Kinshasa, 03 mai 2022 (ACP).- Le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a enjoint au gouvernement de matérialiser les projets d’électrification sur l’ensemble du territoire national afin de réduire le retard de développement accumulé par la RDC dans le domaine énergétique.
Le Chef de l’Etat a donné ces instructions au cours de la cinquante et unième réunion du Conseil des ministres du gouvernement de la République qu’il a présidée vendredi dernier en visioconférence, depuis Lubumbashi, où il séjournait dans le cadre de la conférence interprovinciale Grand Kasaï – Grand Katanga.
« Pour garantir l’accès en eau potable et en électricité qui est un droit constitutionnel, et au regard des difficultés qu’éprouvent nos populations dans ce domaine, le Président de la République a appelé à une bonne structuration de ce secteur afin de réduire sensiblement le retard de développement accumulé par notre pays durant plusieurs décennies et de répondre aux grandes attentes de notre peuple », a indiqué, dans son compte-rendu, le ministre de la Communication et médias, Patrick Muyaya.
Selon le porte-parole du gouvernement, il existe aujourd’hui plusieurs offres d’investissement dans le domaine énergétique.
Il s’agit notamment de la proposition du gouvernement indien de financer l’implantation de centrales solaires à Karawa (15 MWc), Lusambo (10 MWc), Mbandaka (10 MWc), Mbuji-Mayi (15 MWc) et Manono (10 MWc).
Il est impérieux, a souligné le ministre Muyaya, que le gouvernement réserve un caractère urgent aux projets d’électrification du pays, et particulièrement au traitement des projets relatifs à l’offre mentionnée ci-dessus.
Il en est de même pour les projets d’implantation de petites et moyennes centrales solaires et éoliennes présentés par différents investisseurs aux autorités compétentes pour analyse et décision.
« Pour la matérialisation de ce projet, le Président de la République a chargé le vice-Premier ministre en charge des Affaires Étrangères, le ministre des Ressources Hydrauliques et électricité ainsi que le ministre des Finances à faire l’état des lieux qui permettra aux Congolaises et Congolais de bénéficier de leurs droits de base », a-t-il souligné.
Il sied de rappeler que le Président Félix Tshisekedi avait promis de faire de l’électrification de la RDC une priorité économique de son mandat, lors du premier forum sur l’énergie électrique en RDC tenu en août 2019 à Matadi. « Nous avons une responsabilité historique », avait déclaré le Chef de l’Etat.
Malgré son énorme potentiel hydroélectrique, la RDC connaît l’un des faibles taux de fourniture en électricité des pays africains. Il varie entre 10 et 15% de desserte pour plus de 80 millions d’habitants et une industrie minière fonctionnant avec un déficit de plus de 2.500 mégawatts.
C’est l’un des nombreux paradoxes de la RDC. Le potentiel hydroélectrique de ce pays, estimé à 100 mégawatts, la place parmi les 5 plus importants au monde. Et pourtant, selon la Banque mondiale, si l’électrification se poursuit au rythme de ces 10 dernières années, 80% de la population vivra toujours sans accès au réseau électrique d’ici 2030.
Et pour cause, « la RDC n’a plus connu d’avancées significatives dans le développement de sa production électrique depuis 1982 », selon le président Tshisekedi, alors que sa population a quasiment triplé dans le même temps. A cela s’ajoute un réseau de distribution en mauvais état et carrément inexistant dans la majorité du pays.
Pour venir à bout de ce paradoxe, la RDC avait voté en 2014 pour la libéralisation du secteur, mais elle n’a été que très partiellement mise en œuvre, ce qui a dissuadé les investisseurs.
La réforme prévoyait notamment la création d’une agence de régulation et d’une autre pour l’électrification rurale, toujours inexistantes. Tout comme les mesures fiscales incitatives annoncées à l’époque.
En attendant, plus de 90% de l’énergie consommée dans le pays provient du bois, ce qui menace les forêts congolaises. Sans oublier les conséquences sur l’économie. « Une entreprise sur deux considère l’électricité comme un obstacle majeur à sa croissance », selon la Banque mondiale.
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