Kinshasa, 1er février 2024 (ACP).- Les Congolais sont privés depuis sept ans de leur leader charismatique, le défunt Etienne Tshisekedi, l’incarnation d’une lutte sans compromission pour l’avènement d’un Etat de droit en République démocratique du Congo demeurée pendant plusieurs décennies sous des dictatures de plusieurs formes.
Tshisekedi-père a quitté la terre des hommes le 1er février 2017 à Bruxelles, capitale de la Belgique après y avoir suivi des soins médicaux. Il était âgé de 85 ans.
Les Congolais l’appelaient affectueusement « Ya Tshitshi » qui signifie « le grand-frère Tshitshi » et vouaient un culte à sa constance dans la défense de la démocratie.
Le Sphinx, c’était le surnom lui flanqué parce que l’homme restait souvent silencieux, mais maniait avec dextérité un discours offensif et percutant contre toutes les dictatures qui ont dirigé le pays.
Grand tribun, le Lider Maximo de l’UDPS, savait parler aux foules, sans nécessairement recourir à des discours fleuves, ni à des littératures compliquées, mais usant des mots simples comme le changement.

Lors de la Conférence nationale souveraine (CNS), sans pour autant prendre la parole pendant le déroulement des travaux, il s’était imposé comme le dépositaire de la vision du changement qu’il portait mieux que ses alter ego de l’opposition de cette époque. En août 1992, il était élu Premier ministre investi de la mission d’appliquer les résolutions de cette CNS.
L’intraitable opposant n’a passé que quelques trois mois comme chef du gouvernement de la République.
Le président Joseph-Désiré Mobutu l’avait limogé pour débaucher ses collaborateurs de l’opposition, les uns plus inefficaces que les autres.
Opposant même mort
Intransigeant, Tshisekedi-père s’est opposé également au régime de son « frère » Laurent-Désiré Kabila tombeur du maréchal Mobutu. A Kabila-père, il avait adressé un message fort de « payer la facture de la guerre » ayant abouti à la chute du président Mobutu.
Une coalition d’armées des pays voisins et d’ailleurs avait mis fin en sept mois au régime Mobutu. Les expéditions rwandaise et ougandaise sont restées gérer le pays avec le nouvel homme fort comme des conquérants.
Kabila-père assassiné dans son bureau le 16 janvier 2001, l’opposant historique ne s’est pas accommodé du nouveau président de la République Joseph Kabila, un jeune de 29 ans, le fils du défunt.

Pour le Sphinx, cette succession n’ayant respecté aucune règle démocratique, était une violation de la Constitution. Officiellement et publiquement voire « en privé », l’opposant n’a jamais salué le président Joseph Kabila durant tout son règne, appelant régulièrement à son « retour » au Rwanda !
Très populaire, ses meetings étaient des moments intenses de communion avec le peuple congolais. Ses adresses étaient souvent ponctuées d’ukases, des fatwa et des mots d’ordre clairs contre les régimes en place.
Puni même après sa mort
Candidat à la présidentielle de 2011, il avait prêté serment dans sa résidence, se considérant comme le vrai vainqueur de ces élections.
Pour le punir même après sa mort, le régime de Kabila-fils avait multiplié des subterfuges, ne facilitant pas le retour de sa dépouille au pays.
Décédé le 1er février 2017, son corps était gardé pendant plus de deux années dans un funérarium en Belgique.
C’est trois mois après l’investiture de son fils que le corps du « père de la démocratie congolaise » avait été rapatrié et enterré avec dignité dans une concession familiale à Nsele, dans la périphérie- est de Kinshasa.
Le mythe du Sphinx est resté intact parce qu’il n’a jamais eu la possibilité de matérialiser sa devise « le peuple d’abord ».
C’est à son fils Félix Tshisekedi et des millions de « Tshisekedis » à travers la RDC qu’il faut l’honorer en mettant en œuvre son projet démocratique et de développement.
ACP/