L’Algérie reste soucieuse de la stabilité du Mali

Kinshasa, 09 février 2024 (ACP).- L’Algérie s’est dit préoccupée de l’abandon par les autorités maliennes de l’Accord d’Alger de 2015 pour la Paix et la Réconciliation au Mali, qui a notamment mis fin aux opérations militaires dans la région, a-t-on appris vendredi, de l’ambassade d’Algérie  à Kinshasa, en République Démocratique du Congo.

Voici dans son intégralité, la réaction de l’ambassadeur d’Algérie à Kinshasa, Dr. Mahamed Yazid Bouzid, au renoncement à cet Accord :

«Fidèle à ses principes constants de bon voisinage, de respect de la souveraineté, de non‐ingérence dans les affaires intérieures et d’une disponibilité indéfectible à contribuer aux efforts de médiation visant le renforcement de la stabilité et la sécurité des autres pays, dont notamment ses pays voisins au niveau de la région sahélo‐saharienne, l’Algérie a pris connaissance avec beaucoup de regrets et une profonde préoccupation, de l’abandon par les autorités maliennes de l’Accord d’Alger de 2015 pour la Paix et la Réconciliation au Mali,.

L’Algérie estime que le renoncement à cet Accord est de nature à favoriser le retour des violences dans la région du Nord du Mali, menaçant ainsi, de nouveau, l’unité et l’intégrité territoriale de ce pays frère et voisin avec lequel l’Algérie partage une frontière longue de 1300Km, jalonnée d’un brassage communautaire transfrontalier millénaire, riche, pacifique et multidimensionnel. L’Accord de Paix et de Réconciliation au Mali, dont la laborieuse négociation a duré neufs (9) mois a, non seulement, mis fin aux opérations militaires mais a, également, proposé un cadre global d’équilibre des pouvoirs et un schéma d’organisation territoriale en mesure de garantir et consolider l’unité du Mali.

Le retour de l’insécurité au Nord de ce pays anéantira certainement les huit années de stabilité qu’a connue la région grâce à l’Accord d’Alger et impactera négativement tous les pays de la région du Sahel en proie depuis de longues années à de nombreux défis. La reprise des combats au Nord du Mali ne manquerait pas de favoriser la sanctuarisation des groupes terroristes et l’aggravation des flux de la migration clandestine vers le Sud de l’Algérie et la rive Nord de la méditerranée, ainsi que l’exacerbation de diverses autres menaces, dont les kidnappings, la traite d’êtres humains, la prolifération des armes et le narcotrafic, créant une instabilité difficile à gérer. La dégradation de la situation sécuritaire ouvrira, en outre, la voie aux mercenaires étrangers et mettra en difficulté les efforts d’intégration régionale.

Le Porteparole du Gouvernement malien, le Colonel Abdoulaye Maiga, a justifié le renoncement à l’Accord d’Alger par le changement de posture de certains groupes signataires de l’Accord, mais aussi par les actes d’hostilité et d’instrumentalisation de l’Accord de la part des autorités algériennes. Il est par conséquent nécessaire d’éclairer l’opinion publique sur les faits suivants :

. L’Accord d’Alger est le fruit d’un dialogue inter‐malien, parrainé par l’Algérie, pour la quatrième fois, suite à une demande expresse et formelle introduite par le Gouvernement malien auprès du gouvernement algérien en janvier 2014.

. Cet Accord a été entériné par le Conseil de Sécurité et l’Assemblée Générale de l’ONU et salué par toutes les organisations régionales dont l’Union africaine, l’Union européenne, la CEDEAO, ainsi que par les pays de la région, comme un cadre idoine pour un règlement pacifique et durable de la crise malienne.

. Tout ce que l’Algérie entreprenait comme actions réconciliatrices avec les parties prenantes maliennes, elle le faisait avec engagement et sincérité, dans le cadre de sa mission de Présidente du Comité de suivi de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. L’Algérie n’a jamais failli à œuvrer avec sincérité, bonne foi et solidarité à la mise en œuvre de cet Accord et n’a jamais dévié de son engagement en faveur de la souveraineté, de l’unité, de l’intégrité territoriale et de la stabilité du Mali, sans ingérence aucune dans ses affaires intérieures, et surtout avec un rejet ferme et constant de toute intervention étrangère ciblant la souveraineté et l’indépendance de ce pays. M. Abdelmadjid Tebboune, Président de la République, réitère à chacune de ses évocations du processus de paix au Mali, l’attachement ferme et constant de l’Algérie à la souveraineté et l’intégrité de ce pays frère et voisin, en affirmant que la stabilité de l’Algérie se renforce avec la stabilité de tous les pays africains de la zone sahélo‐saharienne dont le Mali.

 .Les actions entreprises par l’Algérie étaient au nom de la médiation internationale dont elle est Cheffe de file et en coordination étroite avec cette médiation, représentée au sein du Comité de suivi de l’Accord d’Alger, qui comprend, pour rappel, les Nations Unies, l’Union africaine, l’Union européenne, l’OCI, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger, le Tchad, et bénéficiait de l’appui des cinq pays membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU.

 . Le souci de l’Algérie de poursuivre inlassablement le dialogue inclusif avec l’ensemble des parties prenantes maliennes aspirait exclusivement à empêcher que certains groupes signataires de l’Accord ne tournent définitivement le dos aux nouvelles autorités maliennes suite au recours de ces dernières à une action militaire à Kidal, le 14 novembre 2023. Une importance cardinale a été accordée par l’Algérie, dans ce cadre, à la préservation des conditions politiques devant permettre la sauvegarde de l’Accord dans les circonstances difficiles de transition que connait le Mali depuis 2020. En maintenant un tel dialogue politique avec les signataires de l’Accord, l’Algérie recherchait le renforcement de la réconciliation nationale au Mali sans laquelle les objectifs consignés dans l’Accord d’Alger ne pouvaient tout simplement pas se concrétiser dans la durée.

Il convient de préciser que l’Algérie, ne s’est jamais opposée à l’adaptation de cet accord, pour y introduire en cas de nécessité des protocoles additionnels, conformément aux nouvelles mutations que connaît le pays. L’Algérie était d’ailleurs favorable et prête à les accompagner. Cette disposition a été communiquée il y a moins d’une année aux nouvelles autorités maliennes et réitérée par M. Ahmed Attaf, Ministre des Affaires Etrangères et de la Communauté Nationale à l’Etranger, qui, tout en renouvelant l’attachement de l’Algérie à l’Accord, a réitéré son soutien aux efforts destinés à lui donner «un nouvel élan».

Compte tenu de ce qui précède, l’Algérie qui est fortement attachée aux relations historiques de fraternité, de bon voisinage, de solidarité et de coopération avec le Mali et l’ensemble des pays du Sahel et qui reste soucieuse de la stabilité et du développement du Mali, estime que les raisons invoquées par la Transition au Mali à l’appui de la dénonciation de l’Accord d’Alger de 2015, ne correspondent pas à la réalité ni de près ni de loin». ACP/

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