« Vous les journalistes de l’espace francophone… » Par MUSUSA KITENGE K.

Dakar, 18 janvier 2024 (ACP).- Ce n’est qu’un sempiternel aurevoir, avant l’étape suivante en octobre prochain, en marge du Sommet de la Francophonie à Paris.

Le bilan des cinquantièmes Assises de la presse francophone sur les médias, la paix et la sécurité, tenues du 9 au 11 janvier 2023 à Dakar, en République du Sénégal pèse lourd : quarante-trois pays représentés, deux cents participants, une conférence inaugurale, deux tables rondes, quatre ateliers, deux allocutions à l’ouverture et à la clôture, quarante-sept intervenants, sept modérateurs, sept rapporteurs dont la Congolaise Christiane Munoki Ekambo.

 Il y a un précédent par rapport au thème des Assises : la tenue, le 27 novembre 2023 toujours à Dakar, de la neuvième édition du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique. Initiative personnelle du président Macky Sall, ce rendez-vous annuel pose de grandes interrogations sur la paix dans le continent. De là à insérer les médias entre la paix et la sécurité, il n’y avait qu’un pas qu’a vite franchi l’Union internationale de la presse francophone (UPF), avec une extension-Francophonie oblige- aux autres continents.

S’en suivent alors des débats corsés sur ce que font et ne doivent pas faire les journalistes dans la couverture des guerres, des actes de terrorisme, des crises alimentaires, de l’insécurité. Chercheurs, hommes et femmes politiques, professeurs d’université, juristes, défenseurs des droits humains, ancien président, députés, membres actifs de la Société civile décortiquent la place et le rôle des médias en temps de guerre, l’étendue de la liberté et de la responsabilité de la presse, les mécanismes utilisés pour la désinformation et la manipulation des faits, la montée en puissance inquiétante des réseaux sociaux dans la circulation incontrôlée des nouvelles, la face voilée de l’IA (intelligence artificielle) et bien d’autres aspects relatifs à la tentative de contrôle des médias.

Droits dans leurs bottes, les journalistes, parmi eux des reporteurs qui ont couvert les conflits armés à Gaza, en Ukraine, au Soudan, en Somalie, en Haïti, au Mali ou juste sortis de prison, éclairent les débats avec des témoignages angoissants sur les menaces de mort, les restrictions des mouvements, les intimidations qui pèsent lourdement sur les professionnels des médias.  Curieuse ou simple coïncidence : à Dakar, se trouve le seul bureau pour toute l’Afrique de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), organisation qui avance le chiffre de cent trente journalistes assassinés en 2023.

A qui la faute ? Ou à qui la responsabilité ? Question à multiples tentatives de réponses. Pour Jorge Carlos de Almeida Fonseca, ancien président cap-verdien, juriste et professeur émérite, c’est l’Etat qui met en place le cadre où éclôt la liberté d’expression, où l’information circule librement et où les journalistes contribuent à la construction de la paix. Machy Sall, président sénégalais fin deuxième et dernier mandat, nuance et s’interroge : « Que faut-il penser des journalistes totalement pris en charge par une partie en conflit armé contre une autre » ? Toutefois, il reconnait que « la liberté fait corps avec la liberté des médias ». C’est, d’après lui, le cas au Sénégal, pays de la Teranga, « pays authentique de la liberté ».

La plus grande interpellation des journalistes vient de Amadou Ba, premier ministre du Sénégal, dans son allocution de clôture des Assises : « Vous les journalistes qui êtes des nôtres, vous êtes questionnés pendant les Assises sur votre place et votre rôle dans un contexte qui a dégénéré, couté des vies, détruit des biens, semé la faim et la désolation ».

Et de prédire peut-être sur ce que sera l’état du monde d’ici le rendez-vous de Paris : « Vous autres journalistes francophones, vous êtes interpellés quant à vos responsabilités dans l’édification d’une humanité en perpétuelle quête de justice et de liberté, gage d’un monde de paix ». D’ici là, ils demandent à la presse d’être « intolérants avec les hommes politiques pour qu’ils défendent les bonnes valeurs et les aider à être rigoureux dans la gestion de la cité ».

ACP/

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