Visite de Tshisekedi en ‘Allemagne et en France : un succès diplomatique qui interpelle

Kinshasa, 03 mai 2024 (ACP).- L’opinion tant nationale qu’internationale a fini par comprendre qu’il y a plusieurs façons de mener une guerre moderne et de la gagner. Après railleries et moqueries, mais surtout traitrises et incompréhensions, le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo est en train de remporter une victoire éclatante, aussi bien sur le terrain militaire que diplomatique. Une victoire à laquelle très peu d’observateurs s’attendaient. Le monde apprend à redécouvrir l’importance de la République démocratique du Congo (RDC) dans la géopolitique mondiale.

Chaque démarche vaut en effet par la qualité de celui qui l’anime et la méthode que ce dernier met en œuvre pour arriver au succès, quitte à essuyer des critiques peu flatteuses, notamment de pusillanimité et de naïveté. La tournée que le chef de l’Etat congolais vient d’achever en Europe, particulièrement en Allemagne et en France, considérées comme le moteur de la construction de l’Europe, en apporte de plus en plus la preuve éclatante.

Le militaire et le diplomate

Sur le plan militaire, le message est évidemment passé depuis quelques mois. La RDC vient de conclure des alliances stratégiques déterminantes.

Par ailleurs, en dépit de quelques tracasseries et escarmouches résiduelles, la preuve est désormais faite que la RDC détient désormais une armée, des troupes formées et des équipements militaires performants, capables de faire extrêmement mal à n’importe lequel de nos voisins, notamment le Rwanda, soutien du M23, lui-même porté à bout de bras par plusieurs ténors de la communauté internationale. Des ténors qui font désormais face à un dilemme de type cornélien : poursuivre leur soutien criminel au Rwanda en pariant dangereusement sur une défaite pourtant inéluctable ainsi que la destruction à terme de ses infrastructures, ou prendre fait et cause de la dynamique qui a changé pour exiger le retrait des troupes rwandaises du territoire de la RDC et mettre fin au pillage et à la contrebande des minerais.

Au plan diplomatique, l’inversion de l’équation militaire s’adosse désormais à de nouvelles dynamiques politiques au niveau international.

La probable victoire des Républicains à la présidentielle de novembre prochain appelle à des ajustements politiques dans plusieurs capitales occidentales, alors que le Rwanda lui-même n’est pas toujours sûr d’organiser dans les délais et la sérénité ses propres élections pour offrir à Paul Kagamé un énième septennat.

Enfin, la montée en puissance de l’armée congolaise réduit de plus en plus l’espace pour les trafics des minerais dans l’est tout en exposant les pays comme les multinationales qui en tirent profit. C’est le cas de la multinationale Apple dont le procès secoue déjà la scène internationale. Mais aussi de ceux, annoncés, contre d’autres multinationales.

Macron se jette à l’eau : jusqu’où ?

Après la Belgique qui avait déjà commencé à prendre ses distances avec les tricotages européens (notamment le MoU avec le Rwanda sur les minerais stratégiques), l’Allemagne et la France empêtrées avec l’Union Européenne dans le bourbier ukrainien ont nettement senti souffler le vent qui risque d’amener la Russie, l’Iran puis les Brics à s’installer de plein pied et durablement dans le plus grand et le plus stratégique pays de l’Afrique centrale.

Sur la table, Félix Tshisekedi leur a opportunément étalé les avantages du modèle du deal que la RDC a récemment conclu avec les Emirats Arabes Unis et le Qatar par exemple dans un partenariat gagnant-gagnant. Un deal dont l’alternative réside dans l’aggravation de la crise de l’industrie européenne faute d’approvisionnement en matières premières qui ne soient pas des minerais du sang. La proposition de Félix Tshisekedi aux dirigeants et entreprises allemands comme français vise à anticiper la chute inéluctable de la contrebande qui s’opère via le Rwanda et l’avenir de plus en plus sombre du régime de Kigali pour déboucher sur des relations économiques solides avec la RDC, propriétaire des minerais stratégiques.

Pas de chèque en blanc !

Les relations entre pays ne se fondent que sur les intérêts, dit-on. Plusieurs observateurs notent que le message du Président congolais est bel et bien passé et que les lignes sont en train de bouger, jusque sous les lambris du Salon de Verre à New York.

En l’occurrence, le Président français Emmanuel Macron ne s’est pas embarrassé de formules de rhétorique pour faire tomber certains tabous. A savoir, premièrement, que l’intégrité territoriale de la RDC comme sa souveraineté ne peuvent en aucun cas être remises en cause. Deuxièmement, qu’il est indispensable et urgent que le Rwanda retire ses troupes du territoire congolais et que Kigali cesse son soutien au M23.

Il est vrai que trente ans de mensonges et d’hypocrisie ne peuvent pas s’effacer d’un revers de la main, et qu’ils ont rendu les Congolais extrêmement méfiants. En d’autres termes, rien n’indique à ce stade que ceux qui ont toujours prospéré dans le crime, le mensonge et la manipulation auraient des raisons d’abandonner les fondements mêmes d’une posture criminelle dont ils ont tiré, tout au long de l’histoire, tant de profits.

Les Congolais ont donc des raisons de rester vigilants. Les dirigeants pour leur part seraient bien inspirés de ne pas oublier que, quelque part, nos compatriotes blessés et frustrés par des années d’attentisme seraient un jour tentés de demander des explications à leurs élites qui leur demandent d’avaler les couleuvres de la honte et de l’humiliation.

Autant dire que la seule voie susceptible d’apaiser leurs frustrations des uns et des autres consisterait à confirmer la montée en puissance de l’armée et à exercer des représailles proportionnelles, sinon plus, sur ceux qui n’ont pas de cesse de nous humilier. ACP/KGM

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