Kinshasa, 17 juin 2025 (ACP).- Les peuples d’Afrique, dont celui de la République démocratique du Congo, ont commémoré, lundi 16 juin 2025, la Journée mondiale de l’enfant africain, qui rappelle les massacres, en 1976, des enfants de Soweto en Afrique du Sud, alors qu’ils manifestaient paisiblement contre l’introduction de l’enseignement dispensé exclusivement en afrikaans, langue du régime ségrégationniste, par les maîtres de l’apartheid.
La répression desdites manifestations est sanglante et inédite. La police ouvre le feu et tue de nombreux écoliers, pourtant innocents, qui revendiquent dans le calme leur droit. Si les émeutes sont mâtées, le régime de la minorité blanche a montré son vrai visage. Le monde qui en exprime son émotion et son indignation, commence à prendre des sanctions sévères à son encontre. En 1977, les Nations Unies décrètent un embargo sur la vente d’armes à l’Afrique du Sud. Des sanctions économiques de la communauté internationale seront prises dans les années 80 pour l’isoler.
Depuis lors, la date du 16 juin a été décrétée «Journée de l’enfant africain», dans le seul but de sensibiliser les Etats africains sur la situation précaire des enfants en Afrique, pour qu’ils mettent en œuvre des politiques cohérentes en matière de santé, d’éducation, de nutrition, d’accès à l’eau, d’assainissement, en vue de leur épanouissement normal. Cette journée constitue ainsi une interpellation des pouvoirs publics sur la situation des enfants africains, confrontés à de multiples problèmes.
En effet, des milliers d’enfants de moins de cinq ans meurent chaque année en Afrique subsaharienne où sévissent des conflits, à cause surtout de maladies diarrhéiques, de manque de services d’eau, d’assainissement et d’hygiène, et des centaines de milliers d’autres sont atteints d’un retard de croissance.
La rue en accueille aussi des milliers, jetés par des conflits armés incessants, sans oublier d’autres fléaux meurtriers pour les enfants, notamment la famine et la pauvreté endémique des parents. Le travail des enfants et leur enrôlement dans les groupes armés constituent un autre fardeau que ces enfants portent.
L’Unicef affirme que faute de mesures rapides nécessaires, la situation peut empirer considérablement à l’avenir.
Ce tableau sombre des enfants africains n’épargne pas la RDC, pays en conflit où les enfants vivent l’une des pires crises humanitaires du monde, où les armes sont une réalité quotidienne pour eux, et où les enfants sont recrutés et forcés de s’entraîner comme soldats pour aller au front. La situation des droits de l’homme est grave pour ces enfants qui font face à des défis quotidiens, tels que la pauvreté, la violence physique et sexuelle, des maladies de toute sorte et l’incapacité d’accéder à la nourriture correcte et à l’eau potable de qualité.
Leurs droits fondamentaux sont régulièrement enfreints, ils sont fréquemment exposés à la violence des groupes armés, dans certains cas enlevés et contraints au service militaire. L’enfant congolais est aussi exposé à toutes sortes de maux, surtout le manque des soins de santé, le faible taux de scolarisation, la malnutrition, l’impossibilité pour les parents de bien le nourrir, l’habiller, lui assurer un logement décent et lui procurer sans difficulté ce dont il a besoin pour son plein épanouissement.
Le taux de mortalité infantile en RDC est très élevé, et l’espérance de vie (48 ans) est l’une des plus faibles au monde.
En RDC, plus de 70% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté avec moins de 1,90 dollars par jour. Cela n’est pas de nature à permettre aux parents de s’acquitter de leurs obligations vis-à-vis de leurs enfants, parmi lesquels on a pu dénombrer des enfants soldats, de la rue, abandonnés sorciers, orphelins d’un ou de deux parents, déplacés de guerre ou non accompagnés, des jeunes adultes «shégués» parmi lesquels figurent de nombreux voleurs, et des enfants «shégués» issus des unions des jeunes adultes «shégués».
Conscientes de la situation des enfants congolais, pourtant déjà protégés par une loi, les autorités congolaises s’efforcent tant bien que mal de trouver progressivement des solutions à leurs problèmes (comme c’est le cas de la gratuité de l’enseignement), en collaboration avec des associations de la société civile et des Ong s’occupant de la jeunesse. Une lueur d’espoir pour leur avenir prometteur.
ACP/ODM