Kinshasa, 29 mai 2024 (ACP).- Du sommet de Mont Ngaliema, siège de l’Institution Président de la République démocratique du Congo, la fumée blanche tant attendue s’est dégagée la nuit du mardi au mercredi, annonçant la venue du gouvernement Judith Suminwa, deux mois après sa nomination.
Constituée de 54 membres, l’équipe gouvernementale SUMINWA est globalement équilibrée et a suffisamment de compétences pour remplir la mission lui confiée.
Le reflet de la rupture attendue est perceptible, même si elle reste néanmoins à consolider.
En dépit du retard accumulé, le gouvernement devrait rapidement se mettre au travail afin de répondre aux attentes de la population.
Parmi celles-ci, on peut citer notamment l’amélioration de la situation sécuritaire, la diversification de l’économie nationale et l’accès aux besoins sociaux de base se traduisant en termes d’eau, électricité, soins de santé et éducation des enfants.
La création de l’emploi et la protection du pouvoir d’achat des ménages, la stabilisation de la monnaie et le renforcement de l’efficacité du service public sont à ajouter pour compléter lesdits besoins.
Ce qu’il faut retenir du gouvernement Suminwa
1. Taille : Un gouvernement de 54 membres, soit trois portefeuilles de moins par rapport au gouvernement précédent. Une légère réduction certes, mais aussi un pas témoin vers la réalisation de la réduction du train de vie des institutions.
2. Composition : Le gouvernement est composé de 6 vice-premiers ministres, 10 ministres d’Etat, 24 ministres, 4 ministres délégués et 10 ministres délégués ; avec 30 nouveaux visages qui intègrent l’exécutif, 15 anciens ministres reconduits à leurs postes et 9 réaffectés à d’autres portefeuilles.
3. Profil : les CV des membres du gouvernement nommés parlent en leur faveur. Globalement, les critères de compétence, d’expertise et de probité morale ont été bien observés. Si le come-back de MUKOKO SAMBA ou encore des dames comme Raissa MALU au sein de l’exécutif, par exemple, est vu d’un bon œil, tout comme l’entrée de l’opposant Constant Mutamba qui crée la surprise, la longévité au gouvernement de certaines grandes figures, par contre, suscite des commentaires en sens divers.
4. Représentativité féminine : 18 femmes (y compris la Première Ministre) contre 38 hommes, soit 32 % de femmes ; ce qui renforce la qualité de champion de la masculinité positive du Président de la République et rencontre les desiderata des organisations féminines qui réclamaient une représentativité de 30 % au moins. Ce qui constitue également une avancée très significative dans la prise en compte de la dimension genre dans la conduite des affaires de l’Etat.
5. Représentativité nationale : L’équilibre géopolitique est globalement respecté avec la présence de différentes zones linguistiques dans cette équipe gouvernementale. Ce qui représente une réponse aussi bien à l’exigence constitutionnelle qu’au souhait exprimé par plusieurs regroupements et formations politiques ainsi que les organisations de la société civile lors des consultations menées par la Première Ministre Judith SUMINWA TULUKA, en avril dernier.
6. Ouverture : Un ministre vient de l’opposition politique, en l’occurrence Constant MUTAMBA, et bien d’autres de la société civile. Cela traduit une ouverture d’esprit de la Première Ministre et sa volonté de mettre à contribution toutes les compétences nécessaires quelle qu’en soit l’origine.
7. Fusion, innovations, suppression et nouvelles dénominations :
a) Fusion
– Ministère du numérique et ministère des PTNTIC
– Ministère de l’Industrie et ministère des Petites et Moyennes Entreprises
– Ministère de l’Education nationale et ministère de la Nouvelle citoyenneté.
b) Nouvelles dénominations
– Vice-primature de la Défense nationale et Anciens combattants
– Vice-primature de la Fonction Publique, Modernisation de l’administration et Innovation du service public
– Vice-primature du Plan et de la Coordination de l’aide au développement
– Ministère d’Etat en charge de l’agriculture et sécurité alimentaire
– Ministère de la Santé publique, Hygiène et prévoyance sociale
– Ministère de la Culture, Arts et Patrimoine
– Ministère de la Jeunesse et Eveil patriotique.
c) Suppression
– Ministère des Relations avec le Parlement
– Ministère de l’Entrepreneuriat
– Vice-ministère du Plan.
d) Innovations
– Ministre délégué près le ministre des Affaires étrangères en charge de Coopération internationale et Francophonie
– Ministre délégué près le ministre de l’Urbanisme et Habitat en charge de la politique de la ville
– Ministre délégué près le ministre de l’Environnement durable en charge de la Nouvelle économie du climat.
La classe politique et la population congolaise s’expriment
Le premier gouvernement du deuxième mandat du Président de la République démocratique du Congo conduit par la Première ministre Judith Suminwa a été bien accueilli par la classe politique et la population congolaise, selon les divers avis recueillis mercredi par l’ACP.
« Je suis satisfait de voir de nouvelles compétences, comme Daniel Mukoko Samba, Jaquemain Shabani et beaucoup d’autres jeunes et femmes. Je leur souhaite bon vent et que la RDC gagne », a déclaré Simon Fuka Ntanda, haut cadre du parti politique Convention pour la République et la démocratie (CRD), appartenant au deuxième vice-président de l’Assemblée nationale.

Le Chef de l’Etat et la Première ministre (ph. arch)
« Je crois que la République doit se construire autour des principes démocratiques et pour le cas d’espèces les institutions doivent incarner cette démocratie. Le gouvernement de la République qui est mis en place est une expression manifeste de cette démocratie », a dit pour sa part Jean-Serge Onyumbe, secrétaire national en charge de la communication et porte-parole de l’Alliance des paysans, des ouvriers et de la classe moyenne (APOCM).
« Nous espérons voir des hommes et des femmes qu’il faut à la place qu’il faut. Nous pensons qu’il faille insister sur les réalisations sur terrain, rester un peu plus proche de la population, ne pas retomber dans les ratés, les erreurs constatées au cours du mandat précédent, la gabegie financière, le gouvernement budgétivore », a-t-il renchéri.
Pour sa part, Stéphane Nyako, habitant de la commune de Kasa-Vubu s’est exprimé en ces termes : « comme tout Congolais, je me réjouis qu’on ait enfin un gouvernement, il était temps quand même que l’on puisse tourner une certaine page. On attend voir ce que va nous amener cette nouvelle équipe gouvernementale ».
Ce dernier a souligné la nécessité d’une administration forte, avant de relever non seulement la présence de quelques technocrates dans ce nouveau gouvernement mais surtout une forte présence des femmes. ACP/