda, vendeur à la sauvette à Kinshasa, est d’avis que le retard de l’entrée en fonction du Gouvernement accentue la misère de la population.
« Que les députés arrêtent ce qu’ils veulent faire là. Ça nous fait souffrir, nous le peuple. Nous apprécions ce gouvernement publié comme tel. Nous le peuple nous allons voir comment ce gouvernement va conduire le pays. C’est ça notre souci ».
Pour Claudine Dembo, vendeuse de friperie, «les députés ne visent que leurs intérêts car ils savent que leurs émoluments reviennent à 20.000 dollars ». « Ils n’aimeront pas que ça bouge car s’il y a un autre gouvernement, il pourrait aussi rien avoir. Voilà pourquoi ils refusent. Nous leur avions donné nos voix. Quel est le pays qui fonctionne sans gouvernement ? Il faut que le gouvernement soit opérationnel pour s’occuper du taux de dollars, du social de la population. Veulent-ils qu’on vive dans un pays sans autorité ? Un pays où personne ne nous dirige, personne ne nous contrôle ? » a-t-elle tempêté.
Modéré dans son langage, Lambert Ngindu de Kinshasa Ngiri, employé d’une entreprise de gardiennage, a appelé, de tous ses vœux, l’entrée en fonction du gouvernement Suminwa « car, nous tenons à vivre l’expérience d’une femme à la tête du gouvernement de la RDC».
Trois raisons majeures militent pour l’entrée en fonction rapide du gouvernement Suminwa a soutenu Féfé Mukobelwa, pasteur d’une église à Kinshasa. Il s’agit de mettre fin aux intérims au niveau des ministères, faire disparaitre la croyance populaire relative à l’idée d’une machine étatique qui serait quasi à l’arrêt et amener le gouvernement à s’occuper totalement et entièrement du volet guerre d’agression dans l’Est du pays.
Les confessions religieuses dans la danse
Les leaders des confessions religieuses ont emboité le pas, le même lundi aux Congolais en exigeant l’investiture du gouvernement Suminwa et la paix en RDC lors d’une marche pacifique organisée dans les rues de Kinshasa.
«Nous sommes venus pour encourager nos autorités politico-administratives, nous sommes venus solliciter la bénédiction de l’Éternel notre Dieu pour soutenir la République démocratique du Congo et bénir les autorités de la République démocratique du Congo. Le pouvoir ne s’octroie pas par un coup d’État donc c’est un pouvoir du peuple par le peuple et c’est comme ça qu’il y a à chaque fois qu’il y a des élections qui sont organisées pour que nous puissions élire nos dirigeants, ceux qui sont appelés ceux qui ont reçu mandat de nous conduire jusqu’à la destinée donc nous disons non au coup d’État en République démocratique du Congo.» a déclaré le Réverend Maurice Moyeke, pasteur kimbanguiste.
Même son de cloche du Rev. Alexis Mutombo de l’Eglise Pentecôtiste Les Secouristes : «Pas plus tard qu’hier, il y a eu des évènements au palais de la nation. Et ces événements ne pouvaient pas nous laisser indifférent. Voilà, pourquoi nous nous sommes déplacés ensemble pour marcher, pour faire une procession sacrée et par ce que nous croyons en Dieu, nous croyons que lorsque l’église marche, c’est pour faire marcher les choses et nous avons marché pour soutenir les institutions enfin que les choses marchent en RDC par ce que nous disons non, à la violation du cadre institutionnel, non à la violation de la constitution, non au sang, non à la prise de pouvoir par d’autres voies que ce qui est reconnue par la constitution.» ACP/