Kinshasa, 01 Août 2023 (ACP).- Le tradition d’assainissement des sépultures à l’occasion de la journée des parents défunts a été respectée, mardi dans les cimetières de la ville de Kinshasa, en République démocratique du Congo, où les pratiquants du petit commerce sur les activités funéraires ont pu se faire de l’argent.
«Je suis venu entretenir la tombe de ma mère décédée il y a 10 ans. C’est chaque année en cette date que nous venons arranger cet endroit où repose son corps. Nous nettoyons tout en coupant l’herbe et puis déposons des fleurs pour orner sa sépulture », a dit Emelyne Zinga fille d’une défunte enterrée au cimetière de Mingadi
«C’est triste de voir que le lieu où sont enterrés les êtres qui nous ont été chers ne sont pas bien entretenus. Il y a mon oncle qui a été enterré ici. C’est lui qui m’a élevé. Je vis en Europe. Puisque mon séjour a coïncidé avec cette journée, j’ai décidé de venir rendre propre le lieu où repose son corps », a ajouté Isidore Mbayo, neveux à un parent enterré à Mingadi 2
Le premier août n’a pas été qu’une journée où les milliers des Kinois se sont rendus dans les cimetières pour rafraîchir les sépultures de leurs proches décédés, mais elle a été également une occasion offerte à tous ceux qui tirent des bénéfices financiers en rapport avec les activités autour des cimetières. Tel a été le cas des fossoyeurs, fabricants des pierres tombales et les vendeurs des gerbes de fleurs.
«Aujourd’hui nous avons beaucoup de travail. Nous aidons plusieurs familles pour l’entretien moyennant quelque chose. C’est une journée fructueuse pour nous bien qu’il y ai beaucoup à faire », a affirmé le fossoyeur Jules Kizala.
« Nous avons reçu plusieurs commandes des pierres tombales aujourd’hui. C’est une bonne journée pour nos petites affaires même si c’est douloureux pour nos clients », a pour sa part renseigné Alpha Muina, vendeur des pierres tombales à Mbenseke.
Prolifération des petits commerces autour des cimetières
Le petit commerce a proliféré autour des cimetières de la ville de Kinshasa où les familles éprouvées, ceux qui les accompagnent à l’enterrement et ceux qui sont venus se recueillir en cette date du 1er aout ne se privent pas de faire des achats
« Parmi les personnes qui viennent arranger la tombe de leurs proches décédés, il y en a qui ont faim. Il y a également les fossoyeurs, fabricants des pierres tombales et vendeurs des fleurs. Voilà pourquoi je leur propose les histoires à manger que j’ai cuisinées moi-même. Je sais que c’est un cimetière mais ceux qui ont faim peuvent bien manger », a confié Angélique Bisengo, la tenancière d’un restaurant à ciel ouvert installé aux alentours du cimetière de Mingadi 2.
«C’est vrai que ça fait mal de voir certaines personnes pleurer leurs proches, mais c’est un jour que j’apprécie parce qu’il y a de la clientèle qui me permet de gagner de l’argent », a dit Arlette Mujinga vendeuse de vin de palme au cimetière de Mbenseke.
Les commerçants ambulants ont envahi les alentours des cimetières proposant pour la plupart des produits agricoles, notamment chikwague, les feuilles de manioc et des épices, a constaté l’ACP.
Au cimetière »Le Chemin de paradis » dans la commune de
Mont-Ngafula à Kinshasa, les vendeurs de différents âges confondus dont certains exposent les aliments à même le sol, , mettent dans les bassins tentant de persuader les clients par leurs cris en vantant leurs marchandises.
Pour Salam Nkieyi, venu se recueillir à la tombe de son défunt père au cimetière le »Chemin de paradis » surpris en train de faire des achats, ce marché s’offre comme une opportunité aux visiteurs de se procurer des aliments Bio dont la plupart proviennent de la province du Kongo central, se négocient à un prix abordable.
« La chikwague que nous achetons à la cité 2.000 CDF, ici elle se vend à 1.000 CDF, soit la moitié du prix fixé dans nos milieux. C’est inexplicable ! », a-t-elle dit.
Les récurrents embouteillages devenus monnaie courante dans la capitale congolaise n’ont pas non plus manqué au rendez-vous habituel sur la route nationale numéro un (1), dans son tronçon compris entre la cité « Maman Mobutu » et le quartier Mitendi, frontalier à la province voisine du Kongo Central. Ce qui a contraint plusieurs conducteurs au sectionnement des trajets.
«Aujourd’hui je n’ai pas besoin de course à long trajet. Il y a trop d’embouteillages. Je préfère desservir la ligne Matadi Kibala-Mbenseke ou Mitendi-Kimberly parce-que plusieurs personnes y vont pour l’entretien des tombes de leurs membres de famille décédés et cela me permet de gagner plus », a dit Aaron Mabiala chauffeur d’un bus 207.
« Nous avons quitté le matin pour éviter d’être pris aux embouteillages, malheureusement cela n’a pas marché. Cette situation nous a compliqué en nous obligeant de se ravitailler en carburant alors que ce n’était pas prévu », a déploré Didier Ndombasi, un des visiteurs venu se receuillir.
