Kinshasa, 24 novembre 2024 (ACP).- Une réforme constitutionnelle inclusive répondant aux besoins des Congolais a été proposée dimanche, à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, lors d’un entretien avec un acteur politique.
« Je soutiens une relecture en profondeur de la constitution de notre pays pour la rendre inclusive, répondant aux besoins essentiels de l’homme congolais et favorisant une paix durable », a déclaré Eric Masamba, acteur politique de la RDC.
Il a articulé ses propositions autour de dix axes majeurs, fondés notamment sur l’équité, l’équilibre régional et l’inclusivité, mais aussi sur un souci de répondre aux besoins fondamentaux de la population.
Une représentation équitable à travers la « quadri-polarisation»
Eric Masamba a recommandé une restructuration du pouvoir en RDC basée sur une « quadri-polarisation », répartissant équitablement les responsabilités entre les quatre grandes régions linguistiques du pays, à savoir les régions swahiliphone, lubaphone, lingalaphone et kikongophone.
Ce principe, selon lui, permettrait de garantir une meilleure inclusion et de promouvoir la paix sociale en reconnaissant la diversité culturelle et linguistique de la RDC.
Il a proposé que le Président de la République soit accompagné de trois ou quatre vice-présidents, issus de ces différentes régions linguistiques. Ce modèle se déclinerait également au niveau provincial et local, assurant une représentation équitable à tous les échelons administratifs et politiques, a-t-il insisté.
Pour corriger les déséquilibres historiques entre diverses zones, le chercheur a suggéré une « démocratie arithmétique », fixant une représentation régionale stricte de 25 % pour chacune des quatre grandes régions linguistiques. Ce quota, a-t-il soutenu, devra s’appliquer à tous les niveaux, des assemblées législatives aux gouvernements nationaux et provinciaux.
Une telle réforme garantirait aussi une équité durable et une meilleure cohésion nationale en alignant les institutions sur les réalités sociolinguistiques du pays, a-t-il dit.
Mandat unique et rotation des responsabilités
Une autre réforme majeure préconisée par M. Masamba est l’instauration d’un mandat présidentiel unique de sept ans, non renouvelable, et rotatif entre les quatre grandes régions linguistiques.
« Un septennat unique mettrait fin à la personnalisation du pouvoir et offrirait à chaque région une chance équitable de contribuer à la gestion de la nation », a-t-il expliqué.
Le futur président de la République devrait, selon lui, « former une équipe diversifiée, incluant une femme, un jeune et une personne vivant avec un handicap ».
Pour résoudre les tensions post-électorales, souvent exacerbées par le mode de scrutin actuel, Eric Masamba a plaidé pour un suffrage indirect au niveau national et provincial. Les dirigeants seraient ainsi élus par des grands électeurs, désignés au suffrage direct au niveau local.
Ce système, selon le chercheur, peut garantir « une transparence accrue, une réduction des coûts électoraux et une meilleure représentativité des élus ».
Eric Masamba a également insisté sur la nécessité de renforcer l’intégrité des institutions, proposant que tout acte de corruption ou de compromission dans les secteurs public et privé soit sévèrement sanctionné du chef « d’atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation », particulièrement lorsqu’il émane de membres des corps comme la justice, la police, l’armée ou la fonction publique (médecins ou enseignants).
« La justice élève une nation », a-t-il rappelé, soulignant que des institutions fortes et des fonctionnaires correctement rémunérés sont essentiels pour une gouvernance efficace.
Toujours dans son plaidoyer pour une loi fondamentale inclusive, le chercheur a recommandé une protection rigoureuse de la nationalité congolaise, proposant que la ‘‘nationalité d’origine’’ soit inaliénable, tout en interdisant la double nationalité avec des pays voisins, sauf dans des cas de réciprocité clairement établis. Les fonctions souveraines, tant dans le secteur public que privé, devraient être réservées exclusivement aux Congolais d’origine, à l’en croire.
« Seuls les Congolais d’origine, définis comme ceux ayant un ancêtre issu d’un groupe ethnique congolais avant 1960, pourraient occuper des fonctions souveraines », a-t-il martelé.
Une gestion stratégique des ressources naturelles
La gestion stratégique des ressources naturelles figure également parmi les priorités du chercheur. Il a appelé à mettre fin à l’exportation brute des minerais et à privilégier leur transformation locale pour générer plus de valeur ajoutée.
En parallèle, il a souligné le potentiel agricole du pays, qui dispose de 80 millions d’hectares de terres arables. « La RDC peut devenir une puissance mondiale dans les domaines alimentaire et énergétique », a-t-il affirmé.
Pour stimuler l’investissement et lutter contre la fraude fiscale, Eric Masamba a proposé l’instauration d’un « impôt global à taux unique » (ITU). Ce système remplacerait la multiplicité des taxes actuelles par un dispositif simplifié, avec des taux progressifs adaptés aux revenus et à la nature des activités.
« Cette réforme fiscale vise à encourager les investissements, réduire l’économie informelle et renforcer les recettes publiques », a-t-il indiqué.
« Les réformes que j’ai proposées sont essentielles pour garantir une paix durable et construire une société équitable », a conclu M. Masamba.
ACP/