Lambert Mende dénonce le projet de remplacer l’Otetela par le Lingala comme langue d’apprentissage au Sankuru

Kinshasa, 15 février 2021 (ACP).- Le député national Lambert Mende Omalanga a dénoncé, au cours d’une conférence de presse lundi à la paroisse Fatima à Kinshasa, le projet de remplacer l’Otetela par le Lingala comme langue d’apprentissage   de l’enseignement fondamental dans la province du Sankuru.

Plus de vingt manuels scolaires d’apprentissage en Lingala convoyés grâce un financement de la Banque mondiale moisissent dans des entrepôts de fortune à Lodja où séjournent depuis la semaine dernière une équipe des fonctionnaires de l’Enseignement primaire, secondaire et technique partis sensibiliser les enseignants sur l’utilisation du Lingala en lieu et place de l’Otetela comme première langue d’apprentissage, a dit Lambert Mende qui a qualifié cette initiative «d’agression culturelle».

Selon lui, «imposer aux élèves du Sankuru une autre langue que l’Otetela comme langue du premier apprentissage induit l’anéantissement de la culture et de l’avenir de cette province».

Après avoir rappelé qu’un projet analogue avait était initié sans succès au début des années 1970, l’élu du Sankuru s’est interrogé sur les motivations profondes de réactivation de ce programme sans en consulter au préalable les populations bénéficiaires ne fut-ce qu’à  travers leurs élus à Lusambo, chef-lieu de province, ou à Kinshasa, siège du parlement.

L’opportunité d’un tel projet en ce moment précis mérite aussi d’être questionnée, a dit Lambert Mende qui souligne «la remise en selle de ce programme simultanément avec le rapatriement annoncé des reliques du héros national Patrice-Emery Lumumba et la mise en œuvre effective de Lumumbaville au Sankuru par le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi».

C’est comme si, a-t-il estimé, des gens veulent diluer auprès des larges couches des populations du Sankuru ce bel hommage que le Chef de l’Etat a décidé de rendre au père de l’indépendance nationale.

Pour Lambert Mende, le Lingala ou toute autre langue nationale peut être enseigné en option, à côté de la langue officielle qu’est le Français mais l’Otetela, la langue maternelle du Sankuru, devrait demeurer la première langue d’apprentissage des enfants.

Il a estimé que les problèmes qui se posent au secteur de l’enseignement au Sankuru concernent notamment les infrastructures scolaires, la multiplication en nombre suffisant des manuels d’enseignement (y compris en Otetela) déjà existants et la rémunération décente ainsi que la motivation d’un nombre de plus élevé d’enseignants consécutivement au programme de la gratuité de l’enseignement fondamental mis en œuvre par le Président de la République Félix Tshisekedi.

Il a rappelé qu’au Sankuru, de nombreux ouvrages en langue Otetela ont été édités depuis plusieurs décennies, notamment le dictionnaire Otetela-Français, les manuels scolaires comme « Tshasa », le « Tako dia tondo » et «Tako dia hende» pour les deux premières années du primaire ainsi que les bibles en Otetela pour l’enseignement confessionnel aussi bien catholique que protestant.

Il a, parmi ces ouvrages, cité à titre d’exemple le répertoire de onze mille proverbes publié en lange Otetela par l’abbé Louis Wemalowa Tokopanga, alors que certaines langues dites nationales ne peuvent pas aligner un répertoire en contenant plus de deux mille.

Appel à l’unité pour la protection de la culture

Par ailleurs, Lambert Mende a appelé le peuple Otetela à se mettre ensemble, à travailler dans l’unité afin de protéger et de promouvoir la culture Otetela. « Nous devons envisager des initiatives de protection des cultures congolaises, pas seulement la culture Otetela mais aussi d’autres cultures, notamment par  l’érection des musées dans nos provinces », a-t-il dit.

Relayant l’appel de l’évêque du diocèse de Tshumbe dans la province du Sankuru, Mgr Nicolas Djomo, il a déclaré : «Mobilisons-nous contre cette forfaiture car on veut enterrer la langue maternelle de Patrice-Emery Lumumba alors que nous célébrons le 60ème anniversaire de son assassinat».

Aussi, a-t-il appelé à tous les intellectuels, les politiciens, les acteurs sociaux, les historiens, les universitaires du Sankuru  à se déconnecter des querelles politiciennes afin de se mettre ensemble pour protéger la culture Otetela. « Nous devrions nous mettre ensemble comme nous l’avons été pour la construction de Lumumbaville », a-t-il renchérit.

Et Lambert Mende de prévenir que les Otetela ont hérité de leurs aïeux un esprit de résistance à toute politique de sujétion. C’est ce qui reflète l’axiome « Otetela keema fumbe », c’est-à-dire, l’Otetela ne peut pas être réduit en esclave », a-t-il traduit. ACP/Kayu/FMB

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