Soudan : l’ONU exige des garanties de sécurité pour acheminer l’aide humanitaire

Kinshasa, 4 mai 2023 (ACP/APS)-. Au Soudan, l’ONU a exigé des garanties de sécurité « au plus haut niveau »,  pour pouvoir acheminer l’aide humanitaire après le « pillage » de six camions alors qu’ils se dirigeaient vers le Darfour, dans l’ouest du pays, pendant que les combats entre l’armée et les paramilitaires continuent malgré la trêve.

« Ces engagements sont une condition préalable à une action humanitaire à grande échelle« , a déclaré Martin Griffiths, qui s’exprimait depuis Port-Soudan, lors d’une visioconférence avec des journalistes à Genève. « Nous avons besoin d’avoir un engagement au plus haut et très publiquement, et nous devrons concrétiser ces engagements par des accords locaux », a-t-il dit, avant d’indiquer que les camions pillés transportaient de l’aide alimentaire pour le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM). Avant cela, « 17 000 » des 80 000 tonnes de stocks alimentaires d’avant la guerre avaient été volés.

« Il est possible d’acheminer l’aide humanitaire dans les villes où les réfugiés se sont installés« , comme Atbara, à 250 km au nord de Khartoum, souligne-t-il. « En revanche, il est beaucoup plus compliqué d’arriver dans les zones touchées par les combats », du fait « des tirs d’artillerie et explosions qui rendent la situation extrêmement dangereuse pour les humanitaires« .

Explosions et tirs résonnent jeudi 4 mai à Khartoum, au vingtième jour de combats acharnés entre l’armée et les paramilitaires qui se disputent le pouvoir au Soudan, risquant d’entraîner la région dans une crise. Vingt jours après le début du conflit fratricide au Soudan entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, l’acheminement de l’aide humanitaire demeure difficile dans le pays.

Obstacles bureaucratiques

« Les discussions que j’ai eues ici et celles que j’ai eues en chemin à Nairobi m’ont clairement montré que le désir et la volonté des agences humanitaires d’agir sont plus forts que jamais« , a indiqué Martin Griffiths. « Le deuxième aspect sur lequel j’ai déjà commencé à travailler ici aujourd’hui est de s’assurer que nous avons des engagements publics, clairement donnés par les militaires, afin de protéger les systèmes humanitaires pour qu’ils puissent opérer« , a-t-il expliqué.

Martin Griffiths a souligné que les premières cargaisons arrivent au compte-goutte dans le pays, l’un des plus pauvres au monde où un habitant sur trois dépendait de l’aide humanitaire avant la guerre. L’ONU a indiqué être en attente de l’autorisation des douanes pour acheminer « 80 tonnes d’équipements médicaux d’urgence« . « Pour cela, il faut obtenir l’autorisation des militaires et, selon plusieurs ONG qui essayent de travailler sur place, ces démarches sont extrêmement compliquées. L’armée prend son temps, elle ne semble pas pressée de laisser arriver cette aide humanitaire dans le pays« .

« Nous disposons d’un plan pour savoir où nous pourrions nous déployer, nous disposons d’un plan pour l’acheminement des fournitures« , a assuré Martin Griffiths. Mais pour cela, les humanitaires ont besoin « d’un accès » et « d’un pont aérien » a-t-il lancé, avant d’expliquer que l’ONU avait demandé aux parties combattantes « d’accepter des discussions sur l’ensemble des questions humanitaires« . Martin Griffiths a par ailleurs plaidé en faveur d’une levée des « obstacles bureaucratiques à l’acheminement de l’aide au Soudan« .

« Il n’est pas facile d’obtenir des visas ou des certificats de circulation. J’ai moi-même eu quelques difficultés à obtenir des visas, mais d’autres personnes, en particulier des ONG internationales, m’ont dit aujourd’hui qu’elles avaient vraiment besoin d’aide dans ce domaine« , a-t-il détaillé. Mercredi, les équipes de Médecins Sans Frontières au Soudan ont exhorté « les parties au conflit à assurer la circulation en toute sécurité des fournitures et équipements médicaux » afin qu’elles puissent atteindre « les installations médicales et les personnes dans le besoin« . « Sans fournitures médicales vitales, il y aura d’autres pertes de vie » ont-ils alerté. ACP/

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