Engouement des personnes au cimetière de Kinkole pour honorer la mémoire des défunts parents
Un engouement de la population a été constaté mardi au cimetière ‘‘Nouvelle cité’’ de Kinkole à Kinshasa où les familles se sont rendues pour saluer la mémoire de leurs êtres chers à l’occasion de la fête du 1er août dédiée aux parents vivants et décédés
« Venir au cimetière, c’est une manière pour nous de témoigner l’amour et notre flamme qui ne s’éteint pas avec la mort de nos parents, c’est aussi une marque de reconnaissance et de gratitude qu’on ne leur a pas exprimé totalement pendant qu’ils étaient vivant, raison pour laquelle nous sommes là pour les honorer et prendre soin de leurs dernières demeures », a affirmé M. Rudy Kipasa dont les parents sont enterrés dans cette nécropole.
« Cette date constitue un moment de souvenir de nos parents morts qui ont fait beaucoup pour nous quand ils étaient en vie et leur offrir des présents surtout à ceux qui vivent encore et une manière pour nous de leurs montrer de l’affection », a dit M. René Ilunga, un parent venu visiter la tombe de ses proches.
Majoration des prix des services rendus par les fossoyeurs
Par ailleurs, plusieurs familles se sont plaint de la majoration des prix des services rendus par les fossoyeurs. Devant cette situation, certains se sont eux même chargé de l’entretien des tombes de leurs défunts parents
« Nous déplorons les comportements des gens qui sont commis à l’entretien des tombes qui ont majoré le prix des services qu’ils nous rendent habituellement. Cela devient de l’exploitation circonstancielle », a déploré Dieu merci Kinziunga, venu assainir la tombe de sa mère.
Le même constat a été fait auprès des vendeurs ambulants occasionnels qui proposent des gerbes de fleurs, de la chaux, du ciment, des croix, des boissons ainsi que différents matériel d’entretien pour rendre propre les tombeaux. En cette journée commémorative, certains ont même doublé le prix de vente et de location des articles qu’ils proposent.
L’entretien des tombes doit se faire chaque semaine, pas seulement le 1er août
« J’appelle la population à venir entretenir ses tombes presque chaque semaine pour les garder propres et pour éviter des pertes des tombes parce que certaines tombent en ruine après 8 ou 10 ans c’est difficile pour les retrouver», a expliqué M. Moba Balili, préposé au cimetière nouvelle cité de Kinkole.
Et d’ajouter : « s’i il y a des réclamations des pertes de localisation des tombes aujourd’hui comme il y a la foule, il nous est difficile de les orientés parce qu’avec les hautes herbes nous éprouvons également des difficultés pour faire notre travail d’où nous allons leur demandons de nous laisser chercher et de revenir après 5 jours ».
Il a profité de cette occasion pour demander aux autorités urbaines de trouver un autre espace parce que les places se font rares dans ce cimetière qui manque d’infrastructure et d’équipements d’entretien.
« Chaque jour, nous enregistrons au moins 10 corps, sauf le samedi, nous arrivons à 20 et par mois cela fait au moins 300 corps », a pour sa part a précisé M. Mboyo Ilunga statisticien du cimetière.
Le cimetière de Kimbanseke transformé en lieu d’habitation
Le cimetière de Kimbanseke dans le district de Tshangu à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), se transforme de plus en plus en lieu d’habitation, ce qui occasionne la profanation des tombes, a constaté mardi l’ACP, en cette même journée.
« Ce lieu de repos se transforme de plus en plus en lieu d’habitation, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Les tombes sont profanés et les corps déterrées au profit des maisons d’habitation », a déclaré Papy Mabiala, habitant de ce coin de la capitale.
Plusieurs personnes venues se recueillir devant les tombes de leurs proches ont été surpris de ne pas les retrouver. Pour certains, les tombes ont été remplacées par d’autres personnes, par contre d’autres ont constaté que des maisons d’habitation occupent maintenant l’endroit où étaient inhumés leurs proches.
« Cette situation est d’autant plus préoccupante que cela doit faire l’objet d’une enquête de l’exécutif provincial et national. Les lois en rapport avec les lieux de repos sont presque méconnues et non appliquées. Les personnes construisent partout et comme bon leur semble, sans être inquiété », a déploré un habitant de Kimbanseke.
Même constat au cimetière de N’djili Brasserie où, pour sillonner il faudrait marcher sur les tombes. Lorsqu’il pleut, certains tombeaux y sont endommagés par les eaux de pluies exposant les restes humains sur la surface.
De longues files d’attentes on été observées à l’entrée des cimetières où plusieurs personnes ont effectué une descente pour saluer la mémoire des êtres chers disparus et d’autre part assainir leurs tombes.
Au cimetière de Kimbaseke, les Kinois qui sont venus enterrer leurs membres de famille ont déploré la dégradation des lieux. Ils ont été surpris de voir ce champ de repos transformé en un site touristique et en un chantier de constructions anarchiques
Pour avoir une meilleure gestion de ces lieu de repos dont la majorité font l’objet des cas de vandalisme, les Kinois rencontrés sur place ont souhaité la prise des mesures rigoureuses pour sécuriser ces endroits. ACP/