Goma, 02 août 2024 (ACP).- Plus de 1.500 victimes des massacres et des bombardements aveugles ont déjà été enterrées depuis le déclenchement de la guerre du M23/RDF au Nord-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo, a déclaré un des rescapés intervenant vendredi à l’hôtel Serena à l’occasion de la commémoration de la journée nationale du Genocost, a appris l’ACP.
« J’ai fui la guerre à partir du territoire de Rutshuru, depuis le 21 juin 2022. Depuis ce jour-là, nous avons compté plus de 1.500 victimes déjà enterrées, qui sont mortes soit par des bombardements des terroristes du M23/ RDF soit suite aux mauvaises conditions de vie ici dans le camp des déplacés », a déclaré M. Mulengera Faustin, un survivant qui dit avoir perdu les membres de sa famille dans la fuite de la guerre.
Et de s’interroger : « il m’arrive parfois de me poser la question, pourquoi, je suis né Congolais? Pourquoi suis-je né dans l’Est de la RDC? Pourtant, c’est la volonté de Dieu qui nous a placés ici dans cette partie du pays. Nous, déplacés survivants des atrocités de cette guerre nous imposée par le Rwanda, nous vivons de la mendicité et même nos enfants n’ont plus droit à l’éducation. Nous plaidons pour le retour de la paix, rien que la paix pour que nous retournions chez nous et refaire la vie ».
Mme RKJ (initiales pour raison de sécurité), survivante d’un viol, a raconté dans son témoignage comment elle a été victime d’un viol collectif et après la sale besogne de ses bourreaux, ils ont étranglés son mari et son premier fils.
« Moi et mon mari avions décidé de ne pas fuir au premier jour des attaques dans mon village, en territoire de Rutshuru », a-t-elle témoigné.
« Nous nous sommes enfermés dans la maison. La nuit tombée, malheureusement, lorsque les rebelles du M23 étaient en train de passer devant la maison, notre petit enfant a poussé un cri en pleurant. Directement ces terroristes ont détruit la porte de notre maison. Ils ont pris mon mari et mon premier garçon. Ils les ont ligotés dans une chambre et moi, dans l’autre pour abuser de moi, lorsqu’ils ont fini avec moi, ils se sont directement dirigés vers la chambre où étaient mon mari et mon garçon, ils les ont étranglés puis ils sont partis ».
« Je suis actuellement à Goma par la fuite, mais la vie ici devient invivable. Je ne sais plus à quel Saint me vouer. Je ne peux que demander la paix, car nous souffrons atrocement dans les sites de déplacés », a-t-elle soutenu.
Appel à la Communauté international
Le gouverneur de la province du Nord-Kivu, le général major Peter Chirimwami, quant à lui, a dénoncé le fait que la communauté internationale semble avoir oublié la guerre à l’Est de la RDC.
« Nous commémorons les victimes des atrocités et du génocide congolais pour des fins économiques, la guerre nous imposée par le Rwanda et les terroristes ADF, malheureusement, une guerre qui dure plus de trois décennies, mais qui semble être oubliée par la communauté internationale », a-t-il fait observer comme pour en appeler à plus d’attention sur ce qui se passe au Nord-Kivu.
De son côté, le ministre des Mines, Kizito Pakomba, représentant du Gouvernement central, a fustigé le fait que le sang des Congolais a assez coulé et continue à couler.
« Il faut que la paix revienne et que la justice soit établie », a insisté cet homme d’Etat congolais, avant de justifier sa présence comme étant « un témoignage fort et également du Chef de l’Etat pour la paix et la sécurité dans cette partie du territoire national, car il ne ménage aucun effort pour que la paix revienne et que tout le monde retourne dans son milieu naturel ».
« Aux survivants, vous n’êtes pas seul. Nous sommes déterminés à rétablir la paix sur toute l’étendue du territoire national. C’est le moment de nous unir comme un seul homme, car l’espoir est la seule chose à laquelle nous pouvons nous accrocher », a exhorté le ministre des Mines.
Enterrement de sept dernières victimes des bombardements du M23

Entouré des autorités provinciales du Nord-Kivu, le ministre des Mines et représentant personnel le Chef de l’Etat aux activités commémorative du génocide congolais dans cette partie de la RDC, a assisté vendredi au cimetière du Genocost de Kibati-Nyiragongo, à l’enterrement de sept dernières victimes des bombardements de la coalition M23/AFC-RDF. Ces bombardements aveugles remontent à la matinée du lundi 15 juillet 2024.

Le ministre des Mines, Kizito Kapinga, entouré des plusieurs officiels du Nord-Kivu, a lâché vendredi au rond-point Bedel, des « ballons blancs » dans les airs, symbolisant la paix. C’était également en mémoire des millions de victimes de la guerre qui n’a que trop duré dans l’est de la République démocratique du Congo. ACP/C.L.