Kinshasa, 10 mars 2302(ACP).- L ‘opposition turque s’est unie face à un Erdogan en désignant le leader du Parti républicain du peuple (CHP), Kemal Kiliçdaroglu pour défier Recep Tayyip Erdogan, lors des élections prévues le 14 mai prochain, ont rapporté, vendredi, les médias internationaux.
Il reste dix semaines à Recep Tayyip Erdogan pour s’imposer face à un président affaibli par la crise économique et les séismes survenus voilà un mois, selon les sources.
La campagne Présidentielle s’ouvre officiellement vendredi 10 mars en Turquie. Et le président Recep Tayyip Erdogan, en lice pour un nouveau mandat, connaît désormais son principal adversaire.
À 74 ans, cet ancien fonctionnaire, souvent présenté comme « l’antithèse d’Erdogan », a été désigné après des semaines de tractations et de débats par la « Table des six », l’alliance regroupant les six principaux partis d’opposition.
Kemal Kiliçdaroglu, un « Gandhi turc » face à Erdogan
La « Table des six », qui brasse tout le spectre politique allant de la Gauche à la Droite, aura eu bien du mal à départager ses favoris pour la présidentielle.
Tout le week-end précédant l’annonce de la désignation de Kemal Kiliçdaroglu a ainsi été marquée par des tensions et disputes. La coalition semblait même sur le point d’imploser lorsque Meral Aksener, égérie de la droite nationaliste et à la tête du deuxième mouvement du groupe, a menacé de claquer la porte.
À 74 ans, cet ancien haut fonctionnaire, longtemps directeur de la Sécurité sociale turque, est devenu l’un des principaux visages de l’Opposition au président.
Depuis 2008, il a fait parler de lui à plusieurs reprises en révélant des affaires de corruption éclaboussant des membres de l’AKP, le parti Présidentiel.
En 2017, celui qu’on surnomme « le Gandhi turc » pour son calme et sa ressemblance avec le leader indien a aussi marqué les esprits en parcourant 450 kilomètres à pied, d’Ankara à Istanbul, pour dénoncer « l’autoritarisme du pouvoir ».
En 2019, c’est aussi son parti qui a réussi à rafler plusieurs grandes villes, dont Istanbul, après plus de 20 ans passés aux mains de l’AKP.
Malgré ces succès, beaucoup, au sein de la coalition, lui reprochent son manque de charisme et auraient préféré la candidature du maire d’Istanbul ou de celui d’Ankara – d’ailleurs mieux placés que lui dans les sondages.
« Mais ce que certains considèrent comme un manque de charisme pourrait finalement se révéler être un atout pendant la campagne », estime Didier Billion.
« Kemal Kiliçdaroglu jouit d’une image totalement contraire à celle de Recep Tayyip Erdogan, vu comme autoritaire et belliqueux. Or, la population a envie de ce calme. »
Les Kurdes, arbitres du scrutin
La nomination de Kemal Kiliçdaroglu pourrait présenter un autre avantage : rallier le vote kurde à la Table des six.
Issu d’une fratrie anatolienne de sept enfants, le candidat est en effet originaire de la région de Dersim, à majorité kurde, et membre de la minorité alévie, une branche hétérodoxe de l’islam.
À lui seul, il pourrait donc convaincre l’aile nationaliste de l’Alliance, garder ses électeurs de gauche et aller chercher le vote du parti prokurde, le Parti démocratique des peuples (HDP).
« Environ un tiers de la population kurde, sunnite conservatrice, vote traditionnellement pour Recep Tayyip Erdogan », précise Aurélien Denizeau.
« Mais le vote des deux tiers restants, majoritairement ralliés au HDP, est plus incertain.
Il s’agit de la troisième formation au Parlement turc. Elle est créditée d’environ 10 % des suffrages. Ce sera l’arbitre de ces élections ». ACP/