Kinshasa, 20 juin 2025 (ACP).- Un déséquilibre dans l’accès aux médias a été déploré par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de communication (CSAC), dans son rapport de monitoring, vendredi à Kinshasa, en République démocratique du Congo, sur le respect du pluralisme politique dans les bulletins d’information des médias audiovisuels du pays.
«Ce rapport présente les résultats de l’analyse des contenus médiatiques, met en évidence les déséquilibres constatés, et propose des mesures correctives pour renforcer l’équilibre du pluralisme politique dans les médias congolais», a déclaré Christian Bosembe, président du CSAC.
«Le pluralisme politique, pierre angulaire de toute démocratie, repose sur la reconnaissance et la coexistence de diverses opinions, idéologies et forces politiques de l’espace public. Il implique un accès équitable aux médias pour l’ensemble des acteurs politiques, permettant ainsi aux citoyens de se forger une opinion éclairée», a-t-il expliqué.
Christian Bosembe a noté que ce monitoring a été réalisé sur un échantillon représentatif de médias audiovisuels, sélectionnés sur base de critères de diversité de l’offre médiatique, de l’importance de l’audience et de l’influence sur l’opinion publique, la couverture nationale ainsi que la diffusion de contenus à caractère politique.
Le président de cette institution d’appui à la démocratie a, par ailleurs, indiqué que les analystes du Centre de monitoring des médias du Congo (CMMC) ont examiné le temps d’antenne et le temps de parole accordés aux différents acteurs politiques, la diversité des invités et des intervenants, le ton et l’orientation des discours ainsi que l’équilibre dans le traitement des informations politiques.
Constats et tendances générales
Selon M. Bosembe, les résultats de cette étude ont été quantifiés et comparés afin d’évaluer l’équilibre et le déséquilibre du pluralisme politique dans chaque média.
«Les analyses effectuées révèlent un déséquilibre significatif dans la représentation des courants politiques dans les médias étudiés», a-t-il précisé.
Il s’agit notamment d’une forte prédominance de certaines sensibilités politiques au détriment d’autres, compromettant ainsi le débat démocratique, le déséquilibre particulièrement marqué dans les médias publics qui devraient pourtant garantir un accès équitable à tous les acteurs politiques, le manque de diversité des sources d’information, avec une tendance à privilégier certains discours au détriment d’autres, et enfin l’absence d’une ligne éditoriale équilibrée dans certains médias privés qui favorisent parfois excessivement un camp politique spécifique.
Pour le CSAC, ces constats soulignent la nécessité d’une meilleure régulation et d’une responsabilisation accrue des gestionnaires de médias publics et privés.
«Les médias jouent un rôle essentiel dans la consolidation de la démocratie», a dit Christian Bosembe.
Pour remédier aux déséquilibres constatés, le CSAC a préconisé des mesures correctives, notamment l’imposition de quotas de temps de parole, pour garantir un équilibre dans la représentation des courants politiques sur les médias publics et ceux bénéficiant d’une concession de l’Etat; l’encadrement et le renforcement des obligations légales des médias en matière de pluralisme politique, avec des sanctions en cas de non-respect; le renforcement du suivi du CSAC, avec un monitoring permanent du pluralisme politique et la publication régulière de rapports détaillés ainsi que de l’organisation d’un dialogue entre les médias, les acteurs politiques et la société civile pour discuter de meilleures pratiques à adopter en matière de couverture médiatique équilibrée.
«Ces recommandations visent à garantir un accès équitable aux médias pour toutes les forces politiques afin de renforcer la crédibilité et la neutralité du paysage médiatique congolais», a fait savoir le président du CSAC.
Ce rapport de 28 pages a été élaboré dans le cadre de la mission de régulation du CSAC. Il a été mené par le CMMC, sur un échantillon de médias congolais de Kinshasa au cours du mois de décembre 2024. Le CSAC, conformément à ses prérogatives, a promis de veiller à ce que les médias respectent leurs obligations en matière d’équilibre du pluralisme politique afin de garantir un débat public plus inclusif et équitable en RDC.
ACP/ODM