Bruxelles, 14 décembre 2024 (ACP).– Le documentaire « Panda Farnana, un Congolais qui dérange », réalisé par Françoise Levie sur le parcours de cet agronome congolais, a été projeté vendredi soir à Bruxelles, à l’ambassade de la République démocratique du Congo au Benelux, suivi d’un débat sur « la problématique de l’enseignement de la colonisation et de la décolonisation ».
« Il faut renverser la table, c’est-à-dire jeter un regard critique sur l’histoire coloniale, telle qu’elle a été écrite par les vainqueurs. Aujourd’hui, les Congolais, nouveaux vainqueurs, doivent écrire eux-mêmes leur histoire », a déclaré le professeur Mathieu Zana Etambala, historien congolais, au cours du débat qui a suivi la projection.
Ce professeur à la KULeuven a salué au passage le travail réalisé dans ce domaine par ses collègues Isidore Ndaywel, Jacob Sabakinu, Antoine Lumenga Neso et Gérard Pilipili, notamment.
Le film « Panda Farnana, un Congolais qui dérange » retrace la vie de ce Congolais, né dans l’actuelle province du Kongo central, et arrivé en Belgique en novembre 1895, à l’âge de sept ans. Accueilli dans une famille belge, Paul Panda Farnana réussit avec distinction ses études à l’école d’Horticulture de l’État à Vilvorde, près de Bruxelles, et se perfectionne dans l’étude des plantes tropicales.
En 1909, le jeune agronome retourne pour la première fois au Congo comme fonctionnaire envoyé par la Belgique et s’occupe de la formation professionnelle des jeunes Noirs. Il est ensuite envoyé au Jardin botanique d’Eyala, dans la province de l’Equateur puis à la Station agricole de Kalamu près de Boma, au Kongo central. En même temps, il découvre « les réalités de la servitude coloniale ».
En 1911, il rentre en Belgique et, lorsque la première guerre mondiale éclate, en 1914, il s’engage dans l’armée et est fait prisonnier par les Allemands. Pendant les quatre années passées dans le camp, il est interpellé par le fait qu’aucun de ses compagnons d’infortune venus d’Afrique, dont des artilleurs sénégalais, ne savait ni lire ni écrire.
Plus tard, grâce à un prêtre jésuite travaillant aux Etats-Unis, Paul Panda entre en contact, en 1922, avec les milieux afro-américains. Il s’engage dans les combats sociaux et les revendications humanistes, décriant notamment les atrocités dans la colonie, les enlèvements des enfants métis de leurs parents et la débauche des colons sur les femmes noires.
Il fonde « l’Union congolaise », une organisation regroupant une trentaine de Congolais vivant en Belgique, en majorité illettrés pour lesquels il organise des cours d’alphabétisation et, en même temps, il mène un plaidoyer pour la création des écoles au Congo.
ACP/C.L.