Bruxelles, 15 octobre (ACP).- Cinq métisses belgo-congolaises ont assigné l’Etat belge en justice pour crimes contre l’humanité et introduit une action en responsabilité civile devant le tribunal de première instance de Bruxelles, a-t-on appris jeudi, de sources concordantes.
Ces femmes, nées au Congo belge, entre 1946 et 1950, de l’union d’un Belge et d’une Congolaise, ont été arrachées à leur foyer pour être placées dans des orphelinats, en Belgique, ont-elles dit.
Des milliers d’enfants nés d’un père blanc, agent de la colonie, et d’une mère noire étaient considérés comme une menace par le système colonial, rappelle-t-on. Ils étaient enlevés à leur mère et confiés à des religieux. Entre 1959 et 1962, des centaines d’entre eux ont été envoyés en Belgique où ils ont été adoptés par des familles belges ou placés dans des institutions.
«Mes clientes ont été enlevées, maltraitées, ignorées, expulsées du monde. Elles sont la preuve vivante d’un crime d’État non avoué, et bientôt il n’y aura plus personne pour témoigner. Si elles se battent pour que ce crime soit reconnu, c’est pour leurs enfants, leurs petits-enfants, car ce traumatisme se transmet de génération en génération. Nous vous demandons de nommer le crime et de condamner l’État belge», a souligné Me Michèle Hirsch, l’avocate des cinq femmes.
Victimes d’une ségrégation ciblée
En avril 2019, devant la Chambre des représentants, le Premier ministre belge Charles Michel avait présenté les excuses de son pays aux métis, nés durant les années 1940 et 1950, qui avaient été victimes de discriminations durant et après la période coloniale. Ces enfants étaient alors confiés à des congrégations religieuses ou placés dans des orphelinats, en Belgique, précise-t-on. Selon des sources crédibles, il y aurait entre 14.000 et 20.000 enfants métis nés dans les trois colonies belges : le Congo, le Rwanda et le Burundi.
« Au nom du gouvernement fédéral, je reconnais la ségrégation ciblée dont les métis ont été victimes sous l’administration coloniale du Congo belge et du Ruanda-Urundi jusqu’en 1962, suite à la décolonisation, ainsi que la politique d’enlèvements forcés y afférente », avait déclaré M. Michel..
« En mettant en place dans l’Afrique coloniale belge un système de ségrégation ciblée à l’encontre des métis et de leurs familles, l’Etat belge a posé des actes contraires au respect des droits humains fondamentaux », avait estimé le Premier ministre.
Les cinq plaignantes réclament, chacune, un dédommagement de 50.ooo (cinquante mille) euros, indique-t-on. Kayu/SGB/NNG/Nig/KMT