Kinshasa, 27 août 204 (ACP).- La République démocratique du Congo est actuellement l’épicentre ou le principal foyer de l’épidémie de Mpox (variole du singe) qui sévit en Afrique. Cette épidémie a été déclarée le 14 août 2024 par l’Organisation mondiale de Santé (OMS) “Urgence de santé publique de portée internationale”, son plus haut niveau d’alerte.
La maladie virale contagieuse se manifeste notamment par l’apparition des lésions cutanées. De ce fait, l’ACP a approché le Dr Christian Muteba, dermatologue à la Clinique Ngaliema de Kinshasa qui a expliqué les effets de cette maladie sur la peau.
Question 1 : La RDC est actuellement l’épicentre de l’épidémie de Mpox qui sévit en Afrique. Les éruptions cutanées sont parmi les principaux symptômes de cette maladie. Comment traite-t-on ces éruptions?
Dermatologue: Cette maladie est causée par un virus initialement présent chez un animal, en particulier les rongeurs, et qui circule désormais chez l’être humain. Elle se présente comme la variole humaine déjà éradiquée depuis 1980, mais elle a des symptômes moins graves. Ce virus a été découvert pour la première fois chez l’être humain en 1970 dans la province de l’Equateur, dans le Nord-ouest de la RDC. Du point de vue des symptômes, la période d’incubation est de 12 jours en moyenne, après il y a la phase des syndromes fébriles caractérisée par des fatigues. Cette phase se manifeste pendant 1 à 4 jours. La personne devient contagieuse dès l’apparition des premiers signes. Après cette phase intervient celle de l’apparition des signes qui dure 2 à 4 semaines. Elle est accompagnée des éruptions cutanées qui se présentent sous forme de petites tâches au niveau de la peau, de petits boutons sans contenu et qui vont évoluer vers de plus grands boutons jusqu’à occasionner des pues.
Toutes ces éruptions cutanées vont évoluer vers un assèchement. Ces lésions sont visibles et prennent tout le corps avec une autre particularité qui est le ganglion. Celui-ci gonfle aussi. Ces signes peuvent se guérir spontanément comme pour certaines autres maladies.
Question 2 : Que dites-vous de ceux qui croient qu’on peut recourir à la médecine traditionnelle pour traiter ces éruptions?
Dermatologue : En médecine générale, nous voulons qu’une personne prenne des médicaments pour lesquels nous avons suffisamment d’informations. Ça doit être des produits qui sont passés par le laboratoire et dont l’efficacité est prouvée. On sait que beaucoup de médicaments utilisés en médecine traditionnelle ne sont pas passés par le laboratoire et n’ont pas été testés. On ne connaît donc pas la composition de ces produits et on peut donc pas autoriser leur consommation par les êtres humains.
Question 3 : Ces éruptions cutanées laissent-elles des traces indélébiles sur la peau après la guérison?
Dermatologue : Dans la majorité des cas, toutes les maladies de la peau passe par la phase de cicatrisation. Cette phase dépend d’une personne à une autre. Il y a des personnes chez qui les cicatrices disparaissent naturellement d’elles même, c’est-à-dire qu’après une maladie les cicatrices disparaissent après quelques mois. Par contre, il y a des personnes qui ont un problème de cicatrisation. Lorsqu’elles se blessent ou ont souffert d’une des maladies de la peau, la cicatrisation se passe très mal. Chez une personne qui a souffert de Mpox, la cicatrisation se fait correctement et normalement après quelques mois. Ces cicatrices disparaissent et cela dépend d’une personne à une autre. Et comme je viens de souligner, si c’est une personne qui a génétiquement un problème de cicatrisation au niveau de son corps, il est possible d’avoir les cicatrices qui vont perdurer.
Le Mpox est une maladie qui est diagnostiquée par l’infectiologue ou le dermatologue. On procède ensuite au prélèvement pour le laboratoire pour la confirmation. S’agissant du traitement, il y a des anti-viraux qui sont en cours d’utilisation. On utilise aussi des médicaments qui ont servi autrefois à traiter la variole humaine et on procède à la vaccination. Il est important de se faire vacciner, surtout si vous vous trouvez dans un milieu où cette maladie existe. Il faut respecter les mesures de prévention qui portent sur l’hygiène corporelle et faire attention à tous les rongeurs. Enfin, lorsqu’une personne présente les signes de cette maladie, elle doit être mise en quarantaine. ACP/