Kinshasa, 28 décembre 2023 (ACP).- Pour la première fois dans l’histoire des élections en République démocratique du Congo, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) émet sur la même longueur d’onde que la Commission électorale nationale indépendante (Céni) sur la publication progressive des résultats partiels de la présidentielle de décembre.
Aussitôt les scrutins terminés dans la majorité des bureaux de vote, malgré les violences et les ratés techniques, la Céni s’est lancée dans le délicat exercice de publication graduelle des résultats électoraux.
Le 22 décembre, à quelques jours de Noël, les premiers résultats de la présidentielle sont tombés avec des écarts énormes entre le président candidat Félix-Antoine Tshisekedi et ses poursuivants.
Des circonscriptions concernées par cette première vague qui a touché toutes les provinces sauf Kinshasa, le Haut-Katanga et le Haut-Lomami, ont donné le président candidat Tshisekedi gagnant avec plus de 80 % des suffrages exprimés.
Au fil des publications, la tendance s’est confirmée, s’étendant de l’est à l’ouest, et du nord au sud, que le président candidat a réalisé un score qui ne fait l’ombre d’aucun doute sur sa victoire.
Comme pour confirmer la tendance, la mission d’observation conjointe des églises catholique et protestante indique que « grâce au dispositif de comptage parallèle des voix qu’elle a mis en place, elle a constaté qu’un candidat s’est largement démarqué des autres, avec plus de la moitié de suffrages à lui seul« .
« Pour la première fois, la Cenco est d’accord avec la Céni dans l’histoire électorale de la République démocratique du Congo« , a noté Moïse Musangana, expert de l’histoire électorale en RDC.
En 2006, le cardinal Frédéric Etsou, Archevêque de Kinshasa s’était farouchement opposé à la proclamation de Joseph Kabila comme vainqueur de la présidentielle, contredisant par des mots durs, l’ancien président de la Céni, l’abbé Apollinaire Malumalu, prêtre catholique.
En 2011, son successeur le cardinal Laurent Monsengwo a eu des mots plus durs encore, estimant que les résultats publiés par la Céni n’étaient « conformes ni à la vérité ni à la justice« , parce que le vainqueur était l’opposant historique Etienne Tshisekedi, le père de l’actuel président.
En 2018, l’épiscopat catholique avait empoigné le bâton de la contestation électorale en considérant que le gagnant de la présidentielle n’était pas l’actuel chef de l’Etat Félix Tshisekedi mais l’autre opposant Martin Fayulu qui a exigé « la vérité des urnes« .
Le nouveau narratif de la Cenco associé à l’Eglise du Christ au Congo (ECC) va, à coup sûr, énerver certains opposants, mais surtout apaiser les électeurs qui s’étaient massivement rendu dans des bureaux de vote pour choisir démocratiquement leurs dirigeants.
Les scrutins ont enregistré des ratés notamment dans l’ouverture de quelques bureaux de vote et des violences contre les agents de la Céni. Les observateurs, la Céni elle-même, les opposants et les autorités, ont reconnu l’existence de quelques difficultés.
Une frange de l’opposition a appelé à l’annulation des scrutins
L’Eglise catholique revendique près de 40% de la population de la RDC. Elle est très engagée avec les protestants de l’ECC dans le processus d’accompagnement citoyen des élections de 2023 notamment dans l’observation. ACP/C.L